Transition : Bordeaux Métropole Energies met 100 millions supplémentaires d’ici 2028 - Premium

« L’urgence climatique est là. Bordeaux Métropole est engagée vers la neutralité carbone d’ici 2050, c’est un impératif absolu. Et tous les acteurs du territoire, sans exception, devront être engagés si nous voulons atteindre cet objectif. » Au moment de dévoiler la feuille de route à horizon 2028 de Bordeaux Métropole Energies, sa présidente Claudine Bichet résume ainsi l’enjeu, estimant qu’il est logique que cette SEM, avec son actionnariat public et privé*, joue un rôle de premier plan dans ce cadre. D’autant qu’avec ses six filiales ou marques, Bordeaux Métropole Energies « œuvre sur la totalité de la chaîne énergétique », est-il souligné. Après une phase expérimentale sur la transition énergétique, place au déploiement à rythme « industriel ». Avec les moyens à la clef. Bon an mal an, BME investirait quelque 30 millions d’euros. Pour mettre en œuvre les nouvelles ambitions, ce sont « a minima » 100 millions d'euros supplémentaires qui seront engagés d’ici 2028. Moyens financiers mais aussi humains puisque sur cette période, ce sont 42 recrutements qui sont prévus pour muscler l’effectif, qui comprend actuellement 500 personnes.Réduire la consommationPremier axe : diminuer de façon drastique la consommation d’énergie, avec un levier majeur : la massification de la rénovation énergétique globale, pour les logements et les bâtiments tertiaires. « On veut accompagner 40% des copropriétés girondines via notre marques Facirénov », indique le directeur général Philippe Denis. A ce jour, quelque 117 copropriétés ont été accompagnées, représentant plus de 8.000 logements et « on a un objectif de 1.800 logements supplémentaires par an », précise-t-il. Concernant la maison individuelle, « c’est un sujet auquel on croit beaucoup, mais c’est un marché qui démarre tout doucement. Notre rôle est de l’accompagner, d’amplifier. Nous venons d’obtenir l’agrément “Mon accompagnateur Rénov”. Il y a des choses plus compliquées dans l’histoire, à savoir que le panier moyen a augmenté et devient élevé. Mais les aides de l’Etat viennent s’ajouter à celles de la métropole », ajoute-t-il.Un mix énergétique décarboné« On ne propose pas qu’une solution mais plusieurs », reprend le directeur. Le solaire sera l’axe principal. « Ça n’était pas une évidence, on n’était pas en avance », rappelle-t-il. Pour accélérer, l’accent sera mis sur les ombrières de parking et les toitures de bâtiments. « On vise d’ici 2028 une part de marché de 20% parmi les entreprises qui s’engageront dans la démarche », calcule-t-il. Concernant la solarisation, l’objectif est de faire passer le carnet de commandes, 30 MWc actuellement, à 120 MWc d’ici 2028. « Là aussi c’est une ambition a minima ». Les centrales au sol mais aussi flottantes ne sont pas oubliées, avec comme premier exemple un projet de 11 MW obtenu par la filiale Néomix sur la commune de Soussan.D’ores et déjà exploitant de réseaux de chaleur renouvelable, quatre sur les dix de la métropole, BME va poursuivre dans cette voie, avec bientôt une nouvelle chaufferie à Mérignac Centre. Mais mise aussi sur le froid renouvelable. « On développe des systèmes innovants », savoure Philippe Denis, visiblement intarissable sur le sujet. « Un sujet énorme, qui va devenir de plus en plus important. Mais aussi complexe, avec des problèmes de faisabilité économique car, hormis les entreprises, personnes ne paye pour le froid », reprend Claudine Bichet. Et le binôme de révéler qu’une première réalisation en ce sens allait voir le jour au sein du projet Canopia (ex-Rue Bordelaise) porté par le promoteur Apsys. A la clef : 5 MW de froid renouvelable.Enfin, les gaz verts viennent compléter ce mix énergétique. « Nous avons trois méthaniseurs, bientôt quatre l’année prochaine. Il y a le projet Hydrogénia de fabrication à Bacalan d’hydrogène vert à partir d’électricité renouvelable, pour alimenter des bus TBM. Mais aussi le projet d’unité de traitement de biodéchets alimentaires à Eysines avec la société Moulinot, qui sera inauguré au deuxième trimestre. Et aussi en vue cinq stations de mobilité décarbonée, bioGNV et électrique, dont une à Bassens cette année, une autre à Bruges en 2025 », déroule le Philippe Denis.Se dégager du gaz fossileDans son ensemble, Bordeaux Métropole Energies réalise un chiffre d’affaires annuel d’1,4 milliard d’euros. « Nous avons une économie portée par le gaz », reconnaît le directeur général : 85 à 90% de l’activité proviennent des sociétés Gaz de Bordeaux et Régaz. « Le sujet, c’est qu’émergent progressivement en relais de croissance les sujets qui se trouvent à être vertueux et correspondant aux évolutions sociétales », déroule-t-il. « C’est une activité qui va décroître et s’éteindre progressivement vers des activités nouvelles et décarbonées. On travaille sur une feuille de route de décarbonation pour les activités gazières », annonce pour sa part, en demandant « un peu de patience », la présidente Claudine Bichet.* Bordeaux Métropole (67,9%), Engie (20%), Banque des Territoires (12%), 13 communes de Gironde (0,1%).

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