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En Gironde, les élus restent mobilisés pour la navette Mérignac-Orly

Écosystème
lundi 10 janvier 2022

La navette transportait chaque année plus de 500.000 voyageurs. Crédits : Adobe Stock Joser Pizarro

Ils demandent le retour de la navette aérienne entre Mérignac et Orly. Et pour se faire entendre, plusieurs élus girondins vont cosigner un courrier qu’ils adresseront à l’Etat.

En ce début d’année, les élus girondins montent au créneau pour défendre, encore, la navette aérienne entre Mérignac et Orly. « On ne lâche pas », affirme Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde, même si « le mot navette est proscrit », ironise-t-il. Aux côtés de la Région Nouvelle-Aquitaine, de Bordeaux Métropole et de l’aéroport, « nous sommes sur la position de baisser le nombre d’allers-retours, d’en avoir 4 au lieu de 10 par jour. Mais l’annuler, pas question ». Les élus veulent croire à une remise en service de cette liaison ; surtout depuis l’ouverture d’une enquête de la Commission européenne sur la suppression des vols intérieurs en France lorsqu’une alternative ferroviaire de moins de 2 h 30 existe. « Aujourd’hui, le gouvernement français est un peu mal à l’aise car il prend la présidence de l'Union européenne au moment où cette dernière attaque la France sur sa décision qui n’est pas conforme au droit européen », lâche sans ambages Patrick Seguin.

Une « aberration environnementale »

Pour le président de la CCIBG, l’argument mis en avant par le gouvernement – la réduction des émissions de gaz à effet de serre – n’est pas tenable. « Sur l’ensemble des lignes intérieures de France, les émissions de CO2 du transport aérien ne représentent que 0,23%. Donc vous imaginez ce que représentent les quelques allers-retours depuis Bordeaux. » Partageant l’analyse du président de la CCI Nouvelle-Aquitaine, Jean-François Clédel, Patrick Seguin rappelle que les grandes entreprises installées autour de l’aéroport de Mérignac ont souvent besoin d’aller à Orly pour la journée, où de nombreux sièges sociaux sont installés. Loin de les empêcher de réaliser ces déplacements, la fin de la navette les pousserait simplement… À utiliser des avions privés. « C’est le cas de sociétés comme Dassault, Sogerma et autres. On est dans une aberration environnementale ».

Un courrier cosigné pour peser dans la balance

Pour se faire entendre, le président de la CCIBG travaille à « une nouvelle interpellation de l’Etat, beaucoup plus ferme que les précédentes ». Le courrier sera cosigné par Alain Rousset, président de la Nouvelle Aquitaine, Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et par Genevière Chaux Debry, présidente du conseil de surveillance de l’aéroport. « Nous allons dire au gouvernement, "vous pouvez sortir par le haut de cette situation ubuesque", et de toute façon nous avons quatre compagnies, aujourd’hui, qui sont prêtes à assurer les allers-retours », reprend le président de la chambre consulaire. Si la signature de Pierre Hurmic, élu Europe Ecologie-Les Verts, peut surprendre, Patrick Seguin l’assure, l’édile de Bordeaux fait preuve de pragmatisme. « Il a dit, donnez-moi des chiffres et je verrai ce que cela représente. Sa réponse est de dire que si c’est quatre vols, il n’y voit pas d’inconvénient. »

Si Patrick Seguin aimerait que ce soit Air France qui se charge de la ligne, comme avant sa suppression, il reconnaît que cela serait peu probable après la décision de l’Etat, actionnaire majoritaire de la société. Sans nommer les trois compagnies restantes, intéressées par cette reprise, Patrick Seguin confie que ce sont « des gens habitués au low-cost ». D’autant que les droits de décollage et d’atterrissage sont toujours actifs à l’aéroport de Bordeaux. La décision de la Commission européenne d’enquêter sur le dossier est théoriquement suspensive, mais n’a pour le moment pas été notifié auprès du gouvernement français. « On espère que cela va être formalisé », souffle le président de la CCI Bordeaux Gironde, qui rappelle qu’avant cette suppression, 556.000 voyageurs empruntaient la navette chaque année.

« Nous voulons encourager les mobilités décarbonées et l’avion ne fait pas partie de ce type de mobilités », a réagi Pierre Hurmic ce mardi 11 janvier, lors de ses vœux à la presse. Seule position de sa part, émise en septembre dernier lors du conseil de surveillance de l’aéroport : le maire de Bordeaux « déplore la brutalité avec laquelle l’aéroport est traité […] et pense qu’un avion chaque matin et soir serait suffisant », pour laisser aux acteurs le temps de s’habituer à la suppression de la navette. L’édile ne cosignera pas le courrier rédigé par la CCI Bordeaux Gironde. Allant plus loin, il affirme « ne jamais avoir eu connaissance d’un projet de courrier ».

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