Véronique Ferreira (Blanquefort) : « Je milite pour avoir une vraie industrie sur le territoire » - Premium

Il y a peu, l’opérateur immobilier Axtom a annoncé qu’une promesse de vente était signée pour le terrain de l’ancienne usine de Ford. Ce site, comme celui dit « des circuits » doit-il rester à vocation industrielle ? Oui. Notamment le site des circuits, ces fameux 12 hectares qui ont fait l'objet d’une transaction via un protocole d’accord avec Ford. Cet accord avait vocation à faire retrouver au terrain un savoir-faire industriel que nous perdions avec le départ de Ford. Ce ne sera pas forcément le même savoir-faire car on était dans une grande industrialisation de la fin des Trente glorieuses, mais je fais partie de ces maires qui militent pour avoir une véritable industrie sur le territoire. La crise du Covid nous l’a encore plus démontré - on doit fabriquer sur place, même si on ne peut pas tout produire. En février dernier, Hydrogène de France a dévoilé son projet de « gigafactory » pour produire des piles à combustible hydrogène de forte puissance. L’usine prendra place sur quatre des 12 hectares des circuits, est-ce un bon moyen, avec un tel « navire amiral » d’attirer d’autres sociétés ? Honnêtement, il y a pas mal de demandes aujourd’hui. C’est Bordeaux Métropole, propriétaire du terrain, qui les traite, et forcément il a des clauses de confidentialité donc je ne peux pas en dire plus. Concernant HDF, je ne sais pas si c’est le navire amiral du site mais ce qu’ils ont montré, c’est qu’il était possible de travailler sur de l’industrie, qui n’est justement plus issue des Trente Glorieuses, mais quelque chose de beaucoup plus en phase avec le 21e siècle. Ce qui m’intéresse aussi c’est qu’il y a plein de types de métiers et de niveaux de formation différents dans l’industrie. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est nécessaire de travailler sur ce pan de l’économie - pour pouvoir offrir des formations et des métiers à des personnes très à l’aise avec leurs mains, mais qui n’ont pas envie de passer par des masters ou autres longues études.Avoir des industries plus durables Y a-t-il des critères pour une activité industrielle « acceptable » ? Toute activité qui s'implante doit répondre à des critères, à Blanquefort comme ailleurs. Il faut surtout faire attention au foncier qu’elles consomment car il est cher et rare, les travaux sont plus onéreux également, et il y a toute la question de la ZAN [ndlr, zéro artificialisation nette des sols] à qui va bien évidemment poser question. Le deuxième critère, sans parler d’industrie durable, c’est la question de la consommation énergétique, de la production de déchets… On l’a déjà expérimenté sur la zone industrielle de Blanquefort avec le réseau Ziri qui a pour but de créer des synergies entre entreprises pour mutualiser leurs coûts - et qui essaime ailleurs ! Enfin, le troisième critère pourrait être « comment tout en restant soi-même, on crée une espèce de synergie sur le territoire, même avec des entreprises qui ne sont ni en amont, ni en aval de notre activité ? » Après, je n’ai pas de critère sur le domaine d’activité - je crois qu’il faut aussi se laisser surprendre par des propositions qui peuvent être faites. Il était question, un temps, que Ford vende une partie de ses terrains à Amazon… Pourquoi y étiez-vous opposée ? D’abord, je n’étais pas la seule à y être opposée. Ford voulait vendre un bout de son terrain, tandis que nous à Bordeaux Métropole, nous voulions réfléchir à un aménagement global de 50 hectares, et ne pas commencer avec des petits bouts. Ensuite la deuxième raison, je vais être honnête, c’est que le nombre d’emplois par rapport à la superficie construite était quand même très bas… Troisième raison, le site est proche de la métropole et de celui de Cdiscount, à Cestas, même s’ils ne jouent pas dans la même cour. Enfin, quatrième et dernière raison - on était sur des activités de logistique avec des camions, aucune étude n’avait été faite sur la question du trafic… En revanche, je connais bien la zone, et ça allait être invivable. Et puis j’ai toujours dans l’idée de privilégier au maximum, la fabrication de certains produits dans le coin… On peut comparer ça avec l’agriculture, où l’on fait de plus en plus attention à ce qu’on met dans l’assiette - ce serait peut-être bien qu’on ait ces alternatives locales pour un certain nombre de produits du quotidien ?Garder un territoire équilibré Le problème, et vous l’avez souligné, c’est la raréfaction du foncier. Comment dégager des terrains, des locaux pour les entreprises ? On a eu beaucoup de chances à Blanquefort, c’est que durant plusieurs années, il y avait une politique d’achat ou de préemption qui nous a permis d’avoir un peu de foncier économique - et de pouvoir se débrouiller avec ça. Après, je prends l’exemple d’un terrain sur lequel un aménageur va construire des cellules de 200 m². Je lui ai demandé de couper ses plans pour faire des cellules de 100 m², car il y a de la demande. Donc le secteur privé commence un peu à s’y mettre. Là en l'occurrence, ce sera du côté de la zone industrielle, et ça va produire, je pense, quelque chose d’assez intéressant pour les TPE. Si tout se passe bien, ce sera sorti de terre début 2025. Comment qualifieriez-vous le Blanquefort d’aujourd’hui ? Je ne sais pas s’il est très différent d’avant. C’est une commune qui reste équilibrée. Entre l’aspect logements - il y a énormément de familles -, l’industriel et le tertiaire. C’est tout sauf une cité-dortoir, et je n’ai pas besoin de faire de publicité pour que les gens aient envie de venir s’y installer. Il faut garder cette ligne-là, cet aspect très vert. Il y a une phrase que je dis souvent : j’ai un pied dans le Médoc, l’autre dans la métropole, et comme ça je suis très bien équilibrée.

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