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A Cadaujac, la nouvelle plateforme Colissimo monte en puissance

Stratégie
mercredi 29 novembre 2023

Un bâtiment de 220 mètres de long sur 100 mètres de large pour un trieur d'1,2 km de long. Crédit : DM

La Poste fait actuellement monter en puissance la nouvelle plateforme Colissimo dont elle se dote à Cadaujac. Capable de trier en moyenne 19.000 colis par heure, ce bijou technologique et logistique affiche une capacité presque deux fois supérieure à celle du site de Bègles, qu’il remplacera totalement en mars prochain. Visite guidée avec son directeur, Yann Briand.

« Nous devons suivre la montée en puissance de l’e-commerce », indique Yann Briand, directeur de la plateforme mixte Colissimo Aquitaine dont La Poste a récemment pris livraison à Cadaujac. Le constat est implacable, les flux de colis augmentent d’année en année, avec une exigence croissante en matière de fiabilité et de rapidité. En Gironde, depuis les années 90, La Poste et sa filiale Colissimo assuraient le tri de cette masse faramineuse depuis Bègles. Un site devenu vieillissant et ne pouvant être adapté aux nouvelles contraintes. Le groupe jette alors son dévolu sur un foncier de plus de sept hectares à Cadaujac, proche d’importants axes routiers (rocade, A 62, RN 113), où elle récupère une ancienne plateforme logistique Lidl, vaste bâtiment de 22.500 m² découpé en trois cellules dont elle abat les cloisons internes et ne conserve que les murs extérieurs et le toit. Un immense terrain de jeu où, en mars 2022, la filiale La Poste Immobilier lance un chantier dont les travaux ont été achevés en juillet dernier. Au total, 40 millions d’euros sont engagés, incluant un trieur ultramoderne doté de 1.748 plateaux individuels formant un circuit d’1,2 kilomètre, autour duquel 130 postiers (le double avec les intérimaires en « peak period ») et machines ultramodernes collaborent. « Ici on peut déployer toutes les nouvelles technologies », s’enthousiasme le directeur.


Le centre de contrôle où sont supervisées toutes les opérations internes et externes de la plateforme. Crédit : DM

« Ce site est en capacité de trier automatiquement tous les colis qui rentrent dans les conditions de vente Colissimo », résume comme une évidence Yann Briand. À savoir des dimensions 1 m x 80 cm x 80 cm et jusqu’à 30 kg. 93 portes à quais permettent les entrées et sorties. Outre les colis collectés auprès des bureaux de poste de sa zone, le site reçoit quantité de volumes d’entreprises et de clients professionnels, dont les mastodontes Cdiscount et Amazon, mais aussi des acteurs du cru tels que MaxiCoffee. Chaque jour, ce sont en moyenne 130 camions qui amènent et remportent les colis sur place. Pour ce faire, c’est la technique dite du « vrac rangé » qui est employée, précis jeu de Tetris où l’opérateur humain peut exprimer tout son savoir-faire. « Les robots ne savent pas - encore - le faire. Gérer à la fois des tailles et formes différentes, des textures de colis rigides ou souples, c’est pour l’heure hors de leur portée », décrypte le dirigeant. De savants empilements mobilisant des caisses mobiles qui font partie des outils maison depuis 2018 - La Poste en utilise aujourd’hui plus de 1.200 en France - qui permettent d’emporter jusqu’à 4.000 colis, contre 1.300 environ dans une semi-remorque chargée de façon classique. « Ce faisant, on réduit le nombre de nos camions sur les routes », argumente le directeur du site. À titre d’exemple, pour les mois de novembre et décembre, « cela signifie acheminer plus de Colissimo qu’en 2022, avec 41 liaisons routières en moins soit une réduction de plus de 800.000 km par rapport à la même période l’année dernière », évoquent les services de La Poste.

