Première pierre posée pour le futur méthaniseur « circuit court » du Port de Bordeaux
L'unité s'articule entre zones de réception et d'hygiénisation, méthaniseur, stockage temporaire du gaz, et stockage du digestat - crédit CVE
La société CVE et le Grand Port maritime de Bordeaux ont posé mardi la première pierre d’un méthaniseur qui doit permettre de valoriser jusqu’à 25.000 tonnes par an de déchets alimentaires provenant de la Métropole. Une démarche en « circuit court », qui justifie un investissement de 24 millions d’euros, et permettra d’alimenter jusqu’à 4.000 foyers en biogaz.
Après la convention signée fin 2021, la première unité de méthanisation du Port de Bordeaux entre en phase de construction, avec le début du chantier de terrassement et la pose, mardi 24 octobre, d’une première pierre symbolique. L’installation devrait désormais être finalisée d’ici fin 2024, avant une montée en charge progressive de quelques mois. « L’objectif est d’injecter les premières molécules dans le réseau Régaz en mars 2025 », précise Laurent Larpin, le responsable du développement des projets biogaz pour CVE dans le Sud-Ouest.
Installé sur un foncier appartement au Grand Port maritime de Bordeaux (GPMB), à cheval entre les communes de Bassens et d’Ambarès-et-Lagrave, ce méthaniseur profite d’une double proximité : d’abord avec l’activité industrielle du port, mais aussi avec le tissu urbain de la métropole, ce qui en fait une destination de choix pour les biodéchets émanant des particuliers, de la restauration ou de la distribution, alors que la loi impose à tous le tri à la source à compter du 1er janvier prochain. « Le site est à 10 km à vol d’oiseau du centre-ville de Bordeaux, ce qui en fait un vrai atout pour la collecte de déchets diffus », estime Laurent Larpin.
L'équivalent de la consommation de près de 4.000 foyers, ou 120 bus au GNV
CVE, société marseillaise spécialisée dans le développement de projets biogaz sélectionnée par le GPMB, envisage de traiter jusqu’à 25.000 tonnes de déchets par an sur le site, « soit l’équivalent du gaspillage alimentaire à l’échelle de Bordeaux Métropole », fait valoir Arnaud Bossis, directeur général de CVE. 40% du flux viendraient de l’activité industrielle de la zone. L’industrie agroalimentaire contribuerait elle aussi à hauteur de 40%, tandis que les 20% restants viendraient des professionnels de la Métropole, restaurants ou supermarchés, avec une collecte assurée par Ecovalim, la marque de CVE sous laquelle opère désormais la startup girondine Restovalor, rachetée au printemps dernier. L’entreprise prévoit par ailleurs d’installer sur son site une unité de déconditionnement, pour faciliter la valorisation des biodéchets collectés sous emballage.
La pose de la première pierre réunissait Alexandre Rubio, maire de Bassens ; la sénatrice Nathalie Delattre ; Nordine Guendez, maire d’Ambarès-et-Lagrave ; Arnaud Bossis, directeur général de CVE biogaz ; Jean-Frédéric Laurent et Philippe Dorthe du GPMB ; Mathieu Anglade, directeur régional de l’Ademe et Guillaume Riou, vice-président de la Région en charge de la transition écologique - photo AL.
L’ensemble devrait permettre de produire l’équivalent de 330 GWh de biométhane qui sera injecté directement dans le réseau de Régaz grâce à un point de raccordement installé à l’entrée du site. Le CO2 coproduit sera quant à lui stocké et acheminé en direction d’industriels locaux. Enfin, les 24.000 tonnes de digestat - résidu du processus de méthanisation - profitera quant à lui à un réseau de 22 agriculteurs partenaires de la région, dans l’optique de remplacer des engrais d’origine fossile. L’activité du méthaniseur devrait engendrer une dizaine d’emplois directs et indirects (notamment pour la collecte des biodéchets).
Si toutes les parties prenantes - dont l’Ademe et la Région Nouvelle-Aquitaine, impliqués dans le financement du projet - ont salué mardi la mise en route du projet, c’est certainement pour le Port de Bordeaux que celui-ci revêt la dimension la plus symbolique. « Aujourd’hui, nous posons la première pierre non seulement de ce méthaniseur, mais de la mutation économique de notre zone industrialo-portuaire », s’est félicité Jean-François Laurent, directeur général et président du directoire du GPMB, qui au-delà du foncier, a pris une participation dans le projet. L’opération représente un investissement global de 23,8 millions d’euros, soutenu à hauteur de 2,7 millions d’euros par le fonds européen Feder, via la Région Nouvelle-Aquitaine, tandis que l’Ademe amène près d'1,2 million d’euros fléchés vers l’unité de déconditionnement.
En Gironde, CVE porte également la création d'un méthaniseur à Mios, sur une parcelle de 3,5 hectares proposée par la COBAN au lieu-dit Hourquet. Au programme : un bâtiment de 1.300 m², une capacité de 19.000 tonnes par an et un investissement chiffré à 13 millions d’euros pour ce projet porté par la SAS Equi Bio Pays de Buch, filiale ad hoc du groupe marseillais.