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ESS (3/4) : En 2022, Enercoop Nouvelle-Aquitaine veut augmenter sa capacité de production - Premium

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jeudi 17 février 2022

Alors que Bordeaux est cette année la capitale mondiale de l’économie sociale et solidaire, Placéco