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Grève SNCF : « Il faut remettre des connexions aériennes » entre Mérignac et Orly pour Jean-François Clédel

Écosystème
jeudi 16 décembre 2021

Jean-François Clédel, président de la CCI Nouvelle-Aquitaine. Crédits : CCI

Ce vendredi 17 décembre, les cheminots de la SNCF sont appelés à faire grève, pour demander, notamment, une hausse de salaire (1). Alors que la navette aérienne Mérignac-Paris n’est plus, les difficultés de déplacement pour les entreprises du territoire ont des conséquences sur leur activité. Jean-François Clédel *, président de la CCI Nouvelle-Aquitaine, livre sa pensée sur le sujet.

Vous pointez du doigt le monopole de la SNCF entre Paris et Bordeaux, alors que les voyages sont menacés de ne pas être assurés suite à un appel à la grève… (1)
Oui, car je pense que ce monopole fragilise la sécurité, l’assurance d’avoir un transport pour un déplacement professionnel. On le voit, on est en plein dedans, et la SNCF ne peut garantir des solutions de transport satisfaisantes. C’est extrêmement préjudiciable au rayonnement économique d’un territoire. Je pense que les monopoles montrent toujours leur inefficacité à long terme. On a vu avec la compagnie qui assurait les transports entre la Corse et le continent (NDLR, la SNCM), phagocytée par un syndicat dont je tairai le nom et qui a fini, de grève en grève, par faire faillite au profit d’opérateurs italiens. Je n’aimerais pas que la SNCF prenne le même chemin, ce serait dramatique pour notre pays.

Vous revenez également sur l’arrêt de la navette entre Mérignac et Orly, décidée par le gouvernement dès lors qu’une alternative en train de moins de deux heures existe sur le territoire…
Comme on l’avait avancé lorsqu’avait été évoqué la suppression de cette navette, cela pose des problèmes en termes de déplacement pour des entreprises de la banlieue bordelaise, et notamment du secteur aéronautique et spatial, qui ont des grands établissements ou leur siège social dans la banlieue sud-ouest de Paris. La navette les plaçait à 2 h 30 de Bordeaux, quand aujourd’hui elles sont à 5 heures. Cela pose bien sûr problème pour ces entreprises françaises, mais aussi pour des acteurs économiques internationaux. Il y a à Orly des connexions avec les DOM, l’Amérique du Sud ou l’Afrique. À l’heure où on parle d’exportations, si on met des freins, on exporte moins.

La solution serait donc, pour garantir les liens économiques, de remettre la navette en service ?
Il y a eu un accord entre Air France et l’Etat, pas de problèmes. Mais je souhaite qu’il y ait de nouveau des connexions aériennes établies, oui, entre Bordeaux et Paris. Et cesser le principe d’interdire des solutions de déplacement à des gens dès lors qu’il y a le train. C’est une atteinte à la liberté d’entreprendre, de se déplacer, et ça ne va pas dans le bon sens. La Commission européenne pourrait remettre en question la suppression, et je pense que ce serait une bonne chose de permettre à des compagnies aériennes, si elles le souhaitent, s’il y a le marché et les clients, d’offrir une solution de transports. Ceux qui ont initialement pris cette décision n’ont pas bien regardé le contexte bordelais, c’est une solution administrative sortie du contexte local.

L’argument avancé pour privilégier le train est pourtant le motif écologique…
Mais il faut voir l’impact environnemental ! Ce n’est pas un motif rationnel qui peut justifier la suppression de la navette. Le peu d’impact qu’elle a sur les gaz à effet de serre est totalement dérisoire. Il y avait 500.000 usagers de la navette par an, sur les 7 millions qui transitent par l’aéroport en période normale. Soit, 5% des émissions de gaz à effet de serre de l’aéroport ! Ce n’est rien au plan national, et totalement dérisoire à notre échelle. Je ne dis pas que c’est de l’hypocrisie mais je juge sur les faits, et l’alternative ferroviaire n’est pas efficace. C’est préjudiciable à l’économie, à l’export et à la balance commerciale de la France.

(1) Les préavis de grève ont été levés jeudi après-midi. Le trafic sera "quasi-normal" vendredi sur l'axe Atlantique, indique la SNCF.

*Actionnaire de Placéco

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