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Comment l'ESS peut-elle dépasser son plafond de verre ?

Écosystème
mardi 08 décembre 2020

L’économie sociale et solidaire représente 12% des emplois salariés sur la métropole bordelaise. Si la Ville de Bordeaux veut porter le développement de l’ESS, certains acteurs soulignent le manque de dialogue entre structures, et souhaitent un plus grand soutien des pouvoirs publics.

« Malgré un événement perturbé par la crise sanitaire, le mois de l’ESS a permis de fédérer les forces de ce secteur », se réjouit en préambule Stéphane Pfeiffer, adjoint municipal de Bordeaux en charge de l’emploi, de l’économie sociale et solidaire et des formes d’économie innovantes. Sur la métropole l’ESS représente 12% des emplois salariés, soit 36.515 emplois. « Je pense que ce n’est plus une forme d’économie anecdotique, reprend l’élu. C’est justement pour cela que je suis chargé de ce domaine : notre objectif est de remettre l’ESS dans l’économie classique, ce n’est pas un sous-genre. »

Une forme d’économie plus vertueuse

« Le premier point important, reprend Stéphane Pfeiffer, c’est que la richesse créée reste sur le territoire. Les entreprises appartenant à l’ESS sont obligées de conserver 50 à 60% de leurs bénéfices, et donc le flux monétaire reste local. Ensuite, à mon sens, cette économie est un outil d’insertion professionnelle, de réemploi non négligeable avec la crise économique actuelle. Je pense que c’est un véritable outil de résilience. » Selon Bordeaux Métropole entre 2015 et 2018, plus de 2.000 emplois ont été créés dans ce domaine.

Mais l’ESS peut-elle être une économie de transition ? « Je ne sais pas, reprend Stéphane Pfeiffer. Mais deux axes sont à souligner. Tout d’abord, elle remet de la démocratie dans l’économie. A l’échelle locale nous essayons, à la Ville, de nous rapprocher des habitants en identifiant leurs besoins, en les accompagnant pour créer une activité économique dont ils ont besoin dans leur quartier. Ensuite l’ESS est un moyen de prendre en compte la question écologique, l’impact environnemental. »

« Il faut créer plus de coopération »

Pourtant, certains acteurs de l’économie sociale et solidaire soulignent un manque de coopération entre entreprises. « Il est clair que l’ESS se développe de plus en plus », reconnaît Frédéric Petit, président d’Elise Atlantique. Son entreprise emploie 65 personnes à Bordeaux, dont 70% en situation d’insertion. « Mais je pense qu’il manque du dialogue pour maximiser les emplois. Beaucoup d’entreprises et associations n’ont pas de réseau et sont dans leur coin. La visibilité est réduite, et l’on pourrait faire beaucoup mieux. »

Le constat est le même chez Atis (Association territoires et Innovation Sociale), comme l’explique Elise Depecker, la directrice de l’incubateur bordelais. « Le problème est que de petites structures font leurs preuves, mais ont besoin de se renforcer, de grandir. Il faut arriver à structurer, à créer de la coopération entre les acteurs pour pouvoir saisir des opportunités plus importantes. »

Des aides des pouvoirs publics

« C’est un bon signal d’avoir un élu municipal en charge de l’économie sociale et solidaire, reconnaît Elise Depecker. La Ville mais aussi la Métropole peuvent faciliter la coopération bien sûr, mais ont aussi comme levier la commande publique. En accompagnant les entreprises vers un changement d’échelle, elles peuvent grandir et répondre à des appels d’offre comme par exemple la restauration scolaire. Les institutions ont le pouvoir de favoriser le développement de l’ESS en utilisant les outils du monde économique traditionnel, adapté à l’économie sociale et solidaire. »

Pour Frédéric Petit, les institutions doivent, à tous les niveaux, avoir une logique d’investissement social plutôt que de dépense publique. « Lorsque l’on embauche une personne elle travaille, elle génère de la richesse et l’économie s’en porte mieux. Je pense que les entreprises sociales et inclusives doivent se regrouper, pour discuter avec les pouvoirs publics des solutions à mettre en œuvre. » De son côté Stéphane Pfeiffer est optimiste, « lors du mois de l’ESS les élus des différentes collectivités du territoire ont semblé être sur la même longueur d’onde. Cela nous permettre de déterminer des objectifs communs, et non de se faire la guerre. »

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