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GBNA veut "devenir le groupe hospitalier de référence en Nouvelle-Aquitaine" - Premium

Stratégie
mercredi 02 juin 2021

Philippe Cruette, directeur général de GBNA - photo GBNA

Acteur d'un secteur de la santé privée en pleine concentration, le Groupe Bordeaux Nord Aquitaine (GBNA) a récemment procédé à l'acquisition de deux cliniques à Pau, ainsi qu'à une augmentation de capital de 15 millions d'euros. Philippe Cruette, nouveau directeur général de GBNA, revient pour Placéco sur le positionnement et les ambitions - exclusivement régionales - de ce groupe qui réunit 9 établissements, 2500 salariés, près de 600 médecins et réalise 250 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Philippe Cruette, bonjour. Vous avez récemment pris la direction générale du Groupe Bordeaux Nord Aquitaine, dans lequel vous exercez depuis 12 ans. Comment le définiriez-vous ?

Même si on a quelques beaux établissements associatifs à Bordeaux, le secteur se partage en France principalement entre les établissements de santé publique, capables de mener des actions de santé publique sur le long terme mais dont l’efficience est conditionnée aux contraintes liées à ce statut, et des établissements privés, qui se retrouvent souvent adossés à des fonds d’investissement largement majoritaires. C’est le cas d’Elsan, repris l’été dernier par le fonds américain KKR, en association avec un autre fonds, avec une sortie prévue à cinq ou six ans, ce qui signifie qu’il y a un enjeu de performance économique, avec le souci poussé de l’efficacité du premier euro investi. Nous essayons de nous placer au milieu de ce spectre, dans la lignée de ce qu’a construit Guy-Paul Guichard, le fondateur du groupe. En 50 ans, à force d’opiniâtreté, il a constitué ce groupe en partant d’un établissement, Bordeaux Nord, qui au départ comptait cinq lits et deux dialyses. Ce côté travailleur, opiniâtre, avec un actionnariat médical, fait partie de notre identité profonde.

Guy-Paul Guichard, à 95 ans, vient toujours régulièrement dans le bureau voisin du mien, mais ses deux fils, François et Pierre, tous deux médecins dans nos établissements, ont repris le leadership il y a quatre ans, et la question s’est posée de savoir quel projet voulait porter le groupe. Elle est légitime, puisque nous évoluons sur une activité difficile, qui demande énormément de ressources, humaines ou techniques, et suppose de composer avec une offre de santé extrêmement normée. A l’issue de ce processus de réflexion, la vision est claire. Nous voulons devenir le groupe hospitalier de référence en Nouvelle-Aquitaine, et exclusivement en Nouvelle-Aquitaine.

Vous parlez de groupe hospitalier de référence, mais pas nécessairement de numéro un ?

Je dis bien groupe hospitalier, parce que je ne fais pas de distinction entre public et privé. Et de référence, parce que notre objectif est avant tout d’être reconnu pour la qualité de notre travail, de nos investissements et le développement de notre maîtrise de la gestion des risques. On veut que les gens viennent dans un établissement du groupe Bordeaux Nord parce qu’ils savent qu’ils y trouveront un standard de qualité. Nous ne cherchons pas à être numéro un sur tout, mais pour devenir un groupe de référence nous devons avoir un volume d’activité qui nous rende incontournable et constituer une communauté hospitalière avec des gens soudés sur chacun de nos sites. On veut par ailleurs que ce soit chacun de nos établissements qui rayonne en tant que tel, et pas nécessairement le groupe GBNA. C’est important, dans la mesure où nous avons essentiellement une offre de soins de proximité. Même Bordeaux Nord, qui fait partie des plus gros établissements de France, accueille 95% de patients girondins.

Comment le groupe se prépare-t-il à cette nouvelle ambition ?

C’est une forme de nouveau départ, qui passe d’abord par une réforme statutaire. La holding qui gère Bordeaux Nord était une SA à conseil d’administration, nous sommes devenus une SA avec directoire et conseil de surveillance, ce qui nous permet d’avoir plus d’avis et d’être mieux structurés. Nous avons également constitué un groupe de directeurs de sites, avec des échanges réguliers, pour ne pas simplement empiler des établissements mais vraiment travailler en réseau. La logique de groupe nous permet également de concentrer toutes les compétences exceptionnelles dont peuvent avoir besoin les différents établissements, avec des fonctions DSI, RH, achats, immobilier ou relations institutionnelles mutualisées. Ça dégage beaucoup de bande passante au niveau des directeurs d’établissements. Le fait d’être tous réunis sur un même territoire permet à toutes ces directions fonctionnelles de pouvoir agir rapidement sur chacun des établissements. Il nous donne aussi la possibilité de capitaliser sur les outils annexes du groupe Bordeaux Nord, puisque nous sommes les seuls à avoir une plateforme logistique ou une cuisine centrale qui fait les repas pour l’ensemble du groupe. Nous avons également un centre de formation d’aides-soignants, qui fonctionne depuis vingt ans, et nous venons d’être autorisés à lancer un institut de formation de soins infirmiers, dont la première promotion arrivera en septembre 2022. C’est cette dynamique commune et ce projet global qui constituent vraiment un groupe hospitalier.

