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Du thermique à l’électrique, Retrofuture veut démocratiser le rétrofit

Demain
lundi 16 novembre 2020

Installée depuis peu à Bordeaux, Retrofuture propose la conversion de voitures anciennes à l’électrique. Au-delà des amateurs de belles carrosseries, la jeune pousse développe son offre, cherche des locaux et lève des fonds pour faire émerger une véritable filière du « rétrofit », tournée notamment vers le marché des véhicules utilitaires.

Conditionnée depuis 1954 à l’approbation préalable du constructeur, la modification d’un véhicule thermique à l’aide d’une motorisation électrique est officiellement autorisée en France depuis le 3 avril 2020. « Il nous a fallu deux ans pour construire le dossier et définir le cahier des charges nécessaire aux homologations, mais nous avons réussi », se réjouit Arnaud Pigounides, cofondateur et président de Retrofuture. Fondée en 2018, la société propose l’électrification de voitures anciennes : c’est le rétrofit.

Le procédé consiste à remplacer la motorisation thermique d’une voiture par un moteur électrique accompagné d’une batterie ou d’une pile à combustible. Si les Etats-Unis autorisent les Géo Trouvetou à circuler à bord de véhicules modifiés de façon artisanale, la France et la plupart des pays voisins imposent une homologation préalable : le prestataire qui déclenche l’électrification du véhicule doit passer par un processus de certification qui vise à garantir la sécurité et la fiabilité du nouvel ensemble.

Convertir les « voitures de cœur »

Retrofuture cible de son côté le marché des « voitures de cœur », des véhicules un peu anciens souvent prisés des collectionneurs. Elle commercialise des voitures clé en main, modifiées par ses soins, mais propose surtout aux amateurs d’électrifier une voiture dont ils seraient déjà propriétaires. Le coût exact de l’opération varie selon la puissance moteur et la capacité batterie, mais il oscille entre 15 000 euros pour une petite citadine de type Fiat 500 et 45 000 euros pour une Porsche 911 type G, somme à laquelle il est possible de retrancher entre 2500 et 5000 euros du fait de l’éligibilité du rétrofit à la prime à la conversion.

« Vous pouvez pour moins de 15 000 euros convertir votre Fiat 500 de collection à l’électrique et profiter de 180 km d’autonomie à bord d’une voiture silencieuse, dont le moteur ne tombera jamais en panne », résume Arnaud Pigounides. Retrofuture indique avoir déjà enregistré une centaine de précommandes, et s’active aujourd’hui pour élargir son catalogue à de nouveaux modèles susceptibles de séduire les particuliers, mais aussi des acteurs de l’œnotourisme, des foodtrucks ou de la location. Pour ses démonstrations (voir vidéo), la société utilise une Porsche 914 de 1973 qu'Arnaud Pigounides a fait modifier aux Etats-Unis avant la création de Retrofuture. 

Développer le rétrofit en direction des professionnels

En parallèle, la société regarde de près le marché des professionnels, qu’elle entend adresser avec la création d’une filiale dédiée au B2B. « Quand vous avez investi pour aménager votre fourgon ou équiper votre camion frigorifique, vous n’avez pas forcément envie de le remplacer du jour au lendemain parce que les véhicules diesel n’ont plus le droit de circuler en centre-ville. Le rétrofit permet de prolonger la durée de vie du véhicule tout en réduisant sensiblement le coût au kilomètre », illustre Arnaud Pigounides. Retrofuture prévoit également de mettre sur pied un bureau d’études dédié à l’hydrogène, une filière encore jeune dont les débouchés industriels font l’objet de nombreuses attentions en région Nouvelle-Aquitaine. « Nous y ferons principalement de l’ingénierie, pour le prototypage et l’homologation de véhicules utilitaires équipés d’une pile à combustible, en nous concentrant sur les modèles les plus demandés par les opérateurs de flottes », explique-t-il. « On pourrait tout à fait imaginer qu’un véhicule converti à l’électrique fasse l’objet d’une nouvelle transformation pour passer à l’hydrogène le moment venu, le moteur reste le même, on entre dans une logique de rétrofit permanent ».

Favoriser l’émergence d’une filière rétrofit

Qu’il s’agisse de batterie lithium-ion ou d’hydrogène, Retrofuture espère atteindre rapidement des volumes significatifs. « Si on veut montrer que le rétrofit est une solution, il ne faut pas que le prix de la transformation dépasse la moitié de celui d’un véhicule électrique neuf », explique l’entrepreneur. Retrofuture achète aujourd’hui ses moteurs électriques à des équipementiers reconnus (Valéo, Bosch) et fait assembler ses batteries lithium-ion en France par des acteurs spécialisés tels que Neogy (groupe St@rtec), basé à Mérignac. La conversion proprement dite, c’est-à-dire l’installation des composants électriques à bord de la voiture modifiée, est pour l’instant confiée à des prestataires agréés. « C’est un des effets positifs du rétrofit, la transformation est réalisée en local, ce qui signifie qu’on va voir émerger une nouvelle filière spécialisée », espère Arnaud Pigounides.

Retrofuture devrait livrer ses premiers véhicules « rétrofités » à l’été 2021. En attendant, après un projet d'installation avorté à Darwin, la société cherche des locaux d’environ 400 m² dans le centre de Bordeaux afin d’y installer ses bureaux, un showroom et un espace dédié à la formation de ses partenaires. Après un premier tour de table qui lui a permis de réunir 1 million d’euros dans le courant de l’été, elle cherche aujourd’hui à lever de nouveaux fonds, avec un objectif situé aux alentours de 6 millions d’euros de façon à financer l’achat en volume des composants qui lui permettront de franchir le cap des 1000 véhicules convertis

Retrofuture EV
Créée en 2018
8 salariés
CA : NC

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