Salon du Bourget : Elixir Aircraft engrange les commandes
Cyril Champenois, cofondateur d'Elixir Aircraft. Crédit photo : LVG
À l'occasion du Salon du Bourget, Elixir Aircraft a dévoilé plusieurs annonces, notamment la commande de l'Ecole Nationale d'Aviation Civile de trente avions Elixir.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Au Salon du Bourget 2025, Elixir Aircraft a pris ses aises : stand à l'air libre sur le tarmac de l'aéroport, avec plusieurs modèles d'avions exposés autour d'un pavillon en dur... comme une façon, pour le jeune avionneur rochelais, fondé en 2015, et qui emploie aujourd'hui plus de 200 collaborateurs, d'assumer son nouveau statut de pépite montante de l'aviation légère. Cyril Champenois, cofondateur de l'entreprise, a répondu aux questions de Placéco.
Avec le Salon du Bourget, on a l’impression que vous changez de dimension, c’est vrai ?
Oui, clairement. Il y a des petits éléments de détails qui semblent peut-être anecdotiques, mais on a une surface construite, un cube avec une tente, on a des choses à l'intérieur... Habituellement, on faisait des économies pour concentrer tous nos efforts sur le développement et là, on est capable de passer à la vitesse supérieure en ayant quelque chose d'un peu plus esthétique, un peu plus structuré.
40 avions livrés depuis 2022
Comment est-ce que cela se concrétise, au-delà de l'apparence du stand ?
Tout simplement avec le succès commercial de l'Elixir et donc l'ensemble des livraisons qui ont déjà eu lieu : 40 avions déjà livrés depuis 2022 et de nombreux autres à venir, entre 70 et 80 avions à produire dans les prochaines années dont une grosse commande de l'ENAC d'une trentaine d'avions.
Elixir conçoit et construit un avion biplace de 4e génération certifié EASA CS-23 et utilise une technologie issue du monde de la voile de compétition, le « Carbon Oneshot », qui lui permet de créer des structures d'un seul bloc. Un procédé avec lequel elle promet « plus de facilité, moins de défaillance et donc plus de sécurité, mais aussi moins de maintenance et moins de coûts ».
En conférence de presse, les représentants de la filière en Nouvelle-Aquitaine pointaient les difficultés des sous-traitants aéronautiques à suivre la montée en cadence des avionneurs. Vous-mêmes, êtes-vous entièrement intégré ou dépendez-vous aussi d'une filière de sous-traitants ?
Clairement, on dépend d'une filière. On fait beaucoup de choses en interne, notre cœur de métier, ce sont les structures one-shot en carbone. Mais on dépend de beaucoup d'équipements, moteur, hélice, pièces usinées, pièces pliées... On a la chance d’en bénéficier en France grâce à la force de notre industrie aéronautique. Cependant, toute cette chaîne, des centaines de sous-traitants, doit être alignée pour sortir un avion. Donc il y a des vrais défis qui se matérialisent en termes de recrutement et de finances. On y fait face étape par étape. La plus belle preuve de notre parcours c’est que nous sommes plus de 200 salariés aujourd’hui.
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Comment comptez-vous faire face à ce problème d'augmentation des cadences de vos sous-traitants ?
Concernant la motorisation, on a un sous-traitant unique. Cependant sur l'ensemble de la chaîne de sous-traitance, l'idée est de diversifier avec de nombreux partenaires qui peuvent fournir le même équipement ou la même pièce. L’idée c’est de se demander “comment est-ce que on peut collaborer au mieux pour répondre à leurs attentes aussi bien qu'aux nôtres “, si on peut les aider financièrement, on fera le maximum et vice-versa.
C'est d'ailleurs l'autre point d'attention évoqué : le financement des PME des ETI industriels.
Il y a clairement un enjeu parce que l'on trouve du financement pour du lancement d'entreprise, du prototypage, de la R&D. On trouve du financement pour les phases de croisière où on est déjà en train de livrer. Mais la difficulté à en trouver pour les phases d'industrialisation est réelle. On a la chance d'avoir été déjà accompagné notamment par la BPI et Innovacom, des fonds qui sont rentrés avec cette volonté d'industrialiser. Évidemment la Région en Nouvelle Aquitaine aussi nous accompagne depuis longtemps et contribue à cet effort. C'est important de voir que la Région, l'État, sont engagés auprès des sociétés, mais il n'y a pas de miracle, il faut faire ses preuves et donc aller étape après étape.
Aux portes des USA
Étapes que vous franchissez de façon assez accélérée ces derniers temps. Quelle va être la prochaine ?
Clairement, on va monter en cadence. Aujourd'hui on a une cadence qui doit se situer, sur le papier, entre deux et trois avions par mois. Le but ce serait de monter à quatre pour la fin de l'année et jusqu'à huit dans les infrastructures actuelles que nous avons chez Elixir. Le but c'est de mettre en commun l'ensemble des trois sites de production que nous avons aux alentours de la Rochelle pour que ça soit une ligne unique de A à Z sans logistique transport entre les postes.
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Sur le Salon, il y a également Voltaéro, l'aviation légère bas carbone est un secteur qui a le vent en poupe. Est-ce qu'il y a des synergies entre vous ?
On se connaît bien tous, après on est sur des segments de marché différents, donc on n'est pas concurrent c'est assez certain. Nous on fait de l'aviation d'entraînement. Ce qu'on partage, ce sont des discussions sur la faisabilité, les réglementations etc.
Il y a quelques mois, vous aviez annoncé un contrat avec un client américain. L'export, c'est un marché d'avenir pour vous ?
C'est clairement, pour la formation des pilotes de ligne, un marché d'export et d'avenir parce que 60 à 70 % de notre marché est situé là-bas. En livraison d'avions légers dans le monde, les États-Unis sont en tête. On a toujours des bâtiments qui nous attendent à Sarasota, en Floride, qui vont nous permettre de faire du réassemblage et commencer à produire ces avions américains, la prochaine étape pour nous va concerner la fin de la certification américaine auprès de la FAA pour qu'on puisse commercialiser l'appareil et commencer à livrer les avions.
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Elixir Aircraft - La Rochelle
Nombre de salariés : près de 200
Chiffre d'affaires : 3.5 millions d'euros