Le comité départemental de veille et d’appui aux entreprises officiellement lancé dans le 64 - Premium

Dans un département où le taux de chômage s’établit à 5,6 %, inférieur de deux points à la moyenne nationale, les Pyrénées-Atlantiques affichent une dynamique économique plutôt favorable. Mais cette apparente stabilité masque des fragilités persistantes, notamment pour les petites entreprises exposées à des tensions de trésorerie, à la hausse des coûts de l’énergie ou aux difficultés de recrutement. « On a la chance de pouvoir lancer ce comité ici, car la situation est plus favorable qu’ailleurs. C’est justement par temps calme qu’on doit se préparer », rappelle Jean-Michel Girier, préfet des Pyrénées-Atlantiques.Le comité départemental de veille et d’appui aux entreprises est conçu comme un prolongement et une adaptation des outils mis en place ces dernières années. « Chaque période économique a ses singularités, ses spécificités, et une forme de risque serait d’utiliser toujours les mêmes outils dans des contextes évolutifs », souligne Jean-Michel Girier. « On a souvent eu une approche très arithmétique, très tableau Excel. Aujourd’hui, il faut aller plus loin dans la coordination des écosystèmes et plus près du terrain, insiste le représentant de l'Etat. L'idée n’est pas de faire un comité de plus, mais de pouvoir adapter cet espace aux besoins du moment, qui ne seront peut-être plus les mêmes dans deux ans. »À lire également - Le Réseau Entreprendre Adour va accompagner les candidats à la repriseLa cellule d’information mobile rattachée au comité permettra de renforcer la coordination au plus près des territoires. Elle associera les services de l’État, la direction du travail, les finances publiques, la Banque de France, mais aussi les réseaux d’accompagnement et les élus locaux. Objectif : mieux détecter les signaux faibles, fluidifier l’accès aux aides, de simplifier les parcours des entreprises.Mieux partager l’information et les outils d’accompagnement Jean-François Odru, directeur départemental des finances publiques, salue « l’extrême mobilisation de tous les acteurs sur le suivi de la santé des entreprises » dans le département. « Il y a ici une synergie rare entre administrations, tribunaux de commerce, Banque de France, mandataires judiciaires… on se parle, on partage l’information, on se signale les difficultés. » Il plaide pour que ce dialogue soit élargi à l’ensemble des partenaires économiques et aux élus locaux. Le comité s’appuiera notamment sur les outils existants comme le Codefi [Comité départemental d'examen des problèmes de financement des entreprises, structure locale ayant vocation à accueillir et à orienter les entreprises qui rencontrent des problèmes de financement, NDLR], ou encore le dispositif « Signaux faibles » [service interministériel facilitant la coordination des acteurs publics dans la prévention, la détection et l’accompagnement des entreprises en difficulté], en cours de rénovation. « Il mérite d’être rajeuni, mais il donnera toute sa pertinence assez rapidement », assure Jean-François Odru. Autre levier : les réunions de créanciers publics, permettant de traiter les situations de surendettement fiscal ou social et d’éviter la cessation d’activité. « On partage une conviction - ces dispositifs valent la peine d’être mieux connus, pour être mobilisés plus tôt et plus efficacement. »La création du comité intervient dans un contexte économique contrasté. Si le département bénéficie de filières industrielles dynamiques — aéronautique, chimie verte, agroalimentaire — la situation reste tendue pour certains secteurs. Selon Frédéric Cabarrou, directeur départemental de la Banque de France, « l’aéronautique va bien mais a du mal à recruter », tandis que « le BTP traverse une période difficile ». Il note toutefois un « frémissement des crédits aux particuliers, qui pourrait être annonciateur de choses positives ». Mais les chiffres des défaillances d’entreprises montrent une dégradation marquée. Au niveau national, la situation est stable avec environ 66.000 défaillances enregistrées sur les douze derniers mois. En Nouvelle-Aquitaine, la tendance est plus préoccupante. Et dans les Pyrénées-Atlantiques, la hausse atteint 28%, avec 646 défaillances contre environ 500 avant la crise sanitaire. Le secteur de la construction est le plus touché (136 défaillances), suivi du commerce ( 16%). « Cela concerne essentiellement de très petites entreprises, avec peu d’effectifs. C’est une bonne chose, mais cela renforce la nécessité d’un accompagnement de proximité », insiste Frédéric Cabarrou. Les remboursements des PGE globalement maîtrisés Malgré ce climat, les indicateurs liés aux Prêts Garantis par l’État (PGE) témoignent d’une certaine solidité du tissu économique local. Sur les 1,2 milliard d’euros de PGE octroyés dans le département, 76% ont été remboursés. Les entreprises en situation d’échec de remboursement représentent seulement 2,3% des encours (36 millions d’euros). « Ce sont des chiffres totalement en phase avec ce qui était prévu au départ. Globalement, les entreprises arrivent à rembourser leurs PGE », a précisé le représentant de la Banque de France.À lire également - La CCI Pau-Béarn présente son programme pour 2025 Le crédit aux entreprises, quant à lui, progresse de 2% à l’échelle départementale. « Il n’y a pas de "credit crunch", les banques continuent de prêter. Encore faut-il qu’il y ait des projets d’investissement », conclut Frédéric Cabarrou. C’est justement pour favoriser cette dynamique d’investissement et soutenir les transitions à venir que ce nouveau comité veut jouer un rôle central. L’ambition du comité : repérer tôt les fragilités et éviter que les entreprises ne basculent dans des situations critiques. « Mieux vaut prévenir que guérir », résume le préfet. Dans un contexte géopolitique incertain, explique-t-il, le département veut se préparer à d’éventuelles crises futures. « Ce que nous lançons aujourd’hui doit pouvoir évoluer. Dans deux ans, les enjeux auront changé », a conclu Jean-Michel Girier.

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