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Anglet: PureNat lève 1,1 million d’euros pour industrialiser son textile purificateur d’air

Stratégie
mardi 21 mars 2023

Le matériau permet de stopper et détruire les polluants organiques présents dans une pièce. Crédit: Anthony Michel

La start up deep tech PureNat signe un tour de table à plus d’un million d’euros. Objectif : industrialiser depuis le Pays basque sa solution innovante capable de dépolluer l’air en intérieur.

Les prix s’accumulent sur le bureau des locaux angloyes de PureNat. Lancée en 2020, la start up s’est déjà faite sa place au milieu des sociétés les plus novatrices du secteur et vient de boucler un tour de table à 1,1 million d’euros pour industrialiser sa solution.

PureNat, c’est l’aboutissement de douze ans de recherche de la fondatrice Natacha Kinadjian Caplat. Chercheuse en physico-chimie des matériaux, elle a travaillé sur la qualité de l’air en intérieur. Un enjeu majeur quand la France dénombre plus de 20.000 décès prématurés liés à la pollution intérieure. La chercheuse a donc étudié et conçu un matériau composite capable de détruire les polluants organiques de l’air. « Un matériau biomimétique parce que la structure imite les alvéoles des algues marines » raconte Manon Vaillant, ingénieure en Biotechnologie qui s’est associée à Natacha Kinadjian Caplat pour créer PureNat. Un matériau qui fonctionne grâce à la photocatalyse, autrement dit, sous l’effet de la lumière l’agent va s’activer et s’oxyder. Ainsi, «les polluants vont être découpés en toute petite molécule de base, en CO2 et H2O qui ne sont plus toxiques pour la santé ».

Si le matériau ne s’attaque pas aux polluants minéraux, le maillage fonctionne comme un filtre qui stoppe et détruit les polluants organiques. « Dans 90 % des environnements clos, on a majoritairement des particules organiques » précise Manon Vaillant. Des composés qu’on trouve par exemple dans les peintures ou la colle d’un bâtiment, ou encore dans les revêtements de mobilier. « Dans un domicile, ça concerne les activités de cuisson, l’encens, les bougies ». L’innovation détruit non seulement les polluants chimiques, mais aussi les virus comme la COVID-19 et les bactéries. Les associées ont fait breveter le procédé de fabrication ainsi que le matériau. « Pour dépolluer l’air, ce qui est utilisé, ce sont des filtres qu’on met dans les ventilations et purificateurs d’air, et on aimerait remplacer ces filtres par le textile PureNat » ambitionne Manon Vaillant.

Levée de fonds de 1,1 million d'euros

Depuis deux ans, les deux associées ont développé la R&D et fait avancer le matériau conçu initialement par Natacha Kinadjian Caplat pour aboutir à un « multifilament, qui permet de fabriquer des milliers de filaments à la seconde avec des machines industrielles qui permettent d'avoir des cadences de fabrication » . Actuellement, la société est en phase d’amorçage industriel. La production de ce fil repose sur trois étapes : la fabrication du mélange du matériau confié au centre de recherche technologique Canoe à Pau ; la fabrication du fil et du textile sous-traité par le Centre Européen des Textiles Innovants (CETI) à Lille. Enfin une dernière étape, « c’est une étape d’activation du textile ». PureNat développe une machine spéciale capable d’activer l’agent à la surface du textile pour détruire les polluants. Ainsi, la société pourrait internaliser cette troisième étape.

Pour accompagner cette industrialisation, la société vient de lever 1,1 million d’euros. Les fonds privés Newfund, family office Skalepark, Arts&Métiers Alumni, Adour Business Angels et la BPI sont entrés au capital pour 800.000 euros. La région Nouvelle-Aquitaine leur a apporté une aide financière de 300.000 euros. Sans préciser la dilution, Manon Vaillant indique que les deux associées restent « largement majoritaires », bien conscientes de devoir lever à nouveau des fonds prochainement pour poursuivre le développement de PureNat.

Une seconde levée qui devrait avoir lieu fin 2024 pour financer l’achat d’un atelier plus grand. En attendant, d’ici cet été 2023, PureNat aimerait trouver un site de 800 à 1000m² en location pour accueillir un atelier, et surtout cette machine en cours de fabrication qui sera prête d’ici cet été. De quoi permettre de lancer la production pour leurs premiers clients qui pourraient être livrés dès cette fin d’année, voire début d’année prochaine. « Ensuite, début 2024, on étudiera l'internalisation de la première étape de préparation et mélange chimique » précise Manon Vaillant.

Plusieurs marchés visés

Les utilisations de leur innovation sont nombreuses. Mais elles visent à répondre aux enjeux de dépollution d’air des secteurs que sont les systèmes de traitement de l’air des bâtiments, les purificateurs d’air, le BTP, l’automobile. Par ailleurs, elles étaient au Salon Global Industrie à Lyon pour étudier l’éventualité d’un développement sur le secteur industriel. « On sent qu’il y a un gros besoin et un gros marché dans ce secteur, où il y a des procédés qui émettent beaucoup de polluant avec des technos qui n’apportent pas de satisfaction aujourd’hui » commente Manon Vaillant. De même PureNat sera aussi représenté au Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace du Bourget en juin.

Grâce à cette levée de fonds, les deux associées ont recruté quatre personnes, et espèrent passer à une dizaine de collaborateurs d’ici la fin de l’année. L’objectif à l'horizon 2025 est d’atteindre entre 20 et 25 salariés qui travailleraient depuis une usine en Nouvelle Aquitaine.

PureNat (2020)

  • 6 salariés
  • CA: 0€
  • 73 Rue de Mirambeau, 64600 Anglet

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