Biraben veut se consolider pour mieux grandir - Premium

« Il y a des périodes où il faut être ambitieux et d’autres où il faut être défensif et consolider les bases, pose d’emblée Pierre Biraben. Et c’est plutôt dans une période de consolidation que l’on est en ce moment. » Celui qui, avec son frère Cyrille, est la troisième génération à la tête de l’entreprise familiale spécialisée dans les conserves et le foie gras, parle d’expérience. Comme tous les producteurs du secteur, l’entreprise Biraben commence à peine à entrevoir la lumière au bout de l’interminable tunnel de la grippe aviaire. L’arrivée de la vaccination est un soulagement, mais pas une panacée. « Ca ne sera pas une sécurité à 100%, il faut continuer de respecter les barrières sanitaires, c’est en restant vigilants que l’on arrivera à continuer de travailler de la volaille. » Pierre Biraben le martèle, la grippe aviaire, « on en n'est pas encore sortis. L’année dernière, on a eu des cas fin avril et début mai. Encore aujourd’hui, on manque de canards, il faut retrouver des éleveurs-gaveurs, il faut du temps pour qu’ils reconstituent leur production. On est à moitié moins, en volume d’approvisionnement, qu’avant-crise ». L’entreprise familiale n’a d’ailleurs pas encore renoué avec son chiffre d’affaires de l’époque : « Sur 7,5 millions d’euros il y a six ans, on est tombés à moins de 6 en 2022. On rattrape un peu de chiffre, considère le dirigeant, mais avec les augmentations qu’il y a eu sur les prix, l’énergie, il faudrait pour vraiment rattraper compter une augmentation de 15% et arriver à pratiquement 8,5 millions de chiffre d'affaires. »Un choc violentLes chiffres en disent long sur la violence du choc pour la conserverie, qui a été sauvée par la diversification de l’activité, entreprise par les frères Cyrille et Pierre. C’est une constante familiale, sourit ce dernier : chaque génération apporte une nouvelle pierre à l’édifice. « La génération de nos grands-parents travaillait plutôt sur la volaille maigre, raconte-t-il, nos parents se sont concentrés sur la volaille grasse, mon frère et moi avons développé l’activité conserverie, les plats cuisinés, commencé à travailler d’autres produits comme le bœuf, le veau et le cochon. » Aujourd’hui, la conserverie représente 50% de l’activité de la maison Biraben, contre 15% pour la volaille maigre et 30% pour la volaille grasse. Les deux premières activités ont aidé l’entreprise à survivre à la grippe aviaire. « La volaille maigre a été moins impactée, détaille Pierre Biraben, on est toujours parvenu à avoir un peu de flux. » Les canards gras, eux, ont pratiquement disparu… et se sont avérés quasiment irremplaçables. « Notre approvisionnement est basé à 90% sur des éleveurs avec qui on travaille depuis trois générations, on achète le canard sur pieds, on le fait abattre et on le transforme, on n’achète pas à des découpeurs, explique Pierre Biraben. Ça nous donne une indépendance vis-à-vis des grands groupes, des coopératives… mais quand il y a la grippe aviaire, on n’a plus rien. » L’entreprise s’est ainsi trouvée forcée d’improviser : « Sur la première grippe aviaire, on a travaillé avec un élevage qui était à Teruel, de l’autre côté des Pyrénées. Sur la seconde, on a développé les produits bio. On s’est diversifiés, on a fait le dos rond, développé des plats cuisinés pour nos boutiques, ce qui nous a sauvés en partie et nous a permis d’éviter un chômage partiel trop important. » Revers de la médaille, poursuit Pierre Biraben, « ça nous faisait passer sous les radars des aides. On a manqué tous les plans économiques qui ont été mis en place ». « Économiquement, c’est difficile à vivre, conclut-il. Si on n’avait pas été une maison avec de l’ancienneté… »L’heure n’est donc aujourd’hui pas aux grandes ambitions, mais à la consolidation. Pour la maison Biraben, cela signifie rétablir ses approvisionnements, mais également travailler à la réduction de ses coûts et de son empreinte écologique. « Les deux sont liés, considère Pierre Biraben. Travailler avec moins d’emballages, en utilisant moins d’eau, moins d’énergie, ce sont aussi des enjeux économiques importants. Quand les emballages ne coûtaient quasiment rien, c’est sûr que l’on ne faisait pas attention. » L’entreprise a travaillé sur le suremballage, réduit l’utilisation de plastique. « On est en train d’étudier les possibilités de réduire aussi le carton sur la vente en gros, on essaie de recycler un maximum », détaille le dirigeant. Les graisses résiduelles, par exemple, sont transformées en diester (un biocarburant) par l’entreprise basque Aupa, basée à Mauléon.Le pari de la restauration et de la vente à distance « On fait de la VAD - de la vente à distance - depuis 1995, et ça s’est énormément développé avec le covid, raconte Pierre Biraben. Après, notre produit phare, le foie gras, a une typologie de consommation très particulière. Dans le Sud-Ouest, c’est un produit qui est consommé une ou deux fois par mois. Passé la Garonne, c’est une à deux fois par an. » Le tableau est le même pour le magret de canard : « Il se mange en moyenne en France un magret par an et par personne… alors que dans le Sud-Ouest c’est une ou deux fois par mois », souligne le dirigeant. De ces comportements de consommation différents naît la difficulté de la vente en ligne. « C’est un canal d’avenir, mais il faut vraiment bien cibler les produits. Ce qui pourra se développer, ce sont les produits frais, crus… si tant est que l’on puisse continuer de livrer les grandes villes, parce que c’est cher et pas très écolo, nuance Pierre Biraben. Le bilan carbone d’un foie gras frais livré à Noël chez un particulier, il n’est pas terrible. »L’accent sera aussi mis sur la vente directe en boutique, et la restauration. « C’est notre principal axe de développement hors Aquitaine et Midi-Pyrénées, vers la région parisienne, dévoile Pierre Biraben. Mais toujours en sécurisant d’abord ce qui se fait aujourd’hui. » BirabenChiffre d'affaires : 6,8 millions d'euros40 employés

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