Financement des startups : « Une grande différence selon le stade de maturité » - Premium

Comment se porte l’activité capital-risque, en France comme en Nouvelle-Aquitaine ? On observe une grande différence selon le stade de maturité des sociétés. Sur les levées de fonds de série B, C et au-delà on note une baisse très forte du nombre d’opérations et des montants levés, c’est le segment qui a accusé le gros de la correction. Cela s’explique en partie car c’est ce segment qui a connu l'emballement le plus fort entre 2020 et 2022. Sur les levées de type amorçage et petite série A, la correction est plus limitée. En amorçage, on a encore une dynamique assez forte et la crise ne se ressent pas, ou beaucoup moins. Par contre, les tours de table se font plus lentement, les gens prennent plus leur temps là où il y avait beaucoup d’emballement, de FOMO [ndlr, fear of missing out] durant les quelques années d’accélération autour du Covid-19. On sent un peu moins l’effet moutonnier d’aller sur le deal show du moment, pour autant il y a toujours quelques entreprises qui séduisent tout le monde, même si c’est un peu plus exceptionnel. Comment ce changement de paradigme influe-t-il sur les startups ? Ça pousse les entreprises à s’adapter. Ce ne sont plus les mêmes critères qui sont regardés par les investisseurs, et ça, c’est important. Entre 2020 et 2022 voire un peu avant, l’accent était très fortement mis sur la croissance du chiffre d’affaires, le volume d’affaires, le nombre d’utilisateurs, de clients… Et moins sur le modèle économique, la rentabilité ou la capacité d’atteindre cette rentabilité, qui étaient moins prioritaires. Aujourd’hui, il y a un retour en force de la discipline financière. Les sociétés doivent démontrer, et c’est tout à fait logique, qu’elles ont déjà un modèle économique qui tourne bien, et même si ça ne se voit pas au niveau du résultat net, qu’elles ont a minima une marge brute positive. Et puis, elles doivent démontrer qu’à un horizon plus lointain, deux ou trois ans, elles pourront atteindre la rentabilité et s’autofinancer. C’est très dur, car brutal, pour des entreprises qui avaient un peu adapté leur développement face aux capitaux disponibles et aux positionnements des investisseurs… Car 12 mois plus tard, les mêmes ne disent plus la même chose. Il y a un KPI [ndlr, un indicateur de performance] qui était déjà connu mais qui fait son retour en force, c’est la règle des 40%. La somme du taux de croissance annuelle du chiffre d’affaires et du taux de rentabilité doit être au-dessus de 40%, et ça, c’est un changement de paradigme.Vers un « tri » dans l’écosystème startups ? Cette évolution, ou cette « normalisation », ne sera-t-elle pas préjudiciable pour l’écosystème français comme néoaquitain, à moyen ou long terme ? Si, il y aura pas mal de gâchis sur de belles sociétés qui n’avaient pas nécessairement de problème intrinsèque, mais qui de par leur structure de financement, avaient incorporé beaucoup de dettes. Une partie d’entre elles ne trouveront pas d’accord avec leurs créanciers et fermeront leurs portes. Les plus belles verront leurs actifs repris à la barre du tribunal de commerce et on le voit de plus en plus : ce n’est pas une faillite avec une liquidation, mais c’est quand même assez douloureux. C’est pour ça qu’en ce moment on voit régulièrement dans les médias des actualités de sociétés qui licencient 30% de leurs effectifs, qui réduisent leur croissance, abandonnent certains pays… Ces champions en devenir sur lesquels on pouvait avoir de l’espoir se retrouvent fragilisés. Mais je pense que ça secoue l'écosystème et que ça fera le tri entre des sociétés qui ont très bien géré et s’étaient un peu préparées, et d’autres qui avaient des fragilités dans leur gestion, leur modèle économique. Y a-t-il des secteurs plus concernés que d’autres ? A contrario, lesquels attirent un peu plus les investisseurs actuellement ? J’ai l’impression qu’on revient un peu sur des secteurs fondamentaux. Tous les sujets autour du climat et de la décarbonation ont un très bon accès aux financements… Parfois, avant, ça pouvait être plus compliqué car il y avait moins d’argent facile que dans le secteur de la fintech. On revient sur des sujets où l’intensité technologique est plus forte, où il y a nécessairement plus de R&D, et pour de nombreux cas, dans le secteur de l’industrie. Il y a aussi tous les sujets autour de la santé qui sont très résilients, c’est une bonne nouvelle car ce sont des projets avec un impact très positif - on a plus besoin d’avoir des nouveaux traitements pour des maladies orphelines, qu’une énième marque de biscuits. Quant aux secteurs corrigés, on retrouve typiquement les fintech, les sujets d’e-commerce aussi car après une embellie liée aux confinements, le commerce physique est revenu en force - et les gens ont moins de pouvoir d’achat.Un nouveau véhicule financier pour Aquiti Au premier semestre 2023, Aquiti Gestion a investi 26,4 millions d’euros. Comment se profile le second semestre ? C’est vrai qu’on a eu une importante activité, notamment en private equity, avec de jolies opérations et des tickets importants. Je pense que le deuxième semestre sera au moins aussi bon, de ce qu’on voit sur le capital développement transmission, le secteur est toujours porteur. Et sur le venture, nous sommes en pleine transition puisque nous lançons un nouveau fonds d’amorçage baptisé Aquiti Ventures Amorçage 1. Nous visons une taille cible de 60 millions d’euros, et l’objectif de ce fonds est d’intervenir très tôt dans la vie des entreprises innovantes, dès le pré-amorçage et l'amorçage. Les tickets iront de 100.000 à un million d’euros, car notre stratégie sera de suivre les projets les plus prometteurs sur plusieurs tours de table. Ce fonds aura deux grandes thématiques, même si nous restons un fonds régional généraliste - ce sera le climat et la santé. Le premier closing sera dans les prochains mois, et on le vise à 30 millions d’euros.Selon le dernier baromètre EY de septembre 2023, les montants levés ont chuté, en France, de 49% entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023. En Nouvelle-Aquitaine, cette chute est moindre, mais atteint tout de même -38%.

Financement des startups : « Une grande différence selon le stade de maturité » - Premium

Sur le même sujet

Banque des Territoires : « On a joué pleinement notre rôle c ...

Finance durable : pourquoi la CEAPC lance le Livret Transiti ...

Fintech : la société girondine Soan devient filiale du group ...

Immobilier : Vasco en quête de fonds pour sa solution de fin ...

RV le 20 mars : Placéco invite Anne-Catherine Péchinot, DG d ...

Profession’L revient à Bordeaux les 13 et 14 mars

Le Rallye des Pépites revient à Bordeaux pour sa 10e édition

RV le 31 janvier : Placéco Live avec Christian Maviel, PDG d ...

David Djaïz et Élisabeth Laville, invités des Rencontres RTE ...

RV le 18 octobre : Placéco Live avec Nicolas Béraud de Betcl ...

Jeux vidéo : Horizon(s) revient pour une seconde édition à B ...

La Plage aux entrepreneurs revient à Arcachon

En images : la 2e édition de Résolution, au Palais des Congrès de Bordeaux

La chronique innovation : Agena Space veut mettre en orbite ses satellites légers

New Space : Aerospacelab France change de nom et maintient son calendrier

La chronique innovation : Comerso revalorise les invendus au profit d'associations

DigitÉco #11 : votre IA, open source ou propriétaire ?

La chronique innovation : Les Nouvelles Fermes réinventent l'aquaponie urbaine

Décarbonation des bâtiments : Air Booster concrétise un tour de table avec Team for the Planet