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Le Bassin d’Arcachon face au défi des friches ostréicoles

Écosystème
mardi 16 février 2021

Une dameuse "marinisée" broie les coquilles d'huîtres - photo AL

Le Bassin d’Arcachon s’est lancé dans un vaste programme de réhabilitation des 1000 hectares de friches ostréicoles qui pénalisent à la fois l’équilibre de l’écosystème, la production d’huîtres d’élevage et les activités de plaisance. Un chantier de 15 ans, qui devrait bientôt profiter du fonds environnemental pour les filières de la pêche et de l’aquaculture mis en place dans le cadre du plan France Relance.

Non loin d’un bateau-grue échoué à marée basse, une mini-pelle et une dameuse s’activent sur le banc de Bourrut, en plein milieu du Bassin d’Arcachon. La première s’affaire à extraire de la vase les tables et les casiers abandonnés, tandis que la seconde, équipée d’un broyeur forestier, passe et repasse pour niveler le sol et réduire en poudre les coquilles. En quelques dizaines d'heures de marées basses, les deux engins doivent réussir à traiter un périmètre d’environ 44 hectares, correspondant à la deuxième phase d’expérimentation du projet de réhabilitation des friches ostréicoles du Bassin.

« Les premières friches remontent aux années 60 et 70, quand l’activité de l’huître a périclité. Depuis, on a passé un demi-siècle de déshérence totale », se souvient Thierry Lafon, président du Comité Régional de la Conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA). Les ostréiculteurs tirent la sonnette d’alarme à partir de 2016 : alors que l’élevage représente 15.000 tonnes d’huîtres à l’échelle du Bassin, les concessions abandonnées accueillent 60.000 tonnes d’huîtres sauvages. Devenues de véritables massifs, ces friches phagocytent les ressources alimentaires, portent préjudice au développement d’autres espèces et modifient les courants qui accélèrent le phénomène de chenalisation. « Il était urgent de faire quelque chose, c’est devenu un enjeu consensuel », estime Thierry Lafon.

Un équilibre subtil

Saisi de la question, l’Etat missionne en 2018 le Syndicat Intercommunal du Bassin d'Arcachon (Siba), qui met en place une convention avec le département de la Charente-Maritime et le CRBAA pour étudier les modalités de réhabilitation de ces friches ostréicoles dont la surface est estimée à environ 1000 hectares. Une première campagne est menée entre 2018 et 2019 sur le banc des Jacquets, en face de Lège-Cap-Ferret. La seconde est en cours début 2021 au Bourrut. « Ce sont des chantiers expérimentaux, qui visent à comprendre comment traiter plus largement le sujet. L’équilibre est très subtil, entre la conciliation des usages et la préservation du patrimoine naturel », souligne Mélina Roth, directrice déléguée du parc naturel marin du bassin d'Arcachon. Le dragage des coquillages, première piste étudiée, laisse finalement la place au travail de la dameuse, censée permettre de restaurer la vasière et limiter la prolifération des huîtres sauvages sans perturber le milieu.

La deuxième phase d’expérimentation en cours sur le banc de Bourrut nécessite un investissement de 225.000 euros, avec un financement assuré à la fois par le Siba, l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’agence de l’eau Adour-Garonne. Sur la base de ces essais, suivis de près par l’Institut français recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) d’Arcachon, l’objectif est désormais de parvenir à réhabiliter 75% des 1000 hectares de friche d’ici quinze ans, avec un budget prévisionnel de l’ordre de 250.000 euros par an. Le projet devrait pouvoir bénéficier prochainement d’un coup de pouce financier significatif grâce au fonds environnemental pour les filières de la pêche et de l’aquaculture mis en place dans le cadre du plan France Relance. « Nous sommes en train de préparer une maquette à hauteur d’1 million d’euros sur deux ans pour amplifier ces efforts et mobiliser les différents acteurs impliqués », indique Mélina Roth.

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