Citiz procède à une recapitalisation pour poursuivre son maillage du territoire - Premium
Nicolas Guenro, DG de la SCIC Autocool qui propose les services Citiz et Yea - Photo Autocool
La coopérative Autocool, à l’origine du service d’autopartage Citiz, poursuit son développement malgré la crise. Elle est en train de réaliser une recapitalisation pour passer de 111 véhicules actuellement au double d’ici 2022.
Citiz, c’est une histoire de longue date sur Bordeaux et la première couronne. Le service d’autopartage a été lancé en 2001 par Autocool, une association qui s’est depuis structurée en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif). « Cette dénomination est très importante pour nous, souligne le directeur général de la structure Nicolas Guenro. Nous avons un but non lucratif et nous respectons les principes fondamentaux des coopératives, comme l’impossibilité de spéculer sur les parts sociales par exemple. »
Avec 111 véhicules disponibles dans 41 stations, Citiz poursuit un objectif : œuvrer pour la démotorisation de la voie publique. Une étude réalisée par Autocool et l’ADEME avance qu’aujourd’hui, une voiture Citiz en remplace entre 5 et 8 individuelles sur la chaussée.
Une utilisation différente de Bluecub
Autocool propose deux services. Citiz d’abord, avec 91 véhicules en autopartage traditionnel. Il faut réserver sa voiture à l’avance et venir la chercher sur un emplacement réservé et sécurisé. Yea ensuite, est un service de free-floating de 20 véhicules. A l’instar des trottinettes en libre-service, les voitures Yea sont utilisables partout dans l’agglomération et n’ont pas d’emplacement attitré. Seule condition : se garer sur une place de stationnement légale à l’intérieur des boulevards. « « Nous comptons 5.000 utilisateurs inscrits sur notre plateforme, reprend Nicolas Guenro. Ce qui fait notre différence c’est que nous sommes un service à destination des citadins souhaitant sortir de la ville, et non comme Bluecub, pour des trajets entre le domicile et le travail. En comparaison les trajets réalisés par les usagers de Bluecub, avant son arrêt, étaient de 5 à 7 km pour 30 minutes. Nous, nous sommes sur environ 80 km pour 9 à 10 heures d’utilisation. »
« Dans 35% des situations la voiture d’un particulier ne sert pas et encombre l’espace public. Nous proposons de réaliser des économies en n’ayant plus d’assurance à régler ou des frais annexes, et nous permettons un gain d’espace en ville. » La solution de Citiz et Yea se veut complémentaire, pour des personnes ayant l’habitude de se déplacer à pieds, à vélo ou en transports en commun.
Recapitaliser pour mailler le territoire
Récemment la Ville de Bordeaux et la Métropole ont chacune voté, en conseils, des délibérations jumelles actant une augmentation de capital chez Citiz : la mairie passe de 5.000 euros à 55.000 euros, et la Métropole passe de 5.000 euros à 105.000 euros. « Les levées de fonds nous servent à stabiliser l’appareil de production, la flotte, etc, reprend Nicolas Guenro. Chez Autocool nous avons un peu l’obsession du compte d’exploitation : on ne peut pas investir 1 million d’euros dans de la communication et faire 100.000 euros de chiffre d’affaires. » Cette stratégie vise à doubler le capital, de 250.000 à 500.000 euros. « Nous avons une activité assez capitalistique, développe le directeur général. Nous sommes propriétaires de notre parc de voiture et cette augmentation crée un effet de levier qui favorisera le financement bancaire. »
L’objectif de Citiz est de doubler son parc de véhicules d’ici 2022, pour arriver, en 2025, à 500 voitures en autopartage. Il s’agit de mailler le territoire, pour que chaque usager ait en moyenne une voiture de disponible à 300 mètres de chez lui. « Aujourd’hui nous sommes plutôt sur 500 mètres, concède Nicolas Guenro. Nous avons commandé des voitures pour 2021 et nous allons voir comment la situation évolue car nous sommes tributaires des décisions gouvernementales dues à la crise. » Citiz décidera soit de développer son parc, soit d’en renouveler une partie. « Dès qu’il y a un confinement les chiffres s’écroulent. Mais le mois de janvier a été plutôt pas mal, et nous espérons un second semestre normal. »
La pérennisation avant tout
Contrairement à Bluecub les voitures de la SCIC ne sont pas électriques, mais « sont le moins sales possibles ». « Nous ne faisons pas la course à la voiture propre, explique le directeur général. Un véhicule électrique coûte aujourd’hui très cher, il faut que l’on garde un projet économique viable. En nous tournant vers ces nouvelles voitures nous serions obligés de proposer un service plus cher, pour lequel les usagers ne sont pas prêts à payer. » Selon lui c’est ce qui a coûté sa place à l’ancienne entreprise Bluecub. Nicolas Guenro pense que l’autopartage en « one way » (aller simple d’un endroit à un autre) ne peut fonctionner avec des voitures électriques. « Les usagers auraient dû payer beaucoup plus cher que ce qui était en vigueur, c’était à la limite d’un transport public ! Mais sans être une DSP (délégation de service public), Bluecub n’avait pas de soutien financier et n’a pas pu poursuivre son activité. »
La SCIC reste pour l’instant prudente. « En 2019 nous avions réalisé environ 1,1 million d’euros de chiffre d’affaires hors taxes, ce qui représente 55.000 euros de résultat net. La pandémie n’a pas été très favorable à notre activité alors nous attendons les résultats de l’exercice comptable pour voir si nous avons atteint la rentabilité. »
Autocool - Citiz et Yea
Basée à Bordeaux
7 salariés
CA 2019 : 1,1M€ (HT)
www.bordeaux.citiz.coop
