Le Port de Bordeaux va investir 70M€ jusqu’en 2025 - Premium

L’année dernière, le Port de Bordeaux a investi environ 10 millions d’euros dans plusieurs chantiers. Un budget qui reste « assez modeste », mais qui est en « forte progression par rapport aux années précédentes, où l’on sortait d’une période de sous-investissement dans le port », présente Jean-Frédéric Laurent, président du directoire du Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB). Entre autres, les travaux de modernisation du terminal conteneurs de Bassens ont été achevés, « pour étendre sa surface de 14.000 m², et porter sa capacité de l’ordre de 80.000 à 90.000 conteneurs ». Cette montée en puissance des investissements se traduit par le projet stratégique 2021-2025 du GPMB, pour un budget d’environ 70 millions d’euros sur cinq ans. « Ils porteront sur le pôle naval, sur nos terre-pleins, nos services et la multimodalité, précise le président du directoire. Notamment avec une remise à niveau de nos infrastructures ferroviaires de manière à mieux nous insérer dans la dynamique de la multimodalité », dévoile Jean-Frédéric Laurent. Quatre grands axes ont ainsi été définis : l’interface portuaire au centre des échanges régionaux ; l’écosystème portuaire au service du territoire ; faire la ville sur le port et le port sur la ville ; et enfin le renouvellement du modèle économique portuaire dans les transitions écologiques et énergétiques.A lire aussi : Port de Bordeaux - bientôt une technopole dédiée au fluvial La décarbonation, levier de réindustrialisation Ce dernier axe, la transition écologique, sera pensée comme une « vraie stratégie d’attractivité et d’innovation », sans être uniquement tourné vers la décarbonation. Baptisée Green Physics (Green ports and hydrogen for sustainable industries cities et ships), cette feuille de route associe trois éléments. L’économie circulaire, d’abord, « car on croit beaucoup dans la relocalisation d’une partie des ressources, de l’industrie et de la technologie », précise Jean-Frédéric Laurent. Ensuite, avoir une zone industrialo-portuaire « prête à recevoir ces industries naissantes, en croissance » ; qui se traduit par la préparation énergétique et réglementaire des sites du GPMB. Puis, dernier élément, la mise en œuvre d’une démarche pour attirer les molécules bas-carbone, comme l’hydrogène. « Cette stratégie a déjà franchi quelques étapes, comme le projet H2 Bordeaux en 2020 qui visait à regarder l’ensemble des usages de l’hydrogène ; ou encore la signature d’un projet de méthanisation cette année », rappelle le président du directoire. Attirer 500M€ d’investissements privés Autre axe du plan stratégique, la mutation du modèle économique du Port de Bordeaux ; « anciennement basé sur les tonnes, mais aujourd’hui davantage basé sur la valeur, le retour du service du local et du territoire, et sur la performance ». En proposant des sites industriels labellisés « clé en main », c’est-à-dire immédiatement disponible, comme celui du Verdon en 2021. « Nous l’avions priorisé car c’est un territoire qui est resté en souffrance pendant de nombreuses années, et aujourd’hui nous avons à nouveau des activités qui commencent à regarder vers ce site pour s’y implanter », complète le président du directoire. De manière globale, l’objectif est affiché : attirer d’ici 2030 les investisseurs, pour atteindre 500 millions d’euros d’investissements privés sur la zone industrialo-portuaire de Bordeaux. Selon Jean-Frédéric Laurent, « les projets déjà annoncés aboutissent à la réalisation de la moitié de cet objectif », et le Port compte un portefeuille de l’ordre d’un milliard d’euros de projets. « Ils sont aujourd’hui, pour les uns à l’étude, pour les autres en projet, et j’espère qu’ils se réaliseront. » Une situation encourageante pour notre interlocuteur, qui poursuit : « En partant d’une situation où l’on voyait plutôt un désinvestissement sur la place portuaire de Bordeaux, on est aujourd’hui dans une situation inversée où il y a des projets et de la volonté de venir s’implanter ici. » Un projet de multimodalité avec SNCF Réseau Enfin, concernant la multimodalité, le GPMB veut décloisonner la possibilité de faire transiter des marchandises de manière massifiée, quels que soient les produits. Deux étapes sont prévues, et en premier lieu, la remise à niveau du réseau portuaire. Ensuite, avec la montée en puissance prévue de l’activité conteneurs, « nous envisageons la possibilité de constituer des trains relativement longs, de 700 à 750 mètres, imagine Jean-Frédéric Laurent. Nous ne sommes pas capables de le faire aujourd’hui et de manière très modeste, nous aurons une ou deux voies qui nous permettront de réaliser ce plan ». Un projet co-construit avec SNCF Réseau a été déposé au niveau de l’Union européenne par le Port de Bordeaux, pour réhabiliter le faisceau portuaire de Bassens Appontements, « le plus adapté », et être capable de constituer ces trains. Il s’agirait d’une plateforme multimodale et multiservices, équipée de cases à matériaux pour transporter du vrac, et de structures pour les conteneurs. « Nous sommes plutôt à horizon 2025, tempère Jean-Frédéric Laurent. Cela demande encore un travail de fond et pour l’instant, je suis très prudent car le projet n’est pas encore cofinancé. » Il permettrait, s’il aboutissant, d’alimenter le réseau ferré national depuis le Port de Bordeaux.

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