La Conciergerie Solidaire en quête de fonds pour dupliquer son modèle - Premium
La Conciergerie Solidaire, entreprise bordelaise de l’économie sociale et solidaire, ouvre son capital. Objectif : collecter 1,3 million d’euros, pour renforcer son réseau d’affiliés, et accompagner la montée en puissance de ses filiales. Avec, toujours, un objectif : œuvrer à l’insertion professionnelle par l’activité économique.
Depuis 2011, la Conciergerie Solidaire œuvre à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. Durant 6 à 18 mois, elle accompagne ses salariés pour leur permettre de construire un projet professionnel, et « sortir positivement vers l’emploi ». Mais si cette raison d’être a été le point de départ de l’entreprise, qui appartient à l’économie sociale et solidaire, cette dernière a bel et bien un statut commercial, et génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros. « On est dans le champ de l’économie concurrentielle, et notre statut nous permet d’avoir une légitimité face à de grands donneurs d’ordre comme Thales, Chanel, la mairie de Paris ou Bordeaux Métropole, affirme Sylvain Lepainteur, PDG de la Conciergerie Solidaire. Mais pour donner des garde-fous aux partenaires institutionnels avec lesquels on collabore, nous avons l'agrément ESUS, entreprise solidaire d’utilité sociale, qui garantit notamment une mission d’intérêt général, une lucrativité encadrée ou une échelle des salaires encadrée. »
La société se positionne sur un modèle BtoB. Elle s’adresse à des entreprises, des gestionnaires de tiers-lieux ou des collectivités (ses clients) pour implanter une conciergerie dans leurs locaux. « Notre objectif initial était de proposer des services, et on s’est rendu compte que la conciergerie est un bon moyen de le faire. C’est un lieu unique dans lequel des utilisateurs - habitants d’un quartier, salariés d’une entreprise - se rendent pour formuler des demandes de services divers et variés, poursuit Sylvain Lepainteur. Potentiellement, on peut faire ça dans tous les écosystèmes avec du flux, des gares, des campus universitaires, des hôpitaux… » La Conciergerie Solidaire développe trois offres : l’une professionnelle, dédiée à son client (accueil physique ou téléphonique, courriers, maintenance des machines à café…), l’autre pour des services personnels (ménage, repassage, cordonnerie…), et la troisième, un peu particulière. « C’est un programme d’animation que l’on co-construit sur mesure avec nos clients. Pour organiser un marché, une collecte de vêtements, un atelier de sensibilisation… Cela permet de concrétiser la politique d’engagement RSE des structures », affirme le PDG.
Mailler le territoire de nouvelles agences
Le modèle économique ne repose que sur l’abonnement payé par le client, et la société ne prélève aucune marge sur les services délivrés aux utilisateurs. Un modèle qui semble séduire, car la Conciergerie Solidaire compte une cinquantaine de clients, pour 30.000 bénéficiaires finaux. Le tout, réparti sur l’ensemble du territoire français. Car depuis 2018, l’entreprise a développé un réseau de sept filiales dont elle est quasiment le seul actionnaire, à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Lille et Strasbourg. « Nous nous appuyons également sur un réseau d’affiliés - des franchisés -, qui sont des structures indépendantes portant nos solutions sur leur territoire », complète Sylvain Lepainteur.
Pour accélérer, la Conciergerie Solidaire ouvre son capital une nouvelle fois. Après un premier tour de table de 850.000 euros, bouclé en 2018 auprès des investisseurs à impact France Active et NovESS, la structure cherche 1,3 million d’euros. Une somme qu'elle entend collecter de nouveau auprès de grands financeurs, mais aussi auprès de sa communauté via la plateforme Sowefund. « Le financement participatif est dans notre ADN. On trouve pertinent d’ouvrir notre capital à nos partenaires par exemple, qui sont plus de 1.500 sur toute la France, commente le PDG. On espère rassembler 300.000 euros via la plateforme, et deux fois 500.000 euros via des financeurs à impact plus classique dont un que l’on a déjà sécurisé. » Cette somme permettra au Bordelais de renforcer son réseau d’affiliés, peu travaillé jusqu’à présent, tout en accompagnant ses filiales dans leur montée en puissance. « On a un important potentiel de développement sur ces filiales, que l’on n’a pas encore exploité. » Objectif affiché : atteindre un chiffre d’affaires de 3,4 millions d’euros en 2024, « dont 90% a déjà été signé », avance notre interlocuteur. La Conciergerie Solidaire, en croissance, affirme ainsi être rentable « à l’échelle des filiales, mais pas à l’échelle du groupe. Aujourd’hui la moitié de ces filiales sont encore en phase de montée en puissance, et ne sont pas suffisamment contributrices pour permettre un équilibre global de la maison mère ».
En parallèle, Sylvain Lepainteur et ses équipes mènent plusieurs expérimentations sur le territoire, via leur laboratoire d’innovations sociales. Il est question ici des seniors et de leurs aidants, un domaine dont les problématiques intéressent les mutuelles et les Départements. « La conciergerie semble une solution intéressante à déployer, pour permettre le maintien à domicile. Ou, dans des résidences de services, pour animer la communauté. À l’issue des expérimentations nous en tirerons les enseignements, et on pourra proposer une offre nationale, à destination des seniors et des aidants des milieux ruraux, mais aussi des résidences de services et des EHPAD », conclut Sylvain Lepainteur.
La Conciergerie Solidaire
SAS créée en 2011
Basée à Bordeaux (écosystème Darwin)
80 salariés
CA : 2M€ (2022), 2,8M€ (2023)