Sur la fin d’année 2022, La Poste avait atteint un volume de 100 millions de Colissimo triés et livrés. Lors de cette fin d’année 2023, selon les prévisions, La Poste se prépare à acheminer près de 106 millions de Colissimo, soit un quart des volumes de l’année entière. En novembre et décembre 2023, plus de deux millions de Colissimo seront livrés quotidiennement en France, avec deux journées de pic - prévues les 12 et 19 décembre - à 3,2 millions. Sur les 309.000 colis traités en Nouvelle-Aquitaine, plus de 180.000 transiteront ce jour-là sur la nouvelle plateforme de Cadaujac.


Tri et livraison, une plateforme mixte

Le site est doté de 93 portes à quai. À l’arrivée d’une remorque ou d’une caisse mobile, un convoyeur télescopique - express snoot dans le jargon - est déployé pour démarrer le déchargement. Le ballet des colis sur les tapis roulants du long trieur ultramoderne peut commencer, faisant converger les flux vers un petit barnum truffé de caméras et autres lecteurs optiques dopés aux algorithmes et à l’intelligence artificielle, photographiant et analysant chaque colis sur ses cinq faces apparentes, à la fois pour récupérer les informations logistiques mais aussi pour vérifier l’état de l’emballage. Suivant les informations ainsi glanées, les aiguillages s’enchaînent : en cas d’échec de la lecture flash, c’est une technologie OCR - reconnaissance optique de caractères - qui prend éventuellement le relai avant, ultime recours, qu’un opérateur humain n’arrive à la rescousse. Là où le site de Bègles connaissait 6% de colis dits « non mécanisés », Cadaujac ramène ce taux à environ 2%. Le principe ? « Diminuer autant que possible le temps sur le trieur, le nombre de contacts », avec in fine la possibilité d’une livraison en 24 heures effective « pour plus de 30% des volumes ». Ici, le tour de manège ne dure que sept minutes au maximum et souvent moins.

Sur place, les affaires sérieuses commencent, en temps normal, vers la toute fin d’après-midi, le trieur arrêtant son travail à 2h30 du matin pour focaliser l’attention sur les départs camions vers les agences postales, à temps pour le J+1. En période de pic, notamment fêtes de fin d’année, « on augmente les plages horaires et ou peut aller jusqu’à doubler les effectifs », résume Yann Briand. L’originalité des lieux tient aussi à leur nature mixte, ce site girondin étant le premier - hors Ile-de-France - à combiner à la fois activité de tri de colis mais aussi de livraison. En l’occurrence pour la zone sud de l’agglomération bordelaise. Chaque jour, ce sont ainsi plus 7.000 colis qui sont apportés directement vers leur destinataire final depuis Cadaujac, jusqu’à 16.000 pendant les grosses journées. Plus de 60 tournées sont effectuées quotidiennement pour adresser dix codes postaux : Bègles, Cestas, Gradignan, La Brède, Latresne, Léognan, Pessac, Portets, Talence et Villenave d’Ornon. La conversion à l’électrique des véhicules utilisés pour ce faire se poursuit, « on pense y être l’année prochaine », confie Yann Briand.

Il n’en restera qu’une

Depuis juillet, les équipes du site de Cadaujac testent les nouveaux équipements et se forment à leur utilisation. La mise en production effective est intervenue le 13 novembre dernier. Cette plateforme Colissimo Aquitaine traite l’intégralité des flux départ et reprend progressivement l’activité de celle de Bègles jusqu’à sa fermeture définitive, prévue fin mars 2024. Avec notamment la perspective de battre - ce qui devrait vite arriver nous confie-t-on - le record de sa devancière : le 12 décembre de l’année dernière, 254.632 colis avaient été triés à Bègles, cite de mémoire Jean-Luc Bourdiol, responsable de l’exploitation. Des chiffres qui rappellent que « Colissimo est largement le premier distributeur de colis en France, avec plus de 50% de part de marché », sourit ce dernier. En incluant DPD et Chronopost, autres filiales colis de La Poste, ce chiffre dépasse les 70% nous souffle-t-on.

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