Ibaïa Boats, le petit chantier naval qui prône l’éco-construction - Premium

À La Teste-de-Buch, une petite équipe s’active dans les bureaux de SB Yacht Design. Un cabinet d’architecture navale créé en 2015 par Thomas Serré, lui-même architecte de formation. Ici, les six salariés travaillent majoritairement pour des professionnels. Soit via des prestations de services, pour le compte de chantiers sous-traitant certaines missions ; soit pour des projets entièrement réalisés par SB Yacht Design. « Depuis toujours j’ai une approche assez écologiste, or la construction nautique n’est pas forcément un très bon exemple la matière, explique en préambule Thomas Serré. Depuis que j’ai monté le cabinet, tous les ans je m’efforce de trouver au moins un ou deux projets où il est question d’optimisation écologique des bateaux. On a développé pas mal de systèmes pour des méthodes de fabrication alternatives, notamment en matière de propulsion. » Problème : lorsqu’un jour, un client de SB Yacht Design signe pour un bateau fluvial doté de plusieurs solutions écologiques, aucun chantier n’accepte le projet. « On ne révolutionne rien, tout ce qu’on fait existe déjà mais c’est quand même un peu différent de ce qui se fait traditionnellement, ce qui demande de s’adapter », résume notre interlocuteur. Alors, Thomas Serré décide de créer un chantier qui, lui, sera adapté. Nous sommes en 2022, et Ibaïa Boats voit le jour, installé pour le moment à Gujan-Mestras. Ici, la petite équipe (3 personnes internalisées et presque autant de sous-traitants) est bien loin du travail à la chaîne. Les bateaux sont construits à la demande, après avoir scrupuleusement étudié les besoins du client. Des bateaux fluviaux plus écolo Si chaque projet est personnalisé, il ne s’agit pas de construire un bateau unique à chaque fois. Ibaïa Boats se base sur deux modèles type, modifiée ensuite pour entrer dans le cahier des charges. « On a le House Boat, qui est un peu notre vaisseau-amiral, détaille Thomas Serré. Il y a énormément de bois, donc ça reste une construction peu impactante même s’il y a de la résine époxy, qu’on ne sait pas recycler plus tard. On utilise de la fibre de lin plutôt que de verre, car ça pousse en France, son tissage est aussi réalisé dans le pays. » Un bateau très haut de gamme et entièrement autonome destiné à la navigation fluviale, mais dotée d’une propulsion suffisamment puissante pour s’aventurer en mer. Le second bateau, baptisé le Coche, n’est lui destiné qu’au fluvial. « Quasiment tous les matériaux utilisés pour sa construction sont recyclables, reprend notre interlocuteur. Finalement, il est conçu comme un habitat bois, avec l’isolation et tout ce qui va avec. » Ce bateau coûte, selon les options, aux alentours de 300.000 euros. La jeune pousse cible autant les particuliers que les professionnels. Elle a pour le moment vendu deux bateaux, et compte sur ces « preuves de concept » pour conclure de nouveaux contrats. « Le deuxième bateau que l’on construit devrait avoir sept "frères" car notre client souhaite créer une flotte. Énormément d’autres prospects sont intéressés, mais attendent de voir nos premières réalisations pour les tester. »Grandir, mais garder une taille humaine Ibaïa Boats n’a pour le moment qu’une capacité de production limitée (3 à 5 bateaux par an), et espère bien déménager sur un site en propre, mieux doté, pour se développer. « À terme, l’objectif est d’avoir une capacité d’une quinzaine de bateaux par an. Quand on en sera là, on atteindra un bon équilibre financier, espère Thomas Serré. L’objectif n’est pas de créer un grand groupe qui produirait 100 bateaux par an, je préfère rester sur une production plus restreinte mais qualitative, en circuit court. » Si le dirigeant d’Ibaïa Boats aimerait voir son futur site de production opérationnel dans les deux ou trois ans à venir, il reste lucide : « Je crains que ce soit plutôt trois ou quatre ans. » En attendant, pour se donner un coup d’accélérateur, la jeune entreprise planche sur une première levée de fonds, qui pourrait arriver d’ici la fin de l’année, sans communiquer le montant recherché. En parallèle, l’architecte naval conçoit de nouveaux types de bateaux et de propulsions, à faibles émissions. Notamment pour le transport de passagers, avec une propulsion solaire. Et l’hydrogène ? « Aussi, pour un bateau qui servirait à organiser des réceptions par exemple. Mais je limite énormément car aujourd’hui l’hydrogène n’est pas suffisamment vert à mon goût, même si c’est voué à s’améliorer », conclut Thomas Serré. Ibaïa BoatsCréé en 2022Basé à Gujan-Mestras3 salariésCA : n. c.

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