Comment La Capsule Bleue veut faire revivre le linge « patrimoine » en lin - Premium

On en a tous au fond de nos placards, ou celui de parents, ou grands-parents. Le linge patrimoine est reconnaissable pour sa couleur blanche, et sa ligne horizontale indigo, typique qui existait sur toute la chaîne pyrénéenne. Et pourtant, ce linge pourrait disparaître. C’était en tout cas la situation en 2020, lorsque l’association La Capsule Bleue s’est lancée. « On apprenait que l’avant-dernier tisserand du Pays basque fermait ses portes, et avec lui un savoir-faire et des emplois, » se souvient Julie Laymond, la présidente de l’association. Alors, avec deux associés, elle a rencontré ce tisserand pour lui proposer non seulement de sauver les machines, mais aussi et surtout, le savoir-faire. C’est ainsi qu’est née la mission de l’association. Depuis, La Capsule Bleue s’investit pour faire fonctionner les machines, et retrouver ce savoir-faire. Ainsi, elle travaille sur une machine ancienne, des années 1980 recalibrée exprès pour le lin. Dans un but historique d’abord, les associés ont bien pour intention de faire préserver ce linge, pour créer une tissothèque. Une subvention de 20.000 euros de la Région va permettre de construire ce module, qui réunira tissothèque, atelier de confection et espace de conférence.Versions capsules Mais les deux associées aimeraient aussi prochainement avoir une petite production à la vente pour le particulier. Créer des nappes, des torchons, des serviettes. « L’objectif, ça va être de faire à peu près 40m de tissu par jour, » explique la présidente de l’association. Parmi les clients potentiels, une niche existe par exemple au Japon, très friand de ce type de linge. Mais aussi un public local « sensible au patrimoine ». Pour séduire ces consommateurs du 21ème siècle, les associées ont imaginé faire venir en résidence des designers pour créer des versions « capsules » contemporaines de leur linge. Le tout sera forcément sur un positionnement haut de gamme, sachant qu’une bobine de fil de lin coûte environ 27 euros, contre 9 euros pour celle en coton. Pour concevoir leur tissu, les associés travaillent avec du lin cultivé en France. « On ne voulait pas de lin cultivé en France, puis envoyé en Chine pour être filé, puis renvoyé en France, » insiste Julie Laymond. Ils travaillent avec Safilin, une société basée dans le nord de la France, filateur de lin. Pour l’instant, pas de filière complète en local, mais Lin des Pyrénées qui produit notamment des graines pour l’huile y travaille, mais pas encore de fibre textile. « Si à terme on pouvait créer des fils avec eux, on aura tout gagné », s’enthousiasme-t-elle.Formation Dans cette démarche autour de la filière, la mission de Capsule Bleue ne veut donc pas s’arrêter à la production du lin. La volonté est aussi de transmettre les savoir-faire liés aux métiers mécaniques en voie de disparition. Aujourd’hui, toutes ces machines ancestrales ont, en effet, été remplacées par des versions technologiques plus efficaces. Ainsi, La Capsule Bleue s’est rapprochée d’organismes de formation et travaille sur un projet pédagogique autour de ces savoirs : créer des formations en entreprises, accueillir des apprentis, ou même des modules dans certains établissements, ou en lien avec des écoles d’art. « Ce savoir-faire mécanique mérite d’être utilisé encore, » insiste la présidente. La Capsule Bleue est encore en phase de R&D. L’association veut pouvoir salarier une première personne à court terme, puis un deuxième tisserand d’ici deux ans.

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