Verso Energy et Ryam exportent leur modèle d’e-carburant aux Etats-Unis
De gàd : Antoine Huard (DG Verso Energy), Lyle Bloomquist (CEO Ryam), Xavier Caïtucoli (président Verso Energy) et Christian Ribeyrolle (Directeur Ryam France). Crédit photo : Verso Energy
Après avoir lancé dans les Landes, à Tartas, l’un des plus ambitieux projets européens de carburant d’aviation durable, Verso Energy et Ryam s’allient à nouveau pour explorer la création d’une usine e-SAF à Jesup, en Géorgie (États-Unis).
À Tartas, la collaboration entre Verso Energy et Ryam marque un tournant pour l’industrie française. Dans les Landes, 1,4 milliard d’euros sont investis, 81.000 tonnes de carburant d’aviation durable seront produites chaque année dès 2030, et 225.000 tonnes de CO₂ devraient être évitées annuellement. Le principe fondateur ? Valoriser le CO₂ biogénique issu des opérations industrielles de Ryam, capté puis combiné à de l’hydrogène vert pour produire un kérosène synthétique, sans recourir à de la biomasse supplémentaire. « Nous ne mettons pas du bois dans les avions », souligne Victor Levy Frebault, directeur du développement chez Verso Energy.
Ce modèle, qui s’inscrit dans le cadre du règlement européen ReFuelEU Aviation et de la course mondiale à la décarbonation, a permis à l’entreprise française d’asseoir une stratégie de portefeuille avec sept sites de production d’e-SAF prévus, dont quatre en France, deux en Finlande et un aux États-Unis.
Des deux côtés de l’Atlantique: un partenariat pionnier
Cette stratégie table sur la capacité à mutualiser les coûts d’ingénierie, à sécuriser des débouchés auprès de compagnies aériennes et fournisseurs, et à mobiliser des financements privés grâce à la visibilité réglementaire jusqu’en 2050.
Le nouveau mémorandum d’entente signé le 23 juin 2025, entre Ryam et Verso Energy transpose ce modèle en Géorgie (Etats-Unis). Il prévoit des études de faisabilité pour trois volets majeurs : captage et stockage du CO₂ biogénique, production d’hydrogène renouvelable sur site, et conversion du CO₂ et de l’hydrogène vert en e-SAF, le tout sur la base industrielle établie de Ryam à Jesup.
Une vitrine nord-américaine pour l’aviation verte
Pour Ryam, ce projet est l’occasion de valoriser ses flux de CO₂ biogènes et d’ouvrir de nouveaux relais de croissance, tout en contribuant à la décarbonation mondiale. « Ce nouveau mémorandum représente une évolution passionnante dans notre collaboration avec Verso Energy », souligne Lyle Bloomquist, PDG de Ryam. Le PDG se montre ravit de ce partenariat qui permet « de débloquer de nouvelles sources de revenus à partir de nos ressources biogènes de CO₂ et de biomasse » .
Du côté de Verso Energy, on trouve ainsi un point d’appui dans le marché américain, très porteur dans le domaine de l’aviation. Selon Antoine Huard, « Le site de Jesup représente une opportunité unique de démontrer l'intégration à grande échelle de la capture du carbone et de la production de carburants renouvelables en Amérique du Nord », se réjouit le directeur général.
Le protocole prévoit la création d’un comité de pilotage commun, une période d’exclusivité pour évaluer les projets, et la négociation d’accords définitifs, dont un contrat d’approvisionnement en CO₂. La décision finale d’investissement est attendue d’ici 18 à 24 mois, à l’issue des études techniques, économiques et environnementales déjà engagées.