Clap de fin pour Scale : « on n'a pas réussi à rassurer les investisseurs » - Premium

L’aventure s’arrête pour Scale. La société installée à Hasparren qui entendait commercialiser un matériau biosourcé à base d'écailles de poisson a été placée en liquidation judiciaire. « On était sous-dimensionné pour répondre à des projets » analyse Edouard de Dreuzy le fondateur de la société pour Placéco Pays basque.La société est née en 2018 avec la ferme intention d’utiliser des biomatériaux de la mer, à commencer par les écailles de poisson, pour créer une matière première qui servirait à fabriquer des aménagements d’intérieur, ou de la décoration. « Le but c’était de remplacer les matériaux pétrosourcés, ou qui avaient un impact environnemental très important » se souvient Edouard de Dreuzy. Depuis 2018, la société avait bien avancé, employait huit salariés, et s’était installée dans un atelier de 300m² à Hasparren. Ils se trouvaient aujourd’hui dans une phase d’amorçage, proche de la pré-industrialisation. En mars dernier, Scale avait par ailleurs été lauréat de l'atelier de l'innovation de l'agglomération Pays basque. « Maintenant, il fallait investir pour augmenter la capacité, automatiser et industrialiser ». Le chef d’entreprise estime à un million d’euros la somme qui lui était nécessaire pour correctement se lancer.Trois causes principales Mais Scale n’a pas réussi à réunir cette somme d’argent, faute de pouvoir boucler une levée de fonds. « On n’avait pas suffisamment de dynamique commerciale pour rassurer les investisseurs » analyse-t-il. « Sans cette traction commerciale, difficile de rassurer, et à ce stade, peu d’investisseurs s’engagent parce que c’est risqué ».Au delà du manque de capitaux, Edouard de Dreuzy pointe du doigt d'autres facteurs ayant pu entrainer cette liquidation. Il mentionne par exemple la difficulté liée à l’inertie du projet industriel. « On était sur un projet complexe au niveau du process, chaque étape est longue à valider, et à chaque fois ça coûte de l’argent » souligne le chef d’entreprise. Avec un premier recul, il se dit qu’il « aurait pu sous-traiter une partie ». Autre facteur identifié, une mauvaise adéquation entre l'offre de Scale et la demande potentielle. « Nous avons fait un produit beau et intéressant, mais nous n'avons pas fait notre preuve de marché», indique le fondateur, estimant par ailleurs avoir « dilué» ses efforts en ciblant plusieurs débouchés possibles. En analyse et retour d’expérience, il conseillerait désormais de « s’intéresser à une seule problématique, un marché et y répondre ».Plus récemment, la société avait amorcé un pivot. « On avait trouvé le moyen d’extraire le collagène dans les écailles » décrit Edouard de Dreuzy. Un procédé qu’ils avaient par deux fois breveté. Un virage tardif selon lui. « J’aurais dû le faire il y a un an, là, on a manqué de temps ». Malgré la frustration, Edouard de Dreuzy garde néanmoins en tête plusieurs notes positives liées à l'aventure Scale. Dans une publication Linkedin, il revient sur tous les succès accomplis : « la conception d'un biomatériau, unique et sans compromis, la construction d’une filière de collecte du coproduit écaille, des premiers projets livrés, et un accueil unanime du secteur de l’architecture d’intérieur, en quête de matériaux plus durables, l’exploration approfondie des richesses extraordinaires de l’écaille grâce à des travaux de R&D menés en collaboration avec la Chaire Manta (UPPA) ou enocre l’identification d’un procédé innovant d'extraction de fibres de collagène matérialisé par 2 brevets ». Désormais, le chef d'entreprise se laisse du temps pour faire le point. En parallèle, il a sollicité les services de l’association 60.000 rebonds pour se faire accompagner dans la fin de sa société.

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