L’aéroport de Bordeaux engage 240M€ pour son plan stratégique 2027 - Premium

Si le volume annuel de passagers reste l’indicateur phare de la mesure de performance d’une infrastructure dédiée au transport, Simon Dreschel, président du directoire de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, aimerait la voir passer au second plan. « Notre modèle de croissance n’est pas capacitaire en soi, l’objectif est de rationnaliser notre infrastructure et de reconstruire le trafic pour atteindre en 2027 le niveau de 2019, avec un aéroport à taille humaine qui offre le bon niveau de services aux passagers comme aux acteurs du territoire », affirme-t-il. L’aéroport (220 collaborateurs, 70 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022), qui devrait terminer l’année sur un total de 5,6 millions de passagers, se donne ainsi cinq ans pour remonter aux 7,7 millions d’avant Covid et faire « mieux », à défaut de faire « plus ». 100 millions d’euros sur le bâtimentaireVoté jeudi par le conseil de surveillance, le nouveau plan stratégique à cinq ans « Ressources 27 » décline cette ambition au travers de plusieurs grands projets stratégiques. Le premier, qui sera sans doute le plus visible, consiste en la construction d’un nouveau bâtiment « central », qui prendra place entre les actuels halls A et B. Destiné à devenir le « point de passage unique » de tous les passagers au départ, il doit permettre d’accélérer l’accès aux salles d’embarquement, mais aussi rapprocher l’offre de boutiques et de services de ces dernières. « Les réflexions et le chantier lié à ce nouveau bâtiment couvriront la durée du plan stratégique, mais c’en est la clé de voûte », estime Simon Dreschel. La livraison est pour l’instant programmée à 2028. En parallèle, l’aéroport poursuivra ses travaux de réfection du hall B (changement des vitrages, végétalisation du parvis) et prévoit de travailler sur le terminal Billi dédié aux compagnies low cost dès 2024. Il annonce par ailleurs la construction d’un parking silo pour 2025, végétalisé et doté d’une offre de services, pour densifier son offre de stationnement à proximité immédiate des terminaux, et limiter l’emprise foncière. Ces différents projets bâtimentaires devraient représenter une enveloppe de 100 millions d’euros, grâce à laquelle l’aéroport espère pouvoir améliorer significativement la qualité de service perçue par ses clients, passagers comme compagnies aériennes. Devenir un « hub de production d’énergies »L’énergie, ou plutôt les énergies, figurent également au premier rang des priorités, avec un objectif de réduction de la consommation des bâtiments à -25% par rapport à 2019, tout en développant une production d’énergies vertes capable de couvrir 65% des besoins de l’aéroport à horizon 2027. Outre la couverture en panneaux photovoltaïques du parking P0, déjà financée et assurée en propre, qui devrait produire l’équivalent de 4% de la consommation, l’aéroport prévoit ainsi de s’associer à un développeur tiers pour couvrir le parking P4. La géothermie sera également mise en œuvre à horizon 2024, dans l’optique de remplacer une partie de la consommation de gaz dédiée au chauffage, qui représente aujourd’hui 60% des émissions de CO2 liées aux activités aéroportuaires. Six mois après l’annonce de la mise à disposition d’un avitaillement en biocarburants (SAF, Sustainable Aviation Fuel), aujourd’hui marginal dans la consommation des compagnies, l’aéroport affiche par ailleurs la volonté de participer à l’émergence d’une véritable filière régionale. « Il y a toute un somme d’acteurs locaux, dans le bois par exemple, qui peuvent avoir un rôle à jouer, pour arriver à produire localement et faire que ces biocarburants soient attractifs pour les compagnies aériennes », estime Simon Dreschel. L’aéroport, qui a récemment équipé 30% de ses quais en bornes 400 Hz pour l’alimentation électrique des avions en stationnement, se fixe par ailleurs l’objectif d’atteindre les 100% d’ici 2030, pour éviter le recours aux groupes électrogènes. L’hydrogène, envisagée comme l’une de voies de décarbonation de l’aviation civile à moyen terme, fait également partie des sujets d’étude, avec la volonté de faire émerger un projet pilote d’ici 2027. Une réserve foncière en forme de « pépite »La réflexion de l’aéroport porte également sur les différents volets de son financement, qui dépend aujourd’hui de l’activité aérienne régulière et de la vente de services, via les boutiques ou les parkings. Et sur ce terrain, l’aéroport de Bordeaux dispose d’une ressource rare : du foncier, à commencer par quelques hectares en bord de piste, qui se prêtent donc à des activités aéronautiques très spécialisées. Sur ce point, l’infrastructure confesse jouer la carte de la séduction, avec le concours d’Invest In Bordeaux ou de la technopole Bordeaux Technowest, pour essayer d’attirer les startups les plus prometteuses du secteur, en visant notamment les startups en pointe sur le sujet de la mobilité aérienne électrique, avec l'objectif d'une nouvelle implantation par an. « L’aéroport doit devenir un hub de mobilités, avec le tramway prévu pour avril 2023, les bus à haut de niveau de service, le free floating métropolitain et demain les nouvelles mobilités aériennes, qui permettraient par exemple de relier le Bassin directement depuis l’aéroport », illustre le président du directoire, qui étudie déjà comment interfacer ces nouveaux flux avec le trafic aérien conventionnel. « L’objectif est vraiment de préparer le modèle aéroportuaire de demain », conclut-il.

L’aéroport de Bordeaux engage 240M€ pour son plan stratégique 2027 - Premium

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