Surgères : Les Grands Moulins de Paris misent sur le « super local » pour faire face aux crises agricoles - Premium

Le mois de mai est celui de l’épiaison. Impossible de manquer les champs de blé, en Charente-Maritime, où l’épi doré commence à poindre. À Surgères, Cyril Gargot, responsable qualité des Grands Moulins de Paris (GMP), affiche un optimisme mesuré : « 2025 devrait être une meilleure saison que la précédente », assure-t-il. Il faut dire que 2024 a marqué les esprits. Classée par le service statistique du ministère de l’Agriculture comme « la plus mauvaise récolte depuis 40 ans », avec une chute de 25 % des volumes, elle a mis les meuniers à rude épreuve. Malgré tout, le site de Surgères a réussi à transformer 52.000 tonnes de blé tendre en 40.700 tonnes de farine. « La récolte de 2024 était réellement catastrophique, plombée par des taux de protéines très faibles et une contamination par l’ergot, un champignon parasite », explique Cyril Gargot. Cette situation a obligé la minoterie à délocaliser 9 % de ses achats, un chiffre qui reste très limité au regard de l’ampleur de la crise. Un moulin moderne au service des industriels C’est sans doute là, l’un des atouts majeurs des Grands Moulins de Paris à Surgères. Le site, qui existe depuis le XIXe siècle, a connu une rénovation complète d’avant d’être entièrement automatisé en 2016. Ainsi, 13 salariés seulement suffisent à faire tourner l’usine, 6,5 jours/ 7. « Autrefois, sans eau, le moulin s’arrêtait. Aujourd’hui, c’est une coupure Internet qui peut tout bloquer », sourit Cyril Gargot. Pour éviter ce genre de panne, les GMP ont opté pour un abonnement satellite afin de sécuriser la connexion. Autre spécificité du site : il est exclusivement dédié à la deuxième transformation, c’est-à-dire aux industriels de l’agroalimentaire. Harry’s, BN, Paso, Saint-Michel ou encore Domino’s Pizza figurent parmi les clients. Chacun a des exigences, « farine pour le pain de mie et le feuilletage », entre autres, et impose des cahiers des charges bien précis. Chaque recette est formulée sur-mesure, en fonction du type de matériel utilisé et du produit final visé. « Deux clients qui font du feuilletage n’auront pas la même farine », illustre le responsable qualité. Une sélection qui se pense 15 mois à l’avance Un travail de précision qui demande à Cyril Gargot et à ses équipes d’anticiper les besoins des clients. Quinze mois avant la récolte, les variétés sont sélectionnées selon leurs qualités agronomiques et techniques. « Mon travail, c’est de choisir celles qui sont à la fois adaptées aux spécificités locales et intéressantes pour mes formulations », explique Cyril Gargot. Actuellement, la minoterie travaille avec le blé de 2024. Mais en raison de la saison médiocre, seuls sept variétés ont pu être retenues. En prévision de 2026, dix variétés ont déjà été sélectionnées. Les commandes sont ensuite passées, à la tonne de semis, auprès de coopératives agricoles locales — Terre Atlantique, Coop Saint-Agnant et Oxagri — qui assurent la culture et la récolte du blé destiné au moulin. « On vise du 100% français, 100% local, avec moins de 30km en moyenne entre les silos et le moulin », se félicite-t-il. Une stratégie de « super local » propre au site de Surgères, qui s’inscrit aussi dans une démarche plus large : réduire l’empreinte carbone, renforcer la RSE et éliminer les ingrédients superflus. Demain, la meunerie du Pays d’Aunis vise deux objectifs : renforcer la R&D afin d’obtenir un blé à la fois résistant, performant et respectueux de l’environnement et augmenter sa capacité de stockage, avec trois nouveaux silos de 45 tonnes, pour la farine, ainsi qu’un projet de trois silos supplémentaires pour le blé. Les Grands Moulins de Paris (GMP) sont une filiale du groupe coopératif Vivescia, basé à Reims, qui rassemble 10.000 agriculteurs adhérents. Particularité de ce groupe : au-delà de ses activités classiques de coopérative, il dispose de nombreuses filiales de transformation agroalimentaire, parmi lesquelles Grands Moulins de Paris, Malt Europe ou encore Délifrance. Aujourd’hui, GMP est le premier groupe meunier français, avec 820.000 tonnes de blé écrasées par an, 1.124 salariés, 8 sites de production — dont 7 moulins et une unité de fabrication de levain.Les Grands Moulins de Paris - SurgèresNombre de salariés : 13 Chiffre d'affaires du site de Surgères : non communiquéChiffre d'affaires du groupe : 608 millions d’euros

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