Ecosystème Darwin : la Métropole annonce une sortie de crise - Premium
L'écosystème Darwin accueille en temps normal 750.000 visiteurs par an. Crédits : Adobe Stock Claudia
Un accord semble avoir été trouvé entre la Métropole bordelaise, l’aménageur de la ZAC Bastide-Niel et l’écosystème Darwin, concernant l’occupation de terrains illégale par ce dernier. Pour Philippe Barre, fondateur de Darwin, cette déclaration officielle était indispensable pour « franchir une nouvelle étape ».
Cela fait plusieurs années maintenant, que l’écosystème Darwin et Bordeaux Métropole Aménagement (BMA, aménageur de la ZAC Bastide-Niel) sont en conflit. À l’origine de la discorde, des terrains et la route traversant l'ancienne caserne Niel, dont l’occupation est illégale. Si les deux parties restaient sur leur position, les organisations Darwiniennes ayant même claqué la porte de la médiation judiciaire en mars 2019, l’espoir reposait sur les deux nouvelles têtes de l’exécutif métropolitain : Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, et Pierre Hurmic, vice-président de la collectivité et maire de Bordeaux. À l’occasion du premier bilan de la mandature écologiste, l’adjointe au maire chargée des finances Claudine Bichet avait adressé un message d’apaisement. « L’écosystème joue un rôle absolument majeur sur notre territoire bordelais et notre nouvelle équipe y est extrêmement attachée. […] Nous travaillons depuis plusieurs mois à un double objectif, résoudre les difficultés de gestion quotidienne du site ; et surtout mener un travail de fond avec Bordeaux Métropole et Darwin pour sortir du blocage et de l’enlisement des dernières années, avec une occupation illégale du domaine public. »
Sept mois plus tard, le dossier avance. Ce vendredi 28 janvier en conseil métropolitain, une délibération est venue clarifier la situation de l’écosystème, concernant les bâtiments des Magasins Généraux Nord, acquis en 2010. « En renonçant à la clause résolutoire inscrite dans l’acte de cession, Bordeaux Métropole considère que le programme réalisé correspond aux ambitions initiales ayant conditionné la vente ; et permet donc de conforter l’écosystème, et lui permet de poursuivre son développement », peut-on lire dans un communiqué. La Métropole annonce poursuivre les échanges avec la Ville de Bordeaux et l’aménageur, pour régulariser l’ensemble des associations présentes sur le site. « Il est envisagé une implication de la ville de Bordeaux aux côtés de Darwin dans l’acquisition des fonciers bâtis occupés », détaille le communiqué.
Une promesse de régularisation
Pour Philippe Barre, fondateur de Darwin, l’heure est au soulagement. « Il était très important de franchir cette étape avec une déclaration institutionnelle et officielle, qui entérine une volonté politique qui nous est donnée depuis plusieurs mois, réagit-il. Cette délibération entérine une situation qui devait l’être depuis plusieurs années sur les Magasins Généraux Nord, et il était essentiel qu’il n’y ait plus de suspension administrative sur cette partie, terminée depuis plusieurs années ; et sur le reste de l’écosystème où l’on avait perdu nos titres d’occupation. » Sont concernés la rue centrale et les rues intérieures, les hangars associatifs, les ateliers, la ferme urbaine et le lycée alternatif Edgar Morin. « Nous avons une promesse de régularisation l'occupation associative dans les prochaines semaines, reprend Philippe Barre. Ce qui était le cas depuis plusieurs années, mais qui ne s’était jamais traduite dans les faits. Là, non seulement nous avons une déclaration officielle, mais il y a des ébauches de travail. » Un rendez-vous avec l’aménageur est ainsi prévu dans les jours à venir.
Doubler les emplois directs d’ici quelques années
Les projets, pour 2022, sont donc relancés. Déjà, en décembre dernier, l’espace économique baptisé les Forges avait été inauguré dans les Magasins Généraux Sud ; ouvrant une nouvelle dynamique autour de l’artisanat, de « l’éco-working » et des fab-lab. Désormais un pôle d’écomobilité douce est envisagé, et un espace sur la production alimentaire en ville. L’écosystème souhaite confirmer et développer son pôle solidarité, proposant un accueil d’urgence pour les personnes dans le besoin ; mais aussi le lycée Edgar Morin et son enseignement populaire. « Toutes ces parties avaient besoin d’une clarification, maintenant nous allons pouvoir accélérer, martèle le fondateur de Darwin. L’écosystème est créateur de valeurs sociales, entrepreneuriales et d’emplois ! Aujourd’hui plus de 1.300 emplois directs sont créés sur le site, et ce nombre pourrait doubler dans les prochaines années, si et seulement si tous les points de régularité administrative se résolvent. »
Surtout, Philippe Barre souligne qu’aujourd’hui, les partenaires financiers et institutionnels soutiennent le projet. D’autant qu’avant la pandémie, Darwin était le deuxième lieu touristique de la métropole après le miroir d’eau, accueillant chaque année 750.000 visiteurs. « Mais nous n’avons jamais parié sur la carte du tourisme. C’est quelque chose qui nous est arrivé sans le souhaiter, on ne réfléchit pas le lieu en destination touristique. Nous sommes centrés sur les réponses à des besoins d’habitants, travailleurs et familles bordelaises, et il se trouve que cette réponse convient à une large partie de visiteurs. On ne refuse pas ces touristes, seulement, on fait attention à protéger notre écosystème d’une "touristication" qui nous rendrait dépendants de cette dernière », conclut Philippe Barre.
