Placéco Pays Basque, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Salon de l'agriculture 2023 : Avec E-Taranis, trois Luziens veulent industrialiser leur modèle de petite éolienne

Stratégie
mardi 28 février 2023

Mathieu Haristoy et Thibault Eudier ont cofondé E-taranis avec leur autre copain de collège Jérémy Pele, et ambitionnent de fabriquer 50 éoliennes par mois depuis leur futur nouveau site. Crédit: Anthony Michel

Zoom sur les sociétés basques invitées par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques au Salon de l'Agriculture 2023. La société E-Taranis, lancée fin 2020, investit pour industrialiser sa production de petites éoliennes pour entreprises, collectivités et particuliers depuis le quartier Jalday de Saint-Jean-de-Luz.

L'aventure partait mal. Installés en pépinière début mars 2020, le COVID a coupé net le démarrage de l'entreprise. Mais finalement, l'ambition est restée intacte chez E-Taranis, elle a même été invitée pour participer au Salon de l'agriculture 2023. Derrière le projet, trois copains tous les trois originaires de Saint Jean de Luz, qui se sont connus dès le collège. Ensemble, ils ont eu l'idée de créer une petite éolienne, qui permettrait aux particuliers, aux entreprises, et aux collectivités de pouvoir s'équiper et d'être partiellement autonomes en électricité.

En deux ans, ils ont pensé, créé et produit leurs premières éoliennes. Elles peuvent être installées sur des toits, avec une fixation le long du mur. En termes de production, difficile à dire, "tout dépend du lieu, et du vent", décrit Thibault Eudier cofondateur d'E-Taranis. Mais globalement, ils estiment la production à 2 kwh avec un vent à 40 km/h. Sur l'année, ça fait une production de 3 500 kwh.

Cette petite éolienne s'appelle ALAE, elle est composée de plusieurs éléments : trois voiles en forme de cerf-volant de trois mètres de long, hissé sur un mât de 3 mètres au-dessus du toit lui aussi, pour un poids de 85kg. "Chez certains concurrents, leur modèle fait plus d'une tonne" présente Thibault Eudier, car plusieurs autres acteurs sont sur ce marché. Mais pas de quoi doucher la motivation des cofondateurs d'E-Taranis selon qui ces concurrents ne sont pas sur le même marché, trop lourd pour être sur le toit. Autre différenciation, les fondateurs veulent un produit 100 % fabriqué en France. Pour l'instant, les toiles pour les voiles de cette minie éolienne sont fabriquées en Vendée, tout comme l'aluminium. Pour ce qui est de la partie fonderie, c'est à une heure de Bordeaux. Seule la matière première, l'aluminium, vient évidemment d'ailleurs. "On essaye de faire quelque chose qui a un sens environnemental. Donc, si on produit toutes les pièces à droite à gauche dans le monde, notamment en Chine où il y aura beaucoup de charbon, environnementalement parlant, ce n'est pas ce n'est pas rentable", justifie Mathieu Haristoy, autre cofondateur de l'entreprise.

Une fabrication brevetée par deux fois : l'adaptation des toiles à la direction du vent et leur forme d'une part, et de l'autre le fonctionnement à l'intérieur du générateur, via des bobines entièrement interchangeables et donc réparables. Quant au prix, ils se disent particulièrement compétitifs avec un produit disponible à plus ou moins 15.000 euros en fonction du coût de l'installation. Une mise en service dont ils ne s'occupent pas. "On travaille avec plusieurs installateurs en local", explique Thibault Eudier. D'autant qu'ils ont justement fait entrer un de ces spécialistes lors du dernier tour de table.

Augmenter la production

Ils viennent d'ailleurs d'obtenir une subvention de 150.000 euros de la région Nouvelle-Aquitaine sur un investissement global qu'ils ont chiffré à plus de 717.500 euros pour l'achat de machines. Une levée de fonds sera lancée et bouclée d'ici cet été, ils l'espèrent pour trouver le reste du financement. Une fois réalisée, ils doivent s'équiper d'un tour automatisé avec embarreur, un centre d'usinage, une machine à coudre automatique, ainsi qu'une découpe de toile. Ils ont déjà acheté la commande numérique. Parce que l'idée, c'est de pouvoir industrialiser leur production, et de tout faire depuis leur usine en local.

Mais c'est un véritable projet d'ampleur que veulent développer les trois Luziens, puisque derrière, ils veulent non seulement produire leur éolienne, mais aussi concevoir leur solution de stockage de l'électricité, véritable enjeu pour ce qui est de l'énergie verte. Leur concept de stockage mécanique est actuellement en R&D, qu'ils financeront avec la vente des éoliennes. "On développe un système de stockage par air comprimé, comme ça existe déjà par ailleurs dans l'industrie". Dans un troisième temps, ils veulent compléter leur proposition avec une antenne chaleur solaire, qui pourra se coupler à l'éolienne. "Mais ça, c'est plus pour 2028, 2030" se projettent ensemble les deux chefs d'entreprise, avec une promesse finale : "Notre objectif à nous, c'est d'être en mesure de rendre autonome n'importe quel particulier".

Pour ce qui est de l'éolienne, jusqu'à présent, ils en ont produit une vingtaine, ils espèrent en produire 60 cette année. Les dix premières doivent être installées dans le courant de l'année. Parmi leurs clients, les mairies de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. En termes de communication, ils misent sur le bouche à oreille, et surtout sur leur visibilité au-dessus des toits basques. De quoi leur assurer une publicité permanente en cas d'efficacité.

Un nouveau site

En parallèle, les trois Luziens recherchent un nouveau local qui pourra accueillir toutes ces nouvelles machines, et duquel ils pourront lancer leur production. De ce nouveau site, ils veulent accélérer et produire 50 éoliennes par mois. Avec des retombées en matière d'emploi, la société a pour objectif d'embaucher 20 personnes d'ici août 2024. Et peut être même plus, puisqu'à terme, la société espère pouvoir créer d'autres sites de production dans tout le pays, "pour être au maximum à 300 km de nos clients à installer" précise Mathieu Haristoy.

E-Taranis lèvera des fonds à nouveau d'ici cet été pour tenter de trouver le reste de l'argent pour finir d'acheter les machines. Chiffre d'affaires attendu pour 2023 : environ 800.000 euros.