Vous avez récemment ouvert votre capital aux fonds d’investissement UI Gestion et Geneo à hauteur de 15 millions d’euros, pourquoi ?

En 2012, le vaisseau amiral qu’est la polyclinique Bordeaux Nord était en déficit. On savait que stratégiquement, on avait besoin d’un investissement majeur pour prendre notre place sur les activités chirurgicales. Nous avions besoin de nous mettre à niveau avec une extension. Le fonds UI Gestion est rentré en 2013 pour nous permettre de la réaliser, en sachant qu’on parlait d’un projet à 35 millions d’euros, auxquels il fallait ajouter 8 ou 9 millions d’euros de matériel. L’opération a été couronnée de succès puisque nous avons recruté 250 personnes en quatre ans et réussi à retrouver une santé économique qu’on n’avait pas eue depuis longtemps.

« Le bâtiment ambulatoire de Bordeaux Nord montrera notre capacité à préparer l’offre de soins de demain »

Nous avons aujourd’hui besoin d’engagements financiers pour porter nos nouvelles ambitions, qui supposent à la fois de la croissance externe et du développement organique. La quasi-totalité de nos établissements bénéficieront dans les cinq à venir de gros investissements en termes d’offre de soin, qu’il s’agisse de plateaux techniques, de nouveaux bâtiments ou de salles opératoires. Bordeaux Nord lancera par exemple dans deux mois les travaux pour construire le premier bâtiment ambulatoire autonome de Nouvelle-Aquitaine, ce qui au passage montrera notre capacité à réaliser ce type d’installations, décorrélées d’un établissement hospitalier, n’importe où dans la ville, pour préparer l’offre de soins de demain. C’est un investissement de 20 millions d’euros.

Nous mettons également 12 millions d’euros dans la reconstruction de la clinique Thiers, notre pôle d’excellence sur l’ophtalmologie. Nous travaillons sur un plan de modernisation et d’extension de la clinique de Caudéran. Nous venons de faire une extension du bloc opératoire de la clinique Bel-Air. Nous développons également un secteur de chirurgie rapide à l’intérieur du pôle de santé d’Arcachon. A Pau Navarre, nous transférons et rénovons le service des urgences. Enfin, un bâtiment est en cours de construction pour augmenter les capacités de dialyse à la clinique Rive Droite, et nous aurons déterminé d’ici la fin de l’année tous les axes stratégiques de cet établissement pour voir avec l’ARS si l’on peut obtenir les autorisations nécessaires à la mise en place d’une offre de soins équivalente à celle de Bordeaux Nord.

Chaque établissement doit-il impérativement être rentable, à plus forte raison quand le groupe accueille des fonds à son capital ?

GBNA reste totalement indépendant, puisque les fonds représentent 8% du capital. Au passage, Geneo est un fonds « evergreen », qui n’a pas d’obligation de sortir à une date donnée, et qui est rentré en actions, pas en obligation convertible. Le groupe appartient donc toujours à la famille Guichard. Après, il me semble important, et vertueux, qu’aucun établissement ne soit en déficit. C’est le résultat qu’on dégage qui nous permet à la fois de continuer à développer les activités en investissant ou en recrutant tout en garantissant une part aux revalorisations salariales via les NAO (négociation annuelle obligatoire), en sachant que même sur les gros établissements, les ratios sont très faibles dans le secteur. Nous avons donc un objectif de résultat de 3% pour les établissements, et quand c’est atteint, tout va beaucoup mieux.

Vous avez récemment racheté les cliniques Navarre et Marzet à Pau et affichez l’ambition de poursuivre votre croissance externe. Comment l’envisagez-vous, compte tenu de la surchauffe du marché, illustrée récemment par la série d’acquisitions réalisées par le groupe Vivalto ?

Nous regarderons la totalité des opportunités de croissance en Nouvelle-Aquitaine sur nos activités sanitaires, et nous sommes confiants sur notre capacité à gagner certains dossiers face à de grands groupes. C’était le cas à Pau. On pense que certains établissements préféreront venir dans le groupe Bordeaux Nord, parce qu’ils nous connaissent et savent comment on travaille. Donc on se battra avec nos armes, à commencer par l’avantage concurrentiel que nous procure les synergies possibles avec nos établissements et nos activités annexes.

Avez-vous regardé le dossier de la clinique du sport de Mérignac ?

Bien sûr, mais c’était plus raisonnable de ne pas y aller.

À Pau, vous n’avez pas racheté les murs de la clinique Navarre. L’acquisition de l’immobilier n’est pas un prérequis pour votre croissance externe ?

Nous n’avons pas de dogme en la matière. C’est important d’avoir une part d’immobilier en propre à l’échelle du groupe, mais ça n’est pas une condition nécessaire. Nous avons, avec Pau, un partenaire foncière, Icade Santé, que nous solliciterons sur nos futures opérations de croissance externe.

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