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Rencontre avec Luc Servant, nouveau président de la Chambre régionale d'agriculture

Écosystème
vendredi 08 janvier 2021

Luc Servant a été élu le 15 décembre dernier - Photo Chambre d'agriculture Nouvelle Aquitaine

Luc Servant est le nouveau président de la Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Il succède à Dominique Graciet dans une période compliquée pour le secteur, avec plusieurs enjeux comme la souveraineté alimentaire ou la transition agroalimentaire. Rencontre.

Avant d’être élu à la tête de la Chambre d’Agriculture régionale le 15 décembre dernier, vous étiez le vice-président de Dominique Graciet. Votre élection s'inscrit-elle dans la continuité de celle de votre prédécesseur ?
Oui, c’est une succession. Nous avons défini le programme du précédent mandat ensemble, mon élection est une accélération de ce que l’on voulait mettre en place. Même si la situation actuelle rebat les cartes et que l’on a de nombreuses inquiétudes. La situation économique est compliquée pour le monde agricole, non pas à cause du Covid-19 mais à cause d’une météo très compliquée. L’hiver dernier a été trop doux et pluvieux, comme celui-ci jusqu’à fin décembre, et l’été a été très sec et chaud. La production des différentes exploitations diminue, et cela va peser dans les comptes d’exploitation.

Quels sont les futurs enjeux que vous porterez en 2021 ?
La crise actuelle montre l’intérêt de conserver notre souveraineté alimentaire, de conserver une agriculture localisée. La tendance se dessinait déjà et elle s’accentue : il faut que l’on retrouve une production locale diversifiée, plutôt que d’avoir des territoires spécialisés. Cela passera par le maintien de l’élevage, la réimplantation d’exploitations de petits animaux par exemple. Aujourd’hui en France on importe de plus en plus de porcs et de volailles, respectivement un quart et un tiers de la consommation. Ce n’est pas normal !

Et puis, si certaines filières sont très touchées par la crise comme la viticulture et notamment les vins de Bordeaux, d’autres modèles tirent leur épingle du jeu. Je pense aux circuits-courts, qui voient une forte demande de la part des consommateurs depuis plusieurs mois. Les gens cherchent le contact avec les exploitants, les producteurs. La tendance se retrouve chez les restaurateurs aussi qui privilégient des produits locaux.

Il y a également tout un enjeu autour des protéines végétales …
Oui, car la France est très déficitaire en la matière. Le soja par exemple est au cœur de cette problématique, il faut redévelopper la filière. C’est difficile car le marché français n’est pas assez compétitif comparé à d’autres, comme en Amérique du Sud.

Bien sûr c’est un choix des consommateurs de privilégier une production française, mais souvent ils ne savent pas qu’il y a du soja français. Il faut donc que l’on travaille sur la production mais aussi sur la communication. Informer les consommateurs, parler du bilan carbone par exemple, montrer tous les aspects vertueux de l’agriculture française, locale.

Les problématiques environnementales sont-elles compatibles avec notre modèle d'agriculture actuel ?
Il faut que l’on s’adapte, pour aller vers une transition agroécologique. Nous avons un rôle important à jouer, pour atténuer le changement climatique, produire moins de CO2 par exemple. Répondre à des enjeux comme celui de l’eau par exemple. La politique de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui porte son programme Néo Terra depuis plusieurs années, va dans ce sens. Nous avons beaucoup à faire car aujourd’hui l’agriculture dans notre grande région c’est 85.000 exploitations agricoles et 160.000 emplois. A l’échelle nationale, la production agricole représente 11,5 milliards d’euros.

Mais 2021 n’est pas une année écrite d’avance, nous verrons comment la situation évolue. La politique agricole commune est en cours d’écriture pour 2022-2023, il faut également mettre en œuvre le plan de relance … Autant de dossiers dont nous devrons nous occuper dans les prochains mois.

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