Euro VTC, l'entreprise de chauffeurs « made in Bordeaux » - Premium

Nous sommes en 2016 quand Jeff Calatayud, ancien ambulancier reconverti dans le transport VTC, décide de développer une petite application pour son usage personnel. Comme beaucoup de ses confrères il a commencé en s’inscrivant sur Uber, mais s'est retrouvé vite confronté au modèle économique du géant, qui ponctionne 25% du prix de chaque course pour se rémunérer. « J’ai rapidement compris qu’il fallait que je développe ma propre clientèle en direct, se remémore-t-il. Les clients ont afflué mais je ne pouvais pas gérer. L’idée de l’application m’est venue et j’ai rencontré un webmaster spécialisé dans la création d’appli dédiées aux VTC. » L’activité de Jeff Calatayud se structure, et il décide en 2018 de la mettre en coopérative. Pour y entrer chaque chauffeur doit montrer patte blanche, et fournir de nombreux renseignements. « Nous sommes très sélectifs car il y a énormément de faux chauffeurs. Sur une plateforme comme Uber, n’importe qui peut s’inscrire, aucune vérification n’est faite. Nous, nous regardons même l’état du véhicule pour garantir à nos clients une certaine qualité de service. »« Tout le monde participe à la vie de l’entreprise » Chez Euro VTC, chaque chauffeur doit s’acquitter d’un abonnement de 50 euros par mois, puis la totalité de chaque course lui revient. Les prix sont fixes - avec une majoration en cas de circulation dense annoncée en amont de la course. « Comme la loi le prévoit le client doit connaître le prix avant de monter dans le véhicule, insiste Jeff Calatayud. Nous fonctionnons avec une application réputée d’aide à la conduite pour avertir en cas de bouchons et ajuster le tarif. » En plus de la vingtaine de chauffeurs présents autour de Bordeaux, Euro VTC vient d’ouvrir son activité à Toulouse avec une voiture, et compte trois autres chauffeurs dans l’Hérault. D’ici 2022, la société espère se développer autour de Marseille. « Nous ne communiquons pas sur le nombre de clients, précise le fondateur. Mais ce que je peux dire, c’est qu’on a suffisamment d’activité pour que nos chauffeurs arrivent à vivre avec l’application. » Une fois par mois les professionnels se réunissent pour parler de leur activité, des tarifs ou encore des projets. Ici, chacun a la parole et toutes les propositions sont votées. « Nous sommes tous des indépendants, reprend Jeff Calatayud. Nous changerons d’ailleurs bientôt de statuts pour passer en groupement d’indépendants. » Euro VTC ne dispose pas à l’heure actuelle de locaux, mais pense à en acquérir pour se structurer davantage et pouvoir entreposer les voitures.Un contrat pour transporter les voyageurs Euro VTC vient de signer un contrat avec Karhoo, filiale de Renault qui connecte les flottes VTC aux centrales de réservation comme la SNCF ou Booking. « D’ici très peu de temps lorsqu’un client effectuera une réservation via l’une de ces plateformes pour Bordeaux, Toulouse ou l’Hérault, il verra Euro VTC parmi les suggestions de chauffeurs. Nous ne serons pas les seuls mais nous avons mis en place des tarifs très compétitifs par rapport à d’autres sociétés. » D’après Jeff Calatayud ce contrat pourrait représenter, pour chaque chauffeur, une hausse de chiffre d’affaires de 20 à 25%. Une aubaine car ces derniers mois, l’activité des chauffeurs bordelais était quasi nulle. « On a perdu beaucoup de clients que l’on ne revoit pas encore à cause du télétravail, se désole le fondateur de l’application. Et puis notre clientèle estivale est majoritairement internationale : des Anglais, des Allemands, des Américains… On ne voit pas encore de reprise, alors on attend la rentrée avec impatience. »Envisager un autre type de rémunération Surtout, Jeff Calatayud voudrait générer de la publicité locale pour changer – ou faire évoluer le mode de rémunération. L’idée serait de de diffuser cette pub sur l’application et à bord des véhicules, pour à long terme « permettre au client d’avoir un transport gratuit s’il regarde des publicités ». Ces dernières rémunèreraient le chauffeur. Pour concrétiser ce projet, un nombre minimum de clients doit être nécessaire. « Nous ne l’avons pas encore atteint », précise le porteur de projet sans dévoiler le seuil fixé. D’après lui un premier test a été réalisé par des chauffeurs VTC exerçant à Paris. « En roulant moyennement, ils ont bénéficié d’un complément de revenus de 500 à 600 euros net. » Si pour l’instant il ne s’agit donc que d’un simple complément, le Bordelais ne désespère pas de pouvoir l’appliquer à Euro VTC. « C’est important que ce soit de la publicité locale, insiste Jeff Calatayud. J’en ai marre des enseignes internationales et on l’a vu avec la crise : les entreprises locales sont essentielles et se perdent. » Mais avant de concrétiser ce projet, le chauffeur espère avancer sur un autre sujet : l’obtention de places devant la gare Saint-Jean. « J’ai déjà contacté la Région pour leur expliquer la situation. Aujourd’hui seuls les taxis ont des emplacements réservés à cet endroit. Je respecte entièrement leur travail mais c’est à mon sens de la discrimination, car nous bénéficions du même code APE. Il est parfois dangereux pour nos clients de les déposer près de la gare. Nous ne voulons pas de zone de stationnement mais d’une zone pour les déposer et les récupérer lorsqu’ils ont effectué une réservation via Euro VTC. »Euro VTCBasée à BordeauxCA : n. c. Application disponible sur Android et Apple

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