L’IHU Liryc collecte 10M€ pour s’autofinancer d’ici 2025 - Premium
L'IHU est spécialiste des maladies du rythme cardiaque. Crédits : Etcheverria
Liryc, institut hospitalo-universitaire bordelais, accompagne chaque année la recherche autour des maladies du rythme cardiaque. Pour atteindre l’autofinancement en 2025, le centre poursuit ses actions en faveur de l’innovation, mais a également lancé une grande collecte de fonds.
L’Institut hospitalo-universitaire Liryc, dédié aux maladies du rythme cardiaque, est né en 2012 du programme des investissements d’avenir porté par l’Etat. Il est l’un des sept IHU implantés en France, et poursuit un objectif : dynamiser la recherche et l’innovation médicale dans l’Hexagone. Quatre missions lui sont allouées, la recherche appliquée pour apporter de nouvelles solutions thérapeutiques ; l’innovation, avec le transfert et la commercialisation de ces solutions ; le soin ; et la formation d’équipes à ces thérapies, à l’échelle internationale. « L’idée est de couvrir toute l’activité, d’un bout à l’autre, commente Julie Boussuge Rozé, directrice exécutive. En Europe, 10 millions de personnes sont atteintes de fibrillation ventriculaire et ce sont 50.000 morts subites provoquées par cette maladie chaque année. Et ce n’est pas quelque chose que l’on est capable de prévenir aujourd’hui. »
La spécificité de l’IHU est également de rassembler des équipes de recherche, qui ont une vocation applicative pour les patients. « Ce qui n’est pas forcément le cas pour la recherche fondamentale », précise la directrice exécutive. L’institut est résolument tourné vers l’innovation, d’autant que Pierre Jaïs, nouveau directeur général, « veut mettre l’accent dessus ». Une plateforme de bio ingénierie cardiaque sera bientôt construite sur le site, financée à 50% par la région Nouvelle-Aquitaine, pour réaliser des prototypes d’innovation pour la recherche interne, les startups ou la collaboration avec des industriels du secteur.
La startup, modèle agile pour innover
L’activité « innovation » de l’institut hospitalo-universitaire se divise en plusieurs aspects. Les équipes mènent un travail de valorisation de la recherche, en identifiant des projets ayant un potentiel. « Cela passe par la protection de la propriété intellectuelle, et si les équipes sont intéressées pour créer une startup, comme InHeart, l’IHU devient copropriétaire de cette propriété intellectuelle, présente Rémi Dubois, directeur de l’innovation. À ce moment, nous licencions le projet à la startup qui devient un spin-off de l’IHU. » Ce dernier en compte trois : InHeart, Certis Therapeutics et OP2 Drugs. Si les chercheurs ne veulent pas se lancer dans l’entreprenariat, l’IHU peut vendre cette propriété intellectuelle à des groupes déjà installés. « Mais l’idée est d’accompagner au maximum les startups d’un point de vue scientifique. En retour, l’institut a un intérêt financier lorsqu’il y a des licences, et essaye d’être au capital de ces sociétés », poursuit Rémi Dubois.
Selon Julie Boussuge Rozé, le modèle de la startup est l’outil le plus efficace pour accélérer le processus de transfert, et les phases précoces de développement d’un produit. « Lorsque ça passe par un grand groupe les process sont énormes, c’est très long. La startup est agile et peut rapidement réaliser la preuve de concept, les prototypes et une levée de fonds. Surtout on a remarqué que l’accompagnement de Liryc est un gage de levée de fonds. Cela rassure, la startup est adossée à un centre d’excellence est n’est pas isolée dans son coin. » Pour autant, note-t-elle, dans le secteur médical et encore plus en cardiologie, ces jeunes pousses ont du mal à évoluer par la suite en PME. « C’est une étape un peu clef, enchaîne Rémi Dubois. La validation clinique est coûteuse et demande des procédures extrêmement lourdes, dans ce cas il faut être structuré pour le faire, et ce sont en général des grands groupes qui reprennent le projet. » La parfaite illustration est la jeune pousse OP2 Drugs, qui a repositionné son projet faute d’avoir réuni les 50 millions d’euros nécessaires à la phase III de sa recherche autour de l’infarctus du myocarde.
Le site va être enrichi d'une plateforme de bio ingénierie cardiaque. Crédits : Léon Grosse
Trouver 5M€ de ressources propres par an
En plus de cette valorisation, l’institut accompagne des startups venues frapper à sa porte, et ayant des besoins de validation clinique ou technologique, par exemple. Liryc travaille alors avec elle via un accord de collaboration, pour construire leur technologie, comme la pompe cardiaque de Fineheart. « Enfin, nous avons une partie qui concerne la prestation de services, complète le directeur de l’innovation. Startups ou grands groupes viennent nous voir avec une solution finalisée, et ont besoin de faire de l’expérimental ou un essai clinique. »
« Nous avons un business modèle mixte, qui rassemble à la fois des fonds publics et des fonds privés, reprend Julie Boussuge Rozé. En 2021, nous avons bénéficié d’un financement très important du programme investissements d’avenir et l’objectif était d’avoir la capacité de nous autofinancer en 2020. C’était un peu ambitieux, l’échéance a été repoussée à 2025. » Le budget annuel de l’IHU oscille entre 12 et 14 millions d’euros et si, jusqu’à présent, l’Etat apportait une aide de 5,5 millions d’euros, cette dernière est désormais réduite de moitié. L’innovation apparaît alors comme nécessaire à l’institut, pour générer 5 millions d’euros par an de ressources propres, quand elle en a généré 3,8 millions en 2020. « Le grants [ndlr, des financements pour la recherche publique] représente la majorité de nos revenus, environ 2 millions d’euros, détaille la directrice exécutive. C’est très sélectif, on va chercher de l’argent auprès de fondations internationales, de la Commission européenne ou de l’agence nationale pour la recherche. Mais nous générons des revenus de formation, des prestations de services ou des contrats de collaborations industrielles entre autres. »
10M€ pour atteindre l’autofinancement
Pour vivre, l’IHU fait aussi appel au mécénat. En 2020, il a lancé une campagne de collecte pour rassembler 10 millions d’euros d’ici 2024. Une levée de fonds silencieuse jusqu’au 29 septembre dernier, Journée mondiale du cœur. Objectif : atteindre, grâce à cette somme, l’autofinancement. « Nous réalisons cette campagne auprès de mécènes, d’industriels ou de donateurs privés, détaille Julie Boussuge Rozé. C’est une levée de fonds mais avec un volet philanthropique car il n’y a pas d’intérêt recherché, nous faisons appel à la générosité des entreprises sans retour sur investissement. » Aujourd’hui Liryc a collecté la moitié de la somme, notamment auprès de Néoaquitains comme Bernard Magrez ou encore une PME girondine dans le domaine de la santé. « L’idée est de faire adhérer les acteurs économiques régionaux à la cause portée par Liryc, martèle la directrice exécutive. Nous sommes très connus sur le plan international, mais moins en local. Or le Conseil régional attend de nous qu’on dynamise le secteur économique, qu’on permette la création d’emplois lorsque les startups restent sur le territoire. »
Liryc
Basé à Bordeaux
150 salariés
