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Femmes en entreprise (5/5) : « Il faut oser »

Inspiration
vendredi 08 mars 2024

Alors que la journée internationale des droits des femmes se déroule le 8 mars, Placéco s'intéresse à la place des femmes dans le tissu économique : numérique, industrie, entrepreneuriat... Nous sommes allés à la rencontre de cheffes d'entreprise, d'ingénieures, ou d'associations qui œuvrent pour l'entrepreneuriat au féminin, dans des milieux encore largement masculins. Comment faire bouger les lignes ? Placéco vous propose une série d'articles pour se pencher sur la question.

Stéphanie Laffargue dirige l'entreprise avec sa soeur depuis 2014. Crédits : Maison Laffargue

Au Pays basque, seuls 21,5% des chefs d’entreprises sont des femmes, moins que la moyenne nationale, à 32%. Elles sont peu nombreuses, et rarement à la tête de grands groupes. Pour autant, plusieurs femmes dirigent aujourd’hui de belles entreprises familiales, et ont des parcours inspirants. C’est le cas de Stéphanie Laffargue, directrice générale avec sa sœur Maison Laffargue à Saint-Jean-de-Luz. Portrait.

Dans la salle de réunion, des ceintures de plusieurs couleurs sont suspendues derrière elle. Elle affiche un sourire confiant. Elle, s’appelle Stéphanie Laffargue, elle a 40 ans et dirige la Maison Laffargue, spécialisée dans la maroquinerie depuis 1890. Avec sa sœur, elles sont la quatrième génération à la tête de la compagnie familiale, après leur cousine, les oncles, et le grand-père avec son frère.

Si la maison porte son nom, Stéphanie Laffargue n’était pas destinée à la diriger. « Avec ma sœur, on n’a jamais eu la pression en famille du "un jour, tu reprendras" » se souvient-elle. En effet, si une grande partie de sa famille est au Pays basque, elle a grandi à Paris avec ses parents. « On entendait souvent parler de l’entreprise, mais on n'était pas dans le quotidien ». C’est ainsi que son parcours s’est plutôt poursuivi dans le nord de la France. École de commerce à Lille, une année en Erasmus à Barcelone, elle a fait ses armes dans plusieurs cabinets de conseils et stratégie, dans les secteurs de la banque et de l’assurance. « Mes années dans le conseil m’ont permis de me former, et de voir des réalités différentes ».

Loin de la Maison Laffargue, mais déjà un pied dedans. « Je faisais partie du CA, et je participais aux réunions, j’avais la vision, reprend-elle, ça a toujours été une entreprise qui nous plaisait ». C’est finalement en 2014, qu’elle en prend la tête avec sa sœur après le départ de Marie-Sylvie, leur cousine qui avait dirigé la société pendant plus de dix ans. « S’est posée la question de savoir qui pourrait la remplacer, on a saisi l’occasion qui s’est présentée » raconte Stéphanie Laffargue. Un changement de direction compliqué avec le départ de leur cousine que Stéphanie Laffargue ne souhaite pas commenter. Reste qu’il n’y a donc pas eu de transition avec l’ancienne direction. « On a un peu été jetées dans le grand bain » se souvient-elle.

« Je suis peut être à contre-courant »

Est-ce que le fait d’être une femme à la tête de l’entreprise a été un sujet ? « Pas du tout » insiste Stéphanie Laffargue. Pas de syndrome de l’imposteur non plus. « On s’est posé la question de reprendre, peut-être que les femmes admettent un peu plus leurs limites que les hommes, mais si on creuse un peu, les hommes aussi le ressentent ». Pour Stéphanie Laffargue, prendre la tête de l’entreprise familiale en tant que femme n’a jamais été réellement un sujet. « L’âge a presque plus été un frein que le fait d’être une femme » reprend-elle. En effet, en 2014, Stéphanie Laffargue n’avait que 30 ans. « En arrivant directement à la direction, c’était plus difficile à assumer d’être jeune que d’être une femme ».

Les chiffres sont pourtant éloquents. Au Pays basque, seuls 21,5% des chefs d’entreprises sont des femmes, moins que la moyenne nationale, à 32%. Ainsi, on parle beaucoup des difficultés de certaines femmes à accéder à des postes de direction. « Je suis peut-être un peu à contre-courant » sourit Stéphanie Laffargue. Elle admet n’avoir jamais « ressenti de difficulté majeure » sur l’ensemble de son parcours. Que ce soit à Maison Laffargue principalement composé de salariées femmes, que pendant ses années au sein de conseil en banque et assurance. « Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir à prouver davantage, à devoir faire mes preuves ». Le résultat d'une évolution dans la société. « Les combats féministes qui nous ont précédés font qu’aujourd’hui ce n’est pas une fatalité d’avoir à prouver plus, à gagner moins ». Ainsi, elle préfère faire fi de tout ce discours parlant des difficultés des femmes à entreprendre, et va plus loin. « Je pense aussi qu’il y a tout un discours qui fait que finalement, quand on est une femme, et qu’on veut se lancer, c’est de prime abord plus compliqué, parce qu’on a cet inconscient autour de nous, où on nous dit depuis toute petite que c’est plus compliqué ».

Stéphanie Laffargue porte plutôt une philosophie d’oser, et « pour voir s’il y a vraiment un plafond de verre,  essayer ». Et c’est d’ailleurs ce qu’elle répond, quand on lui demande ce qu’elle conseillerait aux jeunes femmes qui souhaiteraient entreprendre. « Il faut oser se lancer, se faire plaisir, faire ce qu’on aime et si c’est une envie forte, il ne faut pas avoir peur d’essayer » conclut-elle avec le sourire.

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