PGE : des propositions pour éviter le « mur de la dette » - Premium

Initialement prévu sur une durée de six ans, le prêt garanti par l’Etat (PGE) a fait l’objet de reports d’échéance qui permettent aux entreprises touchées par la crise de préserver leur trésorerie. Problème : ces différés réduisent le délai nécessaire au remboursement, ce qui va se traduire par un impact financier significatif pour les entreprises ayant consommé leur PGE. « Le PGE peut représenter jusqu’à 25% du chiffre d’affaires d’une entreprise. Avec une durée de remboursement ramenée à quatre ou cinq ans, les entreprises vont donc devoir allouer 5 ou 6,25% de leur chiffre d’affaires annuel au remboursement. Pour beaucoup d’entreprises, cela signifie consommer l’intégralité de leur résultat, ce qui les coupe de toute possibilité d’investissement nouveau, alors que c’est le nerf de la guerre », résume Mikaël Hugonnet, président de l’ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine.Une minorité en difficulté lourde La question se révèle d’autant plus cruciale pour les entreprises qui ne dégagent pas un résultat suffisant : c’est le fameux « mur de la dette », pris en compte dans le compte général de l’Etat par l’intermédiaire d’une provision pour risque équivalente à 6,2% des 100 milliards d’euros garantis par le Gouvernement. « Une entreprise qui tombe a effectivement un coût pour l’Etat, qui devra rembourser le PGE, mais elle aussi un coût sous forme d’assurance chômage, ou de réduction des ressources perçues par l’intermédiaire des charges sociales. Et la conséquence ultime, c’est qu’une entreprise qui dépose le bilan ne peut pas régler ses fournisseurs. D’autres seront donc mises en difficulté », alerte Mikaël Hugonnet. À ce stade, difficile d’évaluer précisément le nombre d’entreprises concernées. A fin mars, il a été distribué environ 65.000 PGE en Nouvelle-Aquitaine, pour un montant global d’environ 10 milliards d’euros. « Environ la moitié de ces entreprises ont sollicité le PGE par mesure de précaution et ne l’ont pas consommé. La plupart préfèrent attendre pour commencer à le rembourser, puisqu’on manque encore de visibilité, mais celles-ci sont plutôt sereines. Sur l’autre moitié, une partie pourra rembourser sur quatre ou cinq ans, mais il en restera une minorité en difficulté lourde », analyse Mikaël Hugonnet.Subventions d'exploitation et implication des fonds régionaux Partant de ce constat, et compte tenu de l’impossibilité de rallonger la durée de prêt sur des contrats déjà signés, l’institut Sofos, think tank des experts-comptables créé au printemps 2020, formule plusieurs propositions susceptibles de faciliter le remboursement aux entreprises en difficulté. Pour les secteurs les plus touchés, comme l’événementiel ou l’hôtellerie restauration, il suggère par exemple que le PGE soit transformé en subventions d’exploitation, ou en avances conditionnées, assimilables à des fonds propres et remboursables sur un délai plus long. Il avance également comme autre piste la transformation des PGE en titres subordonnés à la réalisation de bénéfices, avec la possibilité de faire transférer ces titres à des acteurs publics, pour que l’entreprise n’ait à rembourser qu’après le retour à un niveau d’activité suffisant. « Ces mécanismes ne sont pas possibles aujourd’hui, mais l’abandon de charges ne l’était pas non plus il y a un an. On essaie donc de prendre de la hauteur pour permettre à notre économie de passer ce cap », résume Mikaël Hugonnet. L’institut Sofos appelle par ailleurs à une plus large implication des fonds régionaux aux côtés des banques et de l’Etat dans la gestion de ces mesures, notamment dans le cadre du récent lancement des prêts participatifs relance (PPR). Pour arbitrer ces différentes mesures, il préconise enfin la création d’une commission impliquant les experts-comptables, les mandataires ou les représentants du tribunal de commerce, chargée de mesurer le risque de défaillance des TPE et PME lié à l’incapacité de rembourser le PGE. « Ça n’est pas à la banque ou à l’administration de décider, nous pensons qu’il faut un point de passage neutre, avec des gens capables d’identifier les signaux faibles laissant imaginer une défaillance, pour orienter les entreprises en difficulté vers les meilleurs dispositifs », explique Mikaël Hugonnet.Un écho au Sénat Une partie des propositions formulées par l’institut Sofos trouvent un écho dans un récent rapport (pdf) de la commission des finances du Sénat, qui souligne lui aussi le risque d’une « dégradation contenue au niveau agrégé, mais potentiellement intense pour certains secteurs et certaines entreprises ». Il recommande lui aussi la mise en place d’une structure territoriale de concertation des acteurs publics et privés visant à mieux identifier et orienter les cas problématiques, préconise le recours à des décotes partielles des créances publiques, et suggère l’introduction, à titre temporaire, d’une déduction fiscale sur le capital risque, pour inciter les entreprises à réduire l’excès d’endettement en renforçant les fonds propres.

PGE : des propositions pour éviter le « mur de la dette » - Premium

Sur le même sujet

Banque des Territoires : « On a joué pleinement notre rôle c ...

Finance durable : pourquoi la CEAPC lance le Livret Transiti ...

Fintech : la société girondine Soan devient filiale du group ...

Immobilier : Vasco en quête de fonds pour sa solution de fin ...

RV le 20 mars : Placéco invite Anne-Catherine Péchinot, DG d ...

Profession’L revient à Bordeaux les 13 et 14 mars

Le Rallye des Pépites revient à Bordeaux pour sa 10e édition

RV le 31 janvier : Placéco Live avec Christian Maviel, PDG d ...

David Djaïz et Élisabeth Laville, invités des Rencontres RTE ...

RV le 18 octobre : Placéco Live avec Nicolas Béraud de Betcl ...

Jeux vidéo : Horizon(s) revient pour une seconde édition à B ...

La Plage aux entrepreneurs revient à Arcachon

En images : la 2e édition de Résolution, au Palais des Congrès de Bordeaux

La chronique innovation : Agena Space veut mettre en orbite ses satellites légers

New Space : Aerospacelab France change de nom et maintient son calendrier

La chronique innovation : Comerso revalorise les invendus au profit d'associations

DigitÉco #11 : votre IA, open source ou propriétaire ?

La chronique innovation : Les Nouvelles Fermes réinventent l'aquaponie urbaine

Décarbonation des bâtiments : Air Booster concrétise un tour de table avec Team for the Planet