Bordeaux-Brienne : le futur du MIN sera plus vert(ueux) - Premium

Mercredi 21 avril, 9 heures, le Marché d’Intérêt National (MIN) de Bordeaux-Brienne est calme. Rien d’anormal car ici, l’activité bat son plein de minuit au petit matin, lorsque les camions chargés de produits frais viennent livrer la marchandise, achetée plus tard par les clients professionnels. Sur 15 hectares, le long du quai de Paludate, les bâtiments gris évoquent ceux de Rungis en région parisienne. « C’est un marché de gros créé comme les autres MIN en 1963, déroule Claude Mellier, élue de Bordeaux Métropole et présidente de la structure. On y vend des produits frais, du fromage, de la viande, des légumes… » Chaque année, ce sont 150 tonnes de ces produits qui transitent par le marché. Et chaque jours, 1.000 clients professionnels, du restaurateur au commerçant en passant par le vendeur sur les marchés de plein vent, viennent y faire leurs achats. Les produits sont issus de la Gironde et des départements voisins – le Lot-et-Garonne, la Dordogne ou encore la Charente. Un temps menacé de délocalisation en bordure de ville, à l’instar de ceux de Nantes ou Nice, le MIN entame une année décisive pour son activité. « L’ancienne majorité métropolitaine avait entamé les réflexions autour de la place du MIN dans ce quartier Euratlantique en plein développement, reprend Claude Mellier. Des études et un appel à projets avaient été lancés en 2019. Désormais la nouvelle majorité a à cœur de s’engager vers le développement du marché, en lien avec les habitants du quartier mais aussi l’environnement. »Le MIN s'étend sur 15 hectares en bordure de Garonne - Crédits : MB Imaginer des sources d'énergie décarbonéesIl y a 15 jours, un groupe de travail s’est constitué au sein de Bordeaux Métropole pour réfléchir à diverses pistes de développement plus respectueuses de l’environnement. « C’est essentiel que le marché soit maintenu à son emplacement actuel car il joue un rôle économique important, martèle sa présidente. Maintenant il faut l’ancrer durablement. Nous souhaitons réduire son empreinte carbone par exemple, tant au niveau des déchets que des modes d’approvisionnement. » Il y a deux ans une entreprise de Floirac, Biobeebox, a installé un prototype de station de méthanisation dans l’enceintre du site, pour valoriser les biodéchets. « Des associations caritatives viennent d’abord récupérer les invendus, précise Pierre Pichardie, directeur du site. Après cela il reste encore des fruits et légumes non consommés, dont nous nous servons pour alimenter ce méthaniseur miniature, qui produit ensuite de l’électricité et qui alimente un réseau de chaleur. » Chaque année 100 tonnes de biodéchets sont ainsi réutilisées. L’expérimentation doit encore durer un ou deux ans, avant que l’entreprise commercialise sa solution. « La question est donc de savoir si l’on installe de manière pérenne un méthaniseur sur le site », lance le directeur. Les équipes planchent aussi sur l’installation d’une station de gaz naturel, qui produirait localement ce biogaz pour alimenter des véhicules décarbonés.Pérenniser les métiers du marché Dans un quartier en pleine construction, le MIN doit aussi se faire accepter par les (nouveaux) habitants. « Souvent on nous demande quand est-ce qu’il sera possible de le traverser. Mais c’est une entreprise, les gens ne se rendent pas compte que ce n’est pas possible, confie Claude Mellier. Certains ont acheté un appartement dans les environs en pensant que le marché allait déménager et maintenant, ils doivent composer avec. Il y a un grand travail à faire pour que ces riverains l’acceptent. » La présidente imagine l’ouverture de restaurants en lisière du site, alimentés par les produits fraîchement arrivés. Sur les toits de ces bâtiments annexes, il pourrait être envisagé de développer des fermes verticales, des espaces de maraîchage urbain accessibles aux particuliers. « Le MIN doit s’ouvrir à la population tout en restant lui-même. » Sur le plan de la formation, dès la rentrée prochaine, un CAP Primeur sera lancé conjointement avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Une avancée pour pérenniser les métiers du MIN, car ce diplôme a été inauguré il y a deux ans seulement et n’existait pas encore au Port de la Lune. « Il nous faut un vrai pôle d’excellence des métiers de bouche, affirme Claude Mellier. Proposer des formations sur les produits, le bien-manger… A destination des professionnels bien sûr mais aussi pourquoi pas des particuliers. » Bordeaux Métropole réfléchit à la construction de nouveaux bâtiments ou à la transformation d’espaces déjà existants, pour une échéance à deux ou trois ans. Les camions déchargent les marchandises dès minuit - Crédits : Artistes associés MIN Bordeaux-BrienneProtéger l’environnement… Et l'activité La nouvelle majorité métropolitaine réfléchit à la mise en place d’une ZFE (zone à faibles émissions) sur 14 communes ayant tout ou une partie de leur territoire à l’intérieur de la rocade. Si une étude préalable doit encore être menée, en 2022 il ne sera peut-être plus possible de rouler avec certains véhicules trop polluants. « Cela signifierait que des camions approvisionnant le MIN ne pourraient plus entrer dans Bordeaux, résume Claude Mellier. Il est nécessaire d’enclencher des changements pour la planète et la population locale, mais aussi pour pouvoir maintenir l’activité économique du marché, en jonglant avec les futures orientations politiques. » Le groupe d’élus travaille sur la question du « dernier kilomètre ». « Pourquoi pas imaginer des vélo-cargo ? » lance la présidente du site. La Garonne est également une alternative envisageable, et sa proximité avec le MIN permettrait l’installation d’un ponton pour acheminer les produits par voie fluviale. En 2019 les 102 entreprises présentes au MIN ont réalisé un chiffre d’affaires global de 250 millions d’euros, et la régie du marché, elle, a atteint un CA de 3,3M€.MIN Bordeaux-Brienne24 salariésCA 2019 : 3,3M€www.min-bordeaux-brienne.fr

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