Vins & spiritueux : nouveau tour de table pour un nouvel Elan - Premium

La société girondine Elan se projette vers un nouvel avenir et vient de recomposer son actionnariat afin de disposer des moyens, financiers mais aussi techniques, nécessaires à ces ambitions. L’entité a été fondée en 2000 par Mathieu Bonneville et Thomas Burgelin, ses directeurs généraux. « Le modèle est simple. C’est une société française, basée à Bordeaux et propriétaire de filiales dans des pays asiatiques et qui assurent la distribution de vins et de spiritueux haut de gamme. Elles se fournissent exclusivement auprès de la société mère bordelaise. Ici, en France, on s’occupe de la gestion et des achats de vins du monde entier pour le compte des filiales. On se charge de la logistique et les filiales font la mise en marché. C’est une structure intégrée, avec des synergies fortes », explique le premier. « On ne vend dans un pays que si on y a une filiale », renchérit le second.Le binôme s’est rencontré au début des années 2000 en Russie, où il fonde en 2002 sa première société d’importation, fermée en 2022 en raison du conflit avec Ukraine. « La structure employait une quarantaine de personnes et représentait un peu plus de 10% de notre chiffre d’affaires. Elle n’était pas forcément très rentable, mais sa fermeture n’a pas été facile humainement », clôt Mathieu Bonneville. Une entité est créée au Kazakhstan en 2003. Suivent la Chine en 2006, Hong Kong en 2019 et la Corée du Sud en 2023. L’année écoulée s’est d’ailleurs achevée par une évolution du modèle, une acquisition au Japon, première expression d’une évolution dans le mode d’expansion. « Il y a 10 ans, on n’avait pas la capacité financière pour de la croissance externe », justifie encore le dirigeant.Asie-Pacifique toujours au centre du jeuUne situation qui a évolué depuis la refonte de l’actionnariat récemment entreprise. Présent depuis 2015, Leitmotiv (family office créé à Hong Kong par Yan et Guy d’Auriol ainsi que François Tardan) se désengage partiellement, conservant une participation minoritaire. Un gros septennat au cours duquel le chiffre d’affaires du groupe est passé de 13 à 47 millions d’euros, « uniquement par croissance organique », est-il souligné, « notamment sur les trois dernières années où la taille a doublé ».Unigrains, société parisienne d’investissement, prend le lead du nouveau tour de table. « C’est un acteur de référence spécialiste de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie. Vis-à-vis des partenaires bancaires et des grands groupes de production, ça consolide l’image du groupe. C’est une grosse structure, qui nous donne accès à un certain nombre d’expertises, notamment financière, en vue de réaliser de nouvelles acquisitions », analyse Thomas Burgelin. Aux côtés de cet acteur qui gère quelque 950 millions d’actifs, l’opération fait également intervenir Kresk Développement (1,5 milliard d’actifs consolidés). Créé en 2014, il s’agit du family office de Didier Tabary, ex-actionnaire majoritaire des Laboratoires Filorga. « C’est un vrai profil d’entrepreneur, il a une très forte connaissance de la Chine, notamment sur l’animation des ventes en digital ». Enfin, tous les dirigeants - une dizaine - des filiales font également leur entrée au capital. « Ce sont des gens à potentiel, on voulait augmenter le pool de manager investisseurs, dans une optique de partage de la croissance », explique Mathieu Bonneville.Au-delà de la croissance organique où il y a « beaucoup à aller chercher » selon Thomas Burgelin, l’ambition est bien de ne plus démarrer de zéro dans les prochains pays visés, mais bien d’y racheter des structures existantes. La typologie est identifiée : « typiquement comme ce qu’on a fait au Japon, une dizaine d’années d’existence, un portefeuille de clients intéressants pour nous c’est-à-dire CHR et haut de gamme, une structure qui demande à grossir mais qui a besoin d’un peu d’élan, de cash et de structuration… Tout ce qu’on a fait pendant des années et qu’on peut reproduire », indique Mathieu Bonneville. Plusieurs pays sont ainsi « sur le feu », toujours sur la partie asiatique du monde, avec en tête de file l’Australie. « Le plus important sera de bien dimensionner les acquisitions », prévient-il. Avec l’ambition de maintenir une croissance annuelle de 15 à 20%.En quelques chiffresElan emploie quelque 250 personnes, dont une dizaine seulement au siège bordelais, assurant les fonctions achats, finances et logistique. L’essentiel des forces vives est directement implanté « directement dans les pays où on compte des filiales. Il faut du monde pour le dédouanement, dans les entrepôts et pour toute la commercialisation et mise en marché. La moitié de notre effectif, c’est de la force de vente, au service de 4.000 clients B2B ». Le secteur CHR est prioritaire, « notamment la grande restauration, les étoilés Michelin, les grands hôtels… ». En 2023, Elan a réalisé un chiffre d’affaires de 47 millions d’euros, en commercialisant près de 2,8 millions de bouteilles - 50% en vins tranquilles, 25% en effervescents et 25% de spiritueux - contre 2,5 millions un an plus tôt.ElanSAS bordelaise fondée en janvier 2013Effectif consolidé : 250 personnesCA 2023 : 47 M€

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