Comment Unikle prépare sa commercialisation - Premium

De formation, Adrien Pitois est dessinateur industriel. Mais après sept ans de métier, « j’en avais marre d’être tout le temps sur un ordinateur et de faire de plus en plus en plus de gestion documentaire », raconte-t-il. Le jeune homme décide donc de se reconvertir plus près du travail manuel. « Je trouvais ça sympa, l’idée de travailler le métal, raconte-t-il. C’est un boulot super intéressant, varié, il faut savoir être précis dans ses gestes mais aussi avoir une connaissance des propriétés des différents métaux… » Le sous-traitant aéronautique béarnais qui l’emploie à l'époque propose justement des formations en interne ; et voilà Adrien Pitois devenu chaudronnier. Malheureusement, l’expérience tourne court. « J’arrivais du bureau d’étude, donc j’avais un super salaire, mais je ne suivais pas les temps parce que je débutais », se souvient-il. Vient le covid. « Je me suis retrouvé au chômage, ça m’a forcé la main, mais ça m’arrangerait. » Car c’est l’occasion pour le jeune homme de se lancer dans l’entrepreneuriat et de concrétiser un projet qui lui « trottait dans la tête » depuis longtemps : concevoir, construire et vendre ses propres vélos-cargo. « Je suis un cycliste passionné, mais des vélos-cargos encore plus, pour moi c’est vraiment le vélo à tout faire, s’enthousiasme Adrien Pitois. J’ai regardé les chiffres du marché et constaté qu'il y avait une forte demande. »Des innovations et des partenaires locaux« Le système français encourage beaucoup l’entrepreneuriat, considère-t-il. J’ai pu bénéficier de formations gratuites et d’aides qui m’ont aidé à me lancer ». En 2022, la Région Nouvelle-Aquitaine lui attribue une aide à la création d’entreprise de 6.000 euros. « Tout ça mis bout à bout, ça m’a permis d’y aller ». C’est la naissance d’Unikle. Dans son atelier niché dans les collines de Monein, il reçoit des tubes d’acier, les cintre, usine et découpe sur place, grâce à des équipements conçus sur mesure : un investissement de départ d’environ 50.000 euros fait sur fonds propres. Le reste du processus est confié à des partenaires locaux : la découpe au laser à Navarrenx, la peinture à Sauvagnon, l’usinage des pièces à Lacq, le textile à Argelès-Gazost par une société spécialisée dans les toiles de parapente. « J’essaie de mettre en avant des partenaires locaux autant que possible, ça fait partie de ma démarche », explique Adrien Pitois.À lire également - Réseau Entreprendre Adour : « Les porteurs de projets restent optimistes et à l'affût de nouvelles opportunités » Il conçoit aussi des vélos incorporant de nombreuses innovations : panneau solaire permettant de les recharger sans fil, direction par câble, moteur à l’avant… « J’essaie de prendre le meilleur de tous les vélos du marché, commente l’entrepreneur, mais ce n’est pas parce qu’on voit quelque chose que l’on sait le copier, ça n’est pas évident, il faut en passer par une phase de prototypage, se casser les dents plusieurs fois. Il ne faut pas sous-estimer ces phases qui sont chronophages et qui coûtent de l’argent. » Son système de direction par câble, par exemple, en est à sa troisième version, « et je vais passer à la quatrième version dans quelques semaines, avec une différence énorme en termes de ressenti et de maniabilité. »Un positionnement B2B et haut de gammeAprès deux ans de R&D et de prototypage, l’entrepreneur est enfin prêt à lancer la commercialisation. Les cibles sont à la fois B2C et B2B, avec des précommandes déjà enregistrées auprès de PME locales. « D’après les premières commandes et les études de marché que l’on a fait faire, nos clients seront des artisans, des PME, des gens qui ont des besoins spécifiques, qui ont besoin d’un véhicule léger qui pourra aller en ville, qui auront besoin de quelque chose fait sur mesure… », détaille-t-il. Pour 2024, Adrien Pitois se donne comme objectif de vendre dix unités. Avec un prix de vente de 9.300 euros, il assume un positionnement haut de gamme. « Pour que ça soit rentable, je dois en faire 13 par an au départ. Mais assez vite, quand les exonérations d’impôts des premières années s’arrêteront, il faudra en faire vingt par an pour que l’entreprise soit viable. Si ça marche, je pourrai embaucher sur certains postes et augmenter la production. » L’entreprise se fixe aussi comme objectif d’asseoir sa marque et d’atteindre « un peu de reconnaissance sur la qualité », afin de pouvoir augmenter petit à petit son prix de vente. Pour se faire connaître, Unikle mise sur les salons spécialisés : salon Asphodèle à Pau, Pyrénées Bike Festival, Pro Days de Toulouse… Et pour financer le développement futur de l’entreprise, Adrien Pitois prévoit de se tourner d’abord vers les prêts d’honneur à taux zéro. « Dans un deuxième temps, peut-être des prêts bancaires classiques pour servir de relais de croissance », imagine-t-il. À terme, l’entrepreneur envisage de sous-traiter la construction du cadre pour pouvoir augmenter ses volumes de production. Sans toutefois « se leurrer », nuance-t-il : son projet est voué à rester « artisanal ». Certaines pièces, comme les freins, se commandent aux fabricants par lots de 700 unités. « Ce n’est pas viable pour chaque composant, même en s’associant avec d’autres constructeurs. »

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