Lepty parie sur une techno aluminium-air pour des batteries sept fois meilleures - Premium

Et si, avec deux ressources particulièrement abondantes, on pouvait faire une batterie qui, de surcroît, aurait la bonne idée d’offrir une autonomie record, un haut niveau de sécurité et, cerise sur le gâteau, un potentiel de valorisation de ses propres déchets ? Gageure ? Ambition répond Lepty, jeune pousse girondine hébergée à Pessac dans les locaux de ChemInnov (Unitec). Celle-ci s’appuie sur une innovation de rupture, l’alliance aluminium-air. « Le principe est quasiment identique aux piles à hydrogène », schématise Martin Aurientis, fondateur et CEO de la jeune pousse. Laquelle valorise une technologie brevetée, issue d’une maturation auprès de la SATT Aquitaine Science Transfert et de l’ICMCB (Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux, Université de Bordeaux, Bordeaux INP). Pour vulgariser, l’aluminium va fixer l’oxygène et, en échange, libérer des électrons, produisant un courant électrique. « Le principal avantage c’est que l’aluminium est extrêmement dense en énergie, on a un facteur 100 par rapport à la quantité d’énergie de l’hydrogène dans un réservoir sous pression à 750 bars. Donc c’est beaucoup moins volumineux et beaucoup plus léger que les autres technologies de batteries », commence notre interlocuteur, évoquant, en conditions réelles, une autonomie sept fois supérieure. « La force de notre techno, c’est que l’oxygène qu’on utilise est celui de l’air, contrairement à une batterie classique qui va stocker l’oxygène à l’aide de métaux rares comme du nickel, du cobalt, du manganèse. On remplace ça par une fine membrane qui absorbe l’oxygène ambiant », dévoile-t-il.Prototype de batterie, avec les plaques en aluminium comme source d'énergie. Crédit : LeptyL’air du ciel et donc l’aluminium du sol, « le métal le plus abondant de la croûte terrestre, mille fois plus présent que le lithium, équitablement réparti à la surface du globe », égrène encore le dirigeant qui souligne en outre la présence d’industriels de poids en France pour la production de cette ressource, tels qu’Alteo ou Dunkerque Aluminium. La promesse ? Décupler l’autonomie des systèmes de mobilité légère, voire moins légère. Les deux usages ciblés en priorité, « c’est de faire des batteries pour les bateaux électriques et pour les groupes électrogènes zéro émission, deux sujets qui ont les mêmes problématiques, à savoir l’autonomie et des batteries pas trop volumineuses ni trop lourdes ». Pour l’heure, Lepty dispose d’un premier prototype de 700 watts, « qu’on a mis en place sur un vélo ». Ça n’est pas le premier marché ciblé mais le démonstrateur est jugé intéressant. « Aujourd’hui, notre enjeu est de monter en puissance, atteindre 5.000 watts au minimum pour les bateaux électriques puis 60.000 à 80.000 watts pour les groupes électrogènes. »Lever des fonds maintenant puis dans deux ansPour franchir le premier palier, Lepty veut lever des fonds et cherche actuellement entre deux et trois millions d’euros, une opération qu’elle espère boucler au mitan de l’année en cours. Cette manne permettra de doubler l’équipe composée actuellement de six personnes, en rajoutant des profils principalement techniques, mais aussi un business developer pour la partie commerciale. Des discussions sont en cours avec des professionnels qui font de la gestion de flottes : loueurs de bateaux électriques ou de scooters des mers, des stations nautiques… et des loueurs de groupes électrogènes type Kiloutou ou Loxam. La jeune pousse se donne 18 à 24 mois pour pouvoir leur proposer des solutions commercialisables.À partir de là, Lepty pourra enclencher sa phase industrielle, qui supposera une nouvelle levée de fonds, série A cette fois. L’ambition n’est pas de totalement internaliser la production. « Le cœur de la technologie, c’est la cathode, protégée par des brevets mais aussi avec un savoir-faire qu’on va industrialiser nous-mêmes pour le garder secret, tout comme l’assemblage final », prévoit-il. Sans attendre, les dirigeants commencent à regarder pour trouver le lieu idéal. « La plupart des autres startups de la chimie avec lesquels on discute ont cette problématique et ça peut prendre beaucoup de temps », confirme Martin Aurientis. Pour l’heure, l’entreprise ne génère aucun chiffre d’affaires et se focalise « totalement sur la R&D », vivant sur un pécule approchant le milieu d’euros où se mêlent première levée de fonds auprès de business angels, financement Bpifrance, obligations convertibles, bourse French Tech Emergence, financement iLab et, pour un quart du total, subvention du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.Un modèle économique à double entrée« On est sur un modèle plus proche d’un Nespresso que d’un vendeur de batteries », avance le dirigeant. Lepty prévoit de commercialiser ces dernières, mais aussi le consommable - l’aluminium - qui va avec. « Avec notre techno, le coût d’achat sera plus faible que celui d’une batterie classique. Le prix sera plus élevé que celui de l’électricité quand on recharge sur une prise, mais notre solution est plus rapide, quand tout l’aluminium est consommé, on met une plaque neuve », explique-t-il. Quand la batterie est « vide », l’aluminium est entièrement oxydé et devient une poudre, l’alumine. « Ni toxique, ni inflammable, ni explosive », rappelle d’emblée le dirigeant. « C’est 100% recyclable, on peut la renvoyer aux industriels qu’on a en France, capables de retransformer en aluminium, qui est le seul métal recyclable à l’infini. » Mais une autre valorisation de ce « déchet » est possible, dans une logique d’économie circulaire. « L’alumine, c’est aussi une matière première utilisée par d’autres industries, pour la fabrication de LED ou comme séparateur dans les batteries lithium-ion classiques. Notre objectif est donc de la récupérer, on mettra des bennes à disposition des loueurs et on organisera toute la logistique pour récupérer et valoriser. L’idée est d’avoir zéro perte dans le process et de maximiser même cette ressource et notamment son impact écologique mais aussi économique. »LeptySAS fondée en septembre 2021Siège social à Lanton, locaux à Pessac (ChemInnov)Effectif : 6 personnesCA : nc

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