Valorisation des biodéchets : la société girondine Restovalor acquise par CVE Biogaz - Premium
L'effectif pourrait atteindre 15 à 20 personnes d'ici fin 2024. Crédit : Restovalor
La jeune pousse girondine Restovalor, qui collecte et valorise les déchets alimentaires, s’adosse au groupe marseillais CVE, producteur d’énergies renouvelables. Elle va se focaliser sur l’organisation et l’optimisation de la partie collecte et se prépare à changer d’échelle.
Parfois, si on veut aller plus loin, il faut aller plus près. C’est une histoire de rapprochement qui s’est jouée entre la jeune pousse girondine Restovalor et le groupe marseillais CVE, producteur indépendant d’énergies renouvelables. Via sa filiale CVE Biogaz, il vient de prendre de contrôle de la SAS fondée début 2020 à Cenon, spécialisée dans le recyclage de déchets alimentaires. Deux acteurs dont les chemins se sont d’abord croisés à l’occasion d’un salon bordelais sur le biogaz, raconte Daniel Folz, PDG de Restovalor. A l’époque, l’un et l’autre envisagent d’être partenaires. Finalement, pour sa division dédiée au gaz vert, CVE décide de changer d’épaule et opte pour une maîtrise interne de l’ensemble de la chaîne de valeur. Les discussions sont lancées et débouchent sur une prise de contrôle, CVE Biogaz contrôlant désormais 51% des parts de la startup girondine, aux côtés des trois actionnaires historiques qui restent au capital.
Un mariage qui débouche sur un Yalta tout simple : Restovalor se charge de la collecte, sa nouvelle maison mère prend en charge la valorisation. Manière de se focaliser sur un métier et d’y exceller. Celui de Daniel Folz et de ses équipes, c’est de récupérer un maximum de biodéchets, auprès des professionnels (restaurants/traiteurs, collectivités, industriels) et de mener ça avec la plus grande efficience. Opérant sur Bordeaux Métropole, la PME qui emploie aujourd’hui sept personnes collecte « de façon décarbonée dans l’hypercentre, avec des vélos cargos et s’appuie sur des camions pour la périphérie », résume le dirigeant. Après valorisation, le biogaz est injecté dans le réseau GRDF, le digestat est distribuée auprès d’agriculteurs locaux en tant qu’engrais organique, en remplacement de produits chimiques. « Notre concept, c’est une économie circulaire et locale », synthétise-t-il. Une volonté illustrée l’automne dernier par la participation à une expérimentation de fret fluvial sur la Garonne.
Doubler la mise sur le bassin d’Arcachon
« Aujourd’hui, nous sommes le premier collecteur de biodéchets sur Bordeaux Métropole, avec un millier de tonnes en 2022. On peut se dire que c’est beaucoup. Mais selon une étude, il y aurait chaque année entre 60.000 et 80.000 tonnes qui partiraient en poubelles noires puis à l’incinération. C’est dire la profondeur du gisement », remet donc en perspective Daniel Folz. Suite à l’adossement à CVE Biogaz, l’ambition première de Restovalor serait « de verrouiller le secteur de Bordeaux Métropole ». Le nouvel actionnaire, suite à un appel à manifestation d’intérêt lancée en 2019 par le Grand Port Maritime de Bordeaux, travaille à l’implantation d’une importante unité de méthanisation (investissement chiffré à 15 millions d’euros) sur du foncier portuaire, à Bassens. Attendue pour le début de l’année prochaine, elle pourra valoriser jusqu’à 25.000 tonnes de matières organiques issues du territoire, dont celles apportée par Restovalor.
Cette dernière se met d’ailleurs en ordre de marche pour reproduire son modèle sur le bassin d’Arcachon., avec à la clef l’ouverture à venir d’une agence dédiée. « La configuration sera la même que sur Bordeaux Métropole, mais il faudra intégrer une saisonnalité qui entraîne de très grosses fluctuations de tonnage entre l’été et l’hiver », avertit le PDG, qui a lancé les études et se dit persuadé de « pouvoir lisser cela ». Pour sa part, CVE Biogaz aussi fourbit ses armes. Une autre unité de méthanisation est en projet en Gironde. Elle verra le jour à Mios, à proximité du bassin, sur une parcelle de 3,5 hectares proposée par la COBAN au lieu-dit Hourquet. Au programme : un bâtiment de 1.300 m², une capacité de 19.000 tonnes par an et un investissement chiffré à 13 millions d’euros pour ce projet porté par la SAS Equi Bio Pays de Buch, filiale ad hoc du groupe marseillais.
Deux évolutions majeures
« Le tri à la source est déjà obligatoire pour les professionnels produisant plus de 5 tonnes par an de restes alimentaires et le sera pour tous les particuliers début 2024 », recontextualise Arnaud Bossis, co-directeur de CVE Biogaz. Une évolution à même de rebattre les cartes pour la partie collecte dévolue à Restovalor ? En partie, estime son PDG : « ça va se jouer avec les collectivités, elles y réfléchissent et le schéma qui se profile, c’est la mise en place de points d’apport volontaire, comme pour le verre ». Une logique purement urbaine : « ruralité ou urbanité, c’est le vrai problème. A la campagne, le plus simple est de développer le compostage individuel. C’est aussi vrai en ville dès qu’on a un petit bout de jardin ». Ce qui suggère que l’activité est appelée à se focaliser sur les agglomérations : « autour de Libourne, de Langon, de Blaye, pourquoi pas, il ya des études à faire », se projette le dirigeant.
Lequel a lancé une étude pour que les camions de son entreprise affectés à la collecte en périphérie puisse rouler au bioGNV, si possible celui issu des biodéchets transportés : « en matière de circuits courts, d’économie locale et circulaire, ça serait idéal. On sonde les fabricants de bennes, ils sont peu nombreux à savoir le faire. On pourrait aboutir en même temps que l’ouverture de l’unité de méthanisation à Bassens », déroule-t-il. Dans le cadre de ses projets de croissance, Restovalor va continuer à recruter et pourrait porter ses effectifs entre 15 et 20 personnes d’ici fin 2024, si les objectifs sont tenus. Là aussi avec un esprit d’engagement : « on a une convention avec Pôle emploi pour l’insertion de personnes éloignées de l’emploi, soit handicapées - via un ESAT - soit des chômeurs de longue durée. »
Restovalor
Création en janvier 2020
Effectif : 7 personnes
CA 2022 : 500 k€ (objectif 2023 : 600 k€)
