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Entrepreneuriat : trois questions à Nathalie Le Roux, directrice de La Ruche Bordeaux

Engagement
jeudi 02 février 2023

Nathalie Le Roux dans les nouveaux locaux de La Ruche, au 98, cours Alsace-Lorraine à Bordeaux. Crédits : MB

Implantée à Bordeaux – et à la Philomathique - depuis 2014, La Ruche, structure hybride d’accompagnement à l’entrepreneuriat, déménage aujourd’hui dans des locaux en propre. Un espace de 170 m² qui lui permettra de renforcer ses trois programmes de formation, auprès de certains publics : les femmes, les personnes éloignées de l’emploi, et les porteurs de projet installés loin des grandes métropoles. Explications avec Nathalie Le Roux, directrice de La Ruche Bordeaux.

Que signifie ce départ de la Philomathique, et la création de ce nouvel espace ?
Tout d’abord, nous avons vécu huit belles années en partenariat avec la Philo. Mais elle a des aspirations de développement pour ses propres élèves, et nous, nous avons de plus en plus besoin de salles d’atelier. Là, nous intégrons 170 m², un espace plus adapté – toujours avec un lieu de coworking. On continue notre développement, à équilibrer nos trois grands programmes dédiés à l’innovation sociale et environnementale. Autour de l’entrepreneuriat féminin, du programme Booster, pour les personnes éloignées voire très éloignées de l’emploi, et autour du programme Créateurs Nouvelle-Aquitaine soutenu par Bpifrance Création, pour le développement de l’activité économique des centres-villes, des cœurs de ville et des petites villes de demain.

Depuis le Covid-19, on a vu exploser la création des micro-entreprises… Mais aussi leur faillite, faute d’accompagnement ou de formation. Comment percevez-vous ce phénomène ?
Nous comptons, parmi les personnes que nous accompagnons, un taux de sortie positive de 88%. C’est-à-dire, soit une création d’entreprise avec le dépôt des statuts, soit un retour à l’emploi classique, en CDD ou en CDI de plus de six mois. Et sur ces sorties positives, 68% des accompagnés se sont lancés dans l’entrepreneuriat. Et chez nous, huit entreprises sur dix sont toujours en activité au bout de trois ans, tout programme confondu. C’est vrai que la micro-entreprise est une tendance de fond, qui reste la même depuis plusieurs années. Mais les porteurs de projet sont de plus en plus sensibles au développement durable, à la volonté de réfléchir à un modèle plus juste, plus inclusif et plus écologique. Il y a aussi une forte volonté d’être son propre patron, avec la notion d’autonomie, de bien-être et d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Beaucoup de personnes que l’on accompagne sont arrivés chez nous fatigués, parfois en burn-out, et leur reconversion est aussi parfois une reconstruction, pour eux. C’est aussi notre vision, car nous sommes convaincus que l’entrepreneuriat est un levier d’insertion sociale et professionnelle. On encourage évidemment à la création d’entreprises responsables, mais on travaille aussi beaucoup avec les femmes et les hommes derrière les projets – sur la confiance en soi, le développement d’un réseau, la notion de communauté.

Vous vous focalisez particulièrement sur l’accompagnement des femmes et des équipes mixtes dans l’entrepreneuriat. Ne progresse-t-on pas, en matière d’égalité d’entreprendre ?
Il y a effectivement davantage d’entrepreneuses, mais elles doivent encore prendre de la place – que ce soit dans l’espace public comme la société. Les chiffres bougent un tout petit peu dans le bon sens, mais globalement, il y a toujours deux entreprises sur trois qui sont créées par des hommes. Ce sont beaucoup de freins psychologiques, de clichés, de croyances à faire sauter du côté de la société mais aussi chez les femmes. En 2023, nous nous focaliserons particulièrement sur les femmes dans l’entrepreneuriat, y compris dans notre programme Créateurs Nouvelle-Aquitaine, pour les encourager à se lancer, où qu’elles soient. Même si, hommes comme femmes, nous devons les faire mesurer pleinement les désillusions potentielles. C’est un risque, un engagement, parfois on ne se dégage pas de salaire durant deux ou trois ans alors il faut être prêt.

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