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Mobilité : 3 choses à savoir sur la future ZFE de Bordeaux Métropole

Écosystème
jeudi 31 mars 2022

La ZFE concernera les communes intra-rocade . Photo d'illustration Adobe Stock Anna Baburkina

Périmètre défini, véhicules concernés, temporalité… Ce jeudi 31 mars, le président de Bordeaux Métropole Alain Anziani a fait un point d’étape sur le déploiement de la future Zone à Faibles Émissions.

D’ici le 1er janvier 2025, Bordeaux Métropole mettra en place une ZFE, zone à faibles émissions, pour interdire l’usage des véhicules les plus polluants. Annoncée depuis plusieurs mois par Alain Anziani, président de la collectivité, cette disposition rendue obligatoire par la loi « Climat et résilience », concerne toute agglomération de plus de 150.000 habitants. Si certaines villes comme Paris, Lyon ou Toulouse ont déjà sauté le pas – ou s’apprêtent à le faire -, à Bordeaux, les élus sont encore en réflexion. Objectif ? Améliorer la qualité de l’air. « En France chaque année, on estime à 40.000 le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air, rappelle Claudine Bichet, vice-présidente métropolitaine en charge du climat, de la transition énergétique et de la santé. Sur la métropole, on estime à 150 les décès directement liés à cela. Et selon une étude, le coût de ces maladies liées à la pollution de l'air est de 300 millions d’euros sur notre territoire métropolitain. » Si tous les critères de la future ZFE n'ont pas encore été définis, et que cette dernière n'entrera pas en vigueur avant presque trois ans, voici ce que l’on sait aujourd’hui du projet.

Un périmètre intra-rocade

C’est aujourd’hui la seule certitude de Bordeaux Métropole. Par souci de clarté, seront concernées seulement les 14 communes situées à l’intérieur de la rocade. Cette dernière ne sera pas soumise aux critères de la ZFE, « car nous n’en avons pas les compétences, et qu’un report de la circulation serait trop lourd à gérer », commente Claudine Bichet. Ce périmètre comprend les deux tiers des habitants de la métropole, et enregistre 500.000 déplacements routiers journaliers.

Vers une interdiction des Crit’Air 3 et plus

Pour le moment, les élus métropolitains n’ont pas statué sur le type de véhicules concernés. Seule certitude : il faudra, pour circuler dans la ZFE, se doter d’une vignette Crit’Air – dont le montant est de 3,62 euros. Cette certification permet de catégoriser les véhicules, du Crit’Air vert (pour les véhicules 100% électriques) aux Crit’Air 5 pour les plus polluants. Certains véhicules, trop polluants, sont « non-classés » et ne peuvent recevoir de vignette. « Au 1er janvier 2021, près de 30% des véhicules légers et utilitaires étaient classés Crit’Air 3 et plus, reprend Claudine Bichet. Pour les poids lourds, presque la moitié entrait dans ces catégories. Quand on passe à Crit’Air 4 et plus, on est plutôt autour de 10, 15% sur les véhicules particuliers, et 25% sur les poids lourds. » Même constat pour la pollution : une restriction des véhicules les plus polluants jusqu’au Crit’Air 3 inclus entraînerait une baisse d’un quart des émissions de dioxyde d’azote, et une diminution de 14% des particules fines. « Ces baisses sont de 6% et de 4% si l’on retient une restriction jusqu’au Crit’Air 4 et au-delà », précise la Métropole.

Si rien n’est encore acté, c’est le scénario d’une interdiction des véhicules Crit’Air 3 et plus qui est pour l’instant privilégié. « On sait que ce palier sera un point d’atterrissage nécessaire, maintenant c’est comment on y arrive, et à quel rythme, déroule la vice-présidente. Le mot d’ordre est la « progressivité » des mesures, pour que ces dernières soient les plus acceptées possibles, et que les usagers concernés puissent s’adapter. « Il y a une réalité sociale, et si vous voulez éviter un phénomène type Gilets Jaunes, il faut prendre un certain nombre de mesures », complète Alain Anziani.

Une aide financière de la Métropole

Jusqu’en décembre prochain, trois grandes séquences de concertation seront lancées ; et un sondage vient d'être ouvert par l’IFOP pour percevoir l’acceptabilité de la mise en place d’une ZFE. Bordeaux Métropole souhaite ensuite travailler avec cinq groupes d’usagers témoins mais aussi des groupes d’experts. Cette consultation ciblée vise à « travailler en profondeur sur les modalités de la ZFE, et notamment sur les cas particuliers ». Enfin, d’avril à octobre, ce sont les partenaires de la Métropole qui seront consultés : élus, personnels, collectivités voisines, Région, Département ou encore partenaires économiques et sociaux. Une double question se pose : pour les habitants métropolitains d’une part, et pour ceux vivants alentour d’autre part. « Nous devons travailler avec les autres », clarifie Alain Anziani. Un contrat de coopération territoriale a notamment été conclu avec la Cali, la Communauté d’agglomération du Libournais, pour collaborer sur la mise en place de cette ZFE ; mais aussi pour accompagner financièrement les ménages « qui subiraient les conséquences de la ZFE ».

Car c’est là tout l’enjeu de cette zone à faibles émissions : comment accompagner les usagers ? « Nous serions fous de dire aux gens, "y’a qu’à" », affirme le président de la Métropole. Trois alternatives seront étudiées : le report modal, même si Alain Anziani « ne croit pas à cette solution » ; l’adaptation de son véhicule comme le rétrofit ; ou son changement. « Ces aides financières seront construites au cours de l’année 2022, précise la collectivité. Elles seront disponibles pour l’ensemble des habitants de la Métropole, qu’ils résident dans le périmètre concerné ou au-delà. »

Encore des zones d’ombre

Reste désormais aux élus à statuer sur le type de véhicules concernés – tous, y compris ceux des particuliers, ou seulement les poids lourds et utilitaires -, mais aussi la périodicité. La solution la plus simple serait une ZFE permanente, mais il est aussi possible de mettre en place des tranches horaires. Enfin, des dérogations seront octroyées car « il y en a toujours », avance Alain Anziani sans préciser quels seront les motifs.

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