Retailtech : Ouidrop lève 2M€ pour passer à l’échelle industrielle - Premium

On pourrait appeler ça un pivot. Thibault Soulier, le fondateur et président de Ouidrop, préfère parler de « changement de marché ». Fêtant aujourd’hui les six ans de sa création, cette société bordelaise était née pour porter un concept de vestiaire automatisé. Prête à se lancer début 2020, la SAS avait vu le covid paralyser pour de longs mois le secteur de l’événementiel, premier cœur de cible du produit en gestation. A la faveur d’un succès lors d’un concours technique, la startup gagnait un stand offert au salon VivaTech 2021. « On s’est retrouvé en face du groupe La Poste », se remémore le dirigeant, qui évoque des discussions avec une responsable de la branche colis qui font mûrir l’idée de se réorienter vers le click & collect. Un premier partenariat se concrétise avec le géant des services postaux et un nouveau cycle de développement technique est enclenché, tant pour la partie matérielle que pour créer un environnement logiciel adapté à la logistique du commerce en ligne. 2022 : la première « station colis » maison est livrée.Baptisée Dropper, elle garde cette dimension de consigne automatisée, désormais adaptée à l’e-commerce : des casiers (une quinzaine de tailles différentes), des bras robotisés de manutention, permettant de stocker et de délivrer de 100 à 1.500 colis secs, frais ou surgelés, y compris de grandes dimensions si nécessaire (vélo, meuble en kit…), en mode 24/7. Plusieurs typologies de clients sont adressés : « Les centres commerciaux, les logisticiens, les acteurs de la grande distribution », déroule le dirigeant, qui précise « on leur vend l’équipement, dimensionné quasiment sur mesure en fonction des besoins et on vend également un forfait de maintenance sur cinq à dix ans, ainsi que des licences IT », évoquant ici les API sur lesquelles se connectent les livreurs ou logisticiens pour réserver les casiers. Ce qui souligne que, si la station Dropper peut être personnalisée pour un client unique, elle peut également être mutualisée entre différents opérateurs. Logique poussée jusqu'au bout : le particulier qui retire ses colis peut également déposer d’éventuel retours colis.Un développement exponentielLe système séduit et les premières commandes arrivent. Ainsi de cette installation au cœur du Forum des Halles, sous l’impulsion d’un tandem formé par le prestataire FM Logistic et par Unibail-Rodamco-Westfield. Ce dernier, spécialiste de l’immobilier commercial, gère quelque 80 centres commerciaux en Europe. « Avec Leclerc, on valide une première implantation », ajoute le dirigeant, qui espère signer un premier déploiement avec chacun des grands acteurs et obtenir ensuite « un effet boule de neige ». « Les carnets de commande se remplissent, on commence déjà à avoir de la charge pour le début de l’année prochaine. Cet automne, il nous faudra une ou deux machines par mois puis nous devrons accélérer », précise-t-il. Au soutien de cette montée en puissance, Ouidrop vient de boucler une nouvelle levée de fonds. L’opération, d’un montant de 2 millions d’euros, a notamment été menée auprès de Spring Invest, société de capital investissement à vocation européenne, qui se présente elle-même comme « entièrement dédiée au futur du commerce » et intervient ici en tant que « lead investor ». Participent également Better Angle, Nicolas Bensignor ainsi que les actionnaires historiques. « Nous sommes très heureux d’avoir obtenu la confiance de Spring Invest. Au-delà des capitaux, son expertise sectorielle, son réseau étoffé et la qualité de ses conseils sur les aspects opérationnels seront des atouts clés pour nous permettre d’accroître notre développement à large échelle », commente à cette occasion Thibault Soulier.« Ouidrop répond à la problématique de la remise en main propre de commandes e-commerce, très coûteuse et avec des volumes qui explosent. Caractérisés par une forte dispersion spatiale de ménages et une demande d'immédiateté, les nouveaux comportements d'achat provoquent une atomisation des livraisons qui accentue la fragmentation des envois, pénalisant ainsi les possibilités de mutualisation des flux. Enjeu majeur pour les retailers dans le circuit de la livraison à domicile, le dernier kilomètre est le plus coûteux aussi bien pour les villes que pour les entreprises de transport », analyse-t-on chez Spring Invest, qui suit l'évolution de Ouidrop depuis un an et poursuit ici sa stratégie d'investissement visant à soutenir « le développement d'entreprises capables d'apporter une valeur ajoutée structurante au marché du retail ». La manne permettra principalement de renforcer les moyens industriels. Installée près de la base sous-marine à Bordeaux, la SAS qui a récemment étendu ses locaux (750m² actuellement) est pour l’heure en capacité de produire l’équivalent de trois machines tous les deux mois. « En 2024, il faudra être à quatre par mois, puis doubler tous les ans, ça va être assez exponentiel », se projette Thibault Soulier. « On veut et on réussit à faire une machine moins chère que les concurrents, principalement polonais et estoniens, tout en étant entièrement fabriqué en France », souligne-t-il avec fierté. Schneider fournit l’électronique, les casiers proviennent de Normandie, les éléments mécaniques sont sourcés en Nouvelle-Aquitaine, avant assemblage final à Bordeaux. « On souhaite conserver ce made in France, au moins à l’échelle européenne. »Rester innovantEmployant actuellement une douzaine de personnes ainsi que quelques stagiaires et alternants, Ouidrop va renforcer son équipe sur la production, l’exploitation et la maintenance. Objectif : une vingtaine de personnes en 2024. Ayant enregistré l’an passé un demi-million d’euros de revenus, la SAS « souhaite doubler son niveau d’affaires cette année, on est bien parti, avant d’avoir une très grosse accélération à partir de 2024 et faire au moins trois fois plus que l’objectif de cette année », indique le dirigeant. Si l’entreprise a définitivement tourné la page des vestiaires automatisés, c’est pour mieux se focaliser sur le click & collect. « On a déjà les V2, V3, V4… en tête. On veut rester innovant, pour aller au plus près du besoin du client et que l’outil robotique soit toujours plus modulaire et rapide. Dans les cinq ans, nous voulons devenir le leader européen des casiers robotisés », conclut-il.OuidropSAS créée le 11 juillet 2017Siège social : BordeauxEffectif : une douzaine de personnesCA 2022 : 500 k€

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