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Comment ETIncelles veut booster les PME en ETI

Écosystème
mardi 28 novembre 2023

Lancement d'ETIncelles sous les ors de la République. Crédit : Elysée

Parmi les 100 PME qui intègrent le programme ETIncelles voulu par le président de la République, 11 sont issues de la région Nouvelle-Aquitaine. Comment ont-elles été choisies ? Qu’attendent-elles du dispositif d’accompagnement et en quoi diffère-t-il des autres ? Les dirigeants d’Epsilon Composites et d’AIO, deux PME régionales qui ont été retenues ont répondu à nos questions.

Officiellement lancé il y a quelques jours par le président de la République, le programme « ETIncelles » est « une initiative de l’Etat destinée aux petites et moyennes entreprises qui ont l’ambition et la volonté de devenir des ETI » [ndlr : entreprises de taille intermédiaire], indiquent les services de Bercy (ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique). Avec une ambition simple : « Accompagner les PME de croissance dans leur développement, les aider à lever les freins administratifs et ainsi maximiser leur potentiel. » Premier point : les entités ciblées. « Les PME n’étaient pas assez dans le scope du gouvernement », estime ainsi Cyril Dané, président d’AIO, enthousiasmé par ce qu’il voit comme une « expérimentation ». Pour sa part, Alexandre Lull, directeur général délégué d’Epsilon Composite, souligne « qu’être PME induit une certaine fragilité. Le gouvernement a beaucoup mis l’accent sur les startups et les grands groupes. Il a compris l’importance d’avoir des ETI. A ce stade-là, on a une taille critique, suffisante pour avoir des services dédiés, à la R&D, pour la gestion de la propriété intellectuelle, pour les achats… »

Lever les freins administratifs, une attente visiblement partagée et attendue par les impétrants. « Nous sommes face au mille-feuille administratif, il y a beaucoup trop de complexité. Il y a quelques années, le sommet de l’Etat a parlé d’un choc de simplification. On espère avec ce programme faciliter nos relations avec les services de l’Etat », reprend Alexandre Lull, qui dirige comme il le dit une « grosse PME » de 220 salariés, spécialisée dans les matériaux composites et qui réalise déjà plus de 80% de son chiffre d’affaires (33 millions d’euros) à l’export. Dans le cadre d’ETIncelles, il est ainsi annoncé « un suivi individualisé par un interlocuteur unique », qui réalise un entretien de diagnostic avec la PME lors de son entrée dans le programme, pour lui proposer « des solutions opérationnelles répondant à ses besoins ». Cette promesse de lien direct retient l’attention des dirigeants interrogés. « Sur certaines prérogatives qui relèvent de l’Etat, ça pourrait lever des blocages », reprend Alexandre Lull, qui cite pêle-mêle les questions environnementales, le Crédit Impôt Recherche, les contraintes liées à la composition du capital… En termes de moyens directement affectés, ce sont ainsi une quinzaine de collaborateurs directs au sein du dispositif et un réseau de 45 correspondants ETIncelles dans différentes administrations qui sont évoqués.

Une brique pour la réindustrialisation ?

Reste qu'à ce jour, ce ne sont qu’une centaine de PME « privilégiées » qui sont embarquées. Comment ont-elles été choisies ? Là, pas d’appel à manifestation d’intérêt ou de mise en place d’un guichet, des méthodes mises de côté mais qui pourraient, dans un second temps, reprendre leurs droits. « On ne sait pas comment on a été retenu, on a pris contact avec nous et on a commencé à travailler avec les services de l’Etat depuis cet été », confesse Cyril Dané. Pour sa part, Alexandre Lull et ses équipes ont été contactés dès mars dernier : « On fait partie de la promotion expérimentale. » Pour ce démarrage, la logique jupitérienne a donc prévalu. Cela peut-il créer un décalage entre PME retenues et les autres ? Cyril Dané, qui déplore « qu’il y a beaucoup trop de bureaucratie, les gens ne se parlent pas, y compris entre services de l’Etat parfois », veut ainsi croire que les premières promotions d’ETIncelles « pourraient rendre plus agiles les services de l’Etat ».

Prévu sur une durée minimale d’un an, avec possibilité de prolonger de six mois pour les entreprises qui le souhaitent, cet accompagnement est perçu comme complémentaire à d’autres dispositifs dont peuvent bénéficier les PME et leurs décideurs. « Selon les aides et les dispositifs, il y a des effets de seuil, ça complète la boîte à outils », estime le patron d’AIO, qui voit aussi dans ETIncelles « une reconnaissance pour les équipes » et estime que cette accélération pour devenir ETI « va ramener des usines en France ».

Les 11 PME régionales retenues
AIO, Atulam, Discac, Epsilon Composite, Fermentalg, Hydrogène de France, Imepsa, Next Emballage, Sicsoe, Synergy, Tehtris.

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