Aérocampus : 10 ans, et toujours en mutation - Premium

En 10 ans d’existence, qu’est devenu Aérocampus ? Nous formons vraiment les techniciens aéronautiques. Ceux qui font en sorte que l’avion décolle, vole et atterrisse sans problème. Lorsque nous avons démarré la formation initiale, nous accueillions environ 80 élèves. Aujourd’hui, nous en comptons 300. Mais surtout, nous formons un peu tout le monde. Des lycéens, des apprentis, des salariés de Dassault, des personnes étrangères. Puis nous sommes entre temps devenus un centre de séminaires et de congrès, et nous accueillons maintenant 14 écoles de pilotes, de soudure, d’hélitreuillage, de traitement d’images satellites… Tout ça, c’est Aérocampus. En totalisant la formation initiale et la formation professionnelle, ce sont près de 80 000 personnes qui passent par notre site chaque année.Notre chiffre d’affaires s’élève à 6 millions d’euros. La formation professionnelle représente 40 %, l’apprentissage compte pour 20 à 25 % de notre activité, le campus entreprise à 20 ou 30 %... Si une activité va moins bien, une autre peut compenser.Se préparer aux filières de demain Quelles sont vos relations avec les entreprises du territoire ? La raison d’être d’Aérocampus, c’est d’essayer de dispenser la meilleure formation possible à des tas de publics, mais c’est aussi d’accompagner les industriels dans leur logique de développement, de ventes d’avions et d’hélicoptères. Quand on vend ces aéronefs, il faut pouvoir former les personnes à qui on les vend. C’est pour cela que nous avons la chance d’être dans les contrats de vente des grands groupes français comme Dassault, Airbus. Pour imager notre métier, je dis souvent qu’on forme les Norauto de l’aéronautique.Constatez-vous une pénurie de main d’œuvre sur certains métiers ?Le domaine aéronautique n’est pas uniforme : il y a le secteur civil et le secteur militaire. A Bordeaux, nous avons la chance que les deux soient présents. Depuis deux ans nous avons subi comme tout le monde la crise sanitaire, mais nous avons des demandes de recrutement de nos grands groupes industriels, qui ont pu mieux encaisser la crise. Par exemple, Dassault est en train de recruter 40 apprentis. Nous sommes dans un temps de formation très long, il faut entre 7 à 8 ans pour former un mécanicien. Les entreprises savent très bien qu’il faut se projeter, donc nous avons eu un très faible ralentissement jusqu'ici.Vous avez également vocation à initier de nouveaux projets pour les filières de demain. Quelles sont ces filières ? Nous sommes sur plusieurs projets. Celui de Flying Whales, des dirigeables pour le transport de charges lourdes : nous devons passer les agréments européens et accompagner l’entreprise sur ce dossier. Mais aussi sur l’évolution de l’aéronautique, des matériaux plus légers et moins consommateurs de combustibles. Nous sommes assez présents sur la mise en œuvre de ces matériaux, la réparation de composites. Nous ne sommes pas un centre de recherche mais nous devons nous adapter continuellement aux technologies qui arrivent pour pouvoir répondre aux demandes de nos clients et de nos partenaires.On parle beaucoup de « l’avion vert » de demain, qu’en est-il ? Là encore, nos motoristes suivent ce qu’il se passe pour s’adapter. Plus largement je pense qu’on a eu un déficit de communication à ce sujet. Ça fait des années que les avions sont plus propres, qu’ils consomment moins. Il y a un avion bashing qui, à mon avis, n’est pas légitime. On a fait beaucoup, beaucoup de choses et il y en aura d’autres. L’aéronautique ne s’est pas réveillée durant le Covid-19 en disant, « il faut qu’on soit plus propre ».Pôle avionique, jets privés et nouvelles filières Pour revenir sur vos investissements, quelle part de votre budget y consacrez-vous ? Il est difficile de chiffrer à l’année mais depuis 10 ans, l’investissement a été d’environ 50 millions d’euros. Heureusement, nous avons aussi beaucoup d’investissements qui viennent de nos grands groupes. Par exemple nous avons 23 aéronefs et une grande partie ne nous appartient pas. Egalement d’ici la fin de l’année si les travaux sont achevés à date, nous allons inaugurer un pôle avionique dont le montant s’élève à 6 millions d’euros. Il rassemblera les formations autour de l’électronique embarqué, du cockpit à la gestion de tout le câblage, y compris des programmes télé diffusés sur les écrans. Notre ancien pôle devait être modernisé, nous avions besoin d’espace. Nous venons aussi de lancer une école de personnels navigants commerciaux dédiés aux jet privés. Nous nous sommes aperçus que c’était une demande très spécifique pour ce type de clientèle haut de gamme, et qu’il y a très peu de formations en France. On a senti qu’il y avait un besoin à combler car les jets privés ont beaucoup volé durant la crise, tous les grands avions étaient cloués au sol mais l’activité devait continuer.A plus long terme, quelles sont vos perspectives de développement ?Le souhait que j’ai depuis longtemps, c’est qu’on arrive à dupliquer de façon très opérationnelle ce modèle d’Aérocampus. Dans d’autres régions, dans d’autres filières… Une structure comme la nôtre ne peut être mono-métier. Il faut qu’elle ait la capacité de travailler dans différents domaines : le nautisme, le ferroviaire, pour pouvoir pérenniser notre action. Nos métiers sont similaires, c’est un vrai chemin que l’on a commencé à prendre mais pas suffisamment. Et puis, sur le volet international, je pense qu’on n’en est qu’au début. Nous sommes déjà bien positionnés mais nous devons aller plus loin, accompagner vraiment nos grands groupes partout dans le monde de façon encore plus importante. AérocampusBasé à Latresne60 salariésCA : 6M€www.aerocampus-aquitaine.com

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