Biotech : comment Neo Earth veut devenir leader des microalgues augmentées - Premium

Si l’on dit « activité : microalgues » et « siège social : Libourne », le nom de Fermentalg vient fatalement à l’esprit. Et pourtant, le petit nouveau Neo Earth chamboule le jeu en cochant lui aussi ces deux cases. Coïncidence ou choix délibéré ? « C’est tout à fait un hasard, mon associé habite là-bas », sourit Charles-Antoine Boels. Directeur général de cette jeune pousse fondée mi-2022, ayant travaillé précédemment dans les milieux des fonds d’investissement, il est la partie belge du binôme formé avec Saïd Ihammouine, président de l’entreprise girondine, affichant une expérience de 15 ans dans le secteur des microalgues.Un domaine qui souffre, selon le duo, d’un problème de faible productivité entraînant des coûts de fabrication élevés et pour lequel ils ont la solution. « Nous développons des souches de microalgues améliorées, à haut rendement », pose le dirigeant. Par quelles manipulations complexes ? « En fait, Saïd Ihammouine a créé un nouveau procédé de sélection naturelle, on peut dire darwinien. Nous sélectionnons les souches les plus productrices de telle ou telle molécule d’intérêt, des antioxydants ou des lipides par exemple, en fonction des besoins. Donc aucune manipulation, pas d’OGM », souligne-t-il. Si les ratios diffèrent selon les souches choisies, les gains annoncés seraient tout sauf négligeables : « Sur notre première version, on est à 50% d’amélioration de rendement sur la molécule d’intérêt. On travaille déjà sur la V2 qui aura une amélioration supplémentaire du même ordre, et ainsi de suite. À moyen terme, on espère arriver à 400%, ce qui serait vraiment un disrupteur de marché », évoque Charles-Antoine Boels.Un outil de production innovantPour son développement commercial, Neo Earth entend prioritairement cibler les gros producteurs de microalgues, qui sont eux-mêmes fournisseurs de biomasse pour les industriels de l’aquaculture, de la nutrition animale ou humaine, de la cosmétique… « Nos clients potentiels sont majoritairement situés en Europe et au Moyen-Orient. On a aussi contacté des prospects aux Etats-Unis, là c’est à un stade plus précoce. » Le modèle économique envisagé est simple : « Les producteurs à qui on licencie nos souches paieront des royalties en fonction du volume de production », indique le dirigeant. Pour poursuivre son développement, Neo Earth vient de boucler son premier tour de table. Cette levée de fonds d’amorçage, dont le montant est tenu confidentiel, fait intervenir les fonds Newfund (via NAEH 2) et Jeriko, ainsi que des business angels. L’objectif est d’accélérer encore sur la R&D, ce qui va supposer de recruter, pour étoffer le duo de techniciens de laboratoire qui secondent les fondateurs. Lesquels cherchent également à se doter d’un laboratoire - environ 50 m² - pour remplacer l’actuel, le volet immobilier étant toujours en cours sur ce plan.Saïd Ihammouine et Charles-Antoine Boels. Crédit : Neo EarthD’autant que Neo Earth a un autre fer au feu, avec sous le coude un brevet déposé pour un système de production. Là aussi avec la promesse de meilleurs rendements. Laissant de côté les systèmes de raceway - sorte de piscines circulaires - « qui coûtent peu cher à installer, entretenir et exploiter mais sont moins performants et avec des risques de contamination car le milieu est moins contrôlé », la jeune pousse regarde plutôt vers les photobioréacteurs, avec une innovation maison. « Ça comprend une membrane qui permet un meilleur filtrage et aussi de placer notre système dans un milieu aquatique », expose le directeur général. Qui argumente : « Ce faisant, notre système vient se nourrir directement du milieu aquatique et donc du CO2 dissout mais aussi des polluants aquatiques comme les nitrates et phosphates. » Lesquels sont des rejets de l’agriculture, responsables de la prolifération des algues vertes. À la clef : « On consomme moins d’énergie et de nutriments, donc la production est moins chère et on dépollue l’environnement. » Enfin sur le papier : le premier prototype de ce photobioréacteur membrané est encore à venir. Sa réalisation, peut-être à partir de 2025, supposera là aussi de recruter des ingénieurs de production, en même temps que l’embauche de business developers et d’un profil sur le marketing.Neo EarthSAS fondée en juin 2022Siège social : LibourneEffectif : 4 personnesCA : NC

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