Financement - Ouvrir son capital, l’opportunité de grandir sans perdre la main
Lors de la comptabilisation de la levée de fonds, ces apports doivent être enregistrés au crédit du compte de capital social à leur valeur nominale. Crédit photo : Adobe
Faire évoluer son actionnariat n’implique pas de perdre le contrôle de son entreprise. Mythes et réalités d’un tour de table pour les dirigeants de PME-PMI.
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Le nerf de la guerre. Pour exécuter sa feuille de route, tout dirigeant d’entreprise se pose évidemment la question du financement de ses projets. Si les moyens de trouver de l’argent ne manquent pas, ils n’impliquent ni ne permettent pas tous la même chose dans la conduite de son plan de développement. Marchés financiers, investisseurs individuels, crowdfunding, aides et subventions publiques, financements bancaires… Même dans le financement en fonds propres, la palette est large : autofinancement, love money, compte courant d’associé, apport de capital par les fondateurs ou actionnaires déjà en place. Pour ces derniers, notamment ceux jouant un rôle opérationnel direct dans l’entreprise, ouvrir son capital à un fonds d’investissement est une hypothèse souvent cernée de craintes et d’idées reçues, souvent par méconnaissance. Ou par association d’idées avec d’autres acteurs financiers qui évoquent davantage le far west économique : fonds de pension, fonds requins, raiders… Autant de freins auxquels il convient d’opposer des réalités et des éclairages.
Le contrôle ? Ça se sécurise
« Si je fais entrer un fonds à mon capital, vais-je rester maître à bord, les nouveaux actionnaires ne vont-ils pas imposer leurs décisions ? », est ainsi l’une des interrogations le plus souvent remontées par nos interlocuteurs, chefs de PME/PMI de l’agglomération rochelaise qui envisagent une telle opération. D’abord, il existe différentes ampleurs d’ouverture de son tour de table. Et qu'il s'agisse d'une d’entrée minoritaire ou majoritaire, le sujet du pacte d’actionnaires s’impose dans tous les cas de figure.
La définition des différentes clauses permet de poser un certain nombre de garde-fous et de lever un maximum d’ambiguïtés ou angles morts, résument unanimement experts-comptables, avocats conseil, notaires... et autres spécialistes de l’accompagnement des entreprises dans ces opérations. Parmi les points clés doit ainsi être encadrée la composition des organes de direction et de contrôle : définition du nombre et des modalités de nomination des membres du conseil d’administration/directoire/comité stratégique, répartition des sièges entre les différents groupes d’actionnaires (fondateurs, investisseurs, management…). Mais aussi les règles de prise de décision (unanimité, majorité, éventuel droit de veto…). Ou encore des clauses relatives aux mouvements de titres sur le capital et la transmission des actions : inaliénabilité des titres, droit de préemption, clause d’agrément/de liquidité/anti-dilution. Un pacte d’actionnaires qui doit toujours être assorti d’une durée de vie et de conditions de résiliation. Une manière aussi de sécuriser la vision du fondateur et/ou dirigeant.
Au-delà de la manne financière, le fonds d’investissement s’embarque pleinement dans l’aventure entrepreneuriale et dans le plan de développement, agissant comme un partenaire stratégique, apportant des compétences, ses réseaux, des expertises sectorielles…
Faire appel à un fonds, signe de faiblesse ?
L’avis est assez largement partagé : chercher des fonds pour se développer est au contraire un signe de maturité et d’ambition. Et permet d’accélérer son développement, tout en ouvrant la voie à quantité de bénéfices tangibles comme intangibles. Ainsi de la crédibilité auprès des banques, des clients, des fournisseurs. Des possibles effets de levier, le renforcement des fonds propres permettant d’aller chercher des subventions et aides publiques, ainsi que de la dette. Difficilement mesurable mais avéré : la levée de fonds en général - l’arrivée d’un fonds à son capital en particulier - crée également une dynamique d’image qui bonifie immédiatement l’attractivité de la marque employeur, élément crucial pour séduire les profils de haut niveau ou spécifiques à recruter en phase de développement.
Complexe, pour au final partager les bénéfices ?
Ouvrir son capital ne se fait pas d’un claquement de doigts. Et heureusement ! D’où l’importance d’être - bien - accompagné et pour ce faire de s’appuyer sur l’expertise de spécialistes de ce genre d’opération qui, chacun par leur métier, « décomplexifient » les sujets un par un. Au-delà, le choix du bon fonds d’investissement va s’avérer crucial. Ce qui suppose d’en voir beaucoup. Le roadshow porte bien son nom. Véritable tournée des popotes et des possibles, il permet de multiplier les prises de contact, les présentations et les échanges. Rebecca Sharp, cofondatrice et PDG de Genevos, confirme le marathon ayant mené jusqu’au choix du fonds Impact Océan Capital pour son opération fin 2023. « Il faut vraiment en voir le maximum, pour aligner les valeurs », confirme-t-elle. Une approche méthodique même si, in fine, l’intuition du dirigeant va également jouer : « C’est aussi un feeling, tu ne fais jamais d’affaires avec quelqu’un que tu n’aimes pas. »
Si l’élargissement du tour de table induit de partager les bénéfices et dividendes, le développement réussi de l’entreprise, notamment grâce à l’implication stratégique du fonds, fait aussi grossir le gâteau. Et s’il faut accepter un partage plus large de la valeur ajoutée, d’autres choses se partagent également, comme les soucis. En renforçant le board de son entreprise, le dirigeant rompt aussi avec une certaine solitude inhérente à sa fonction. Une meilleure sérénité pour le dirigeant, ça n’a pas de prix.
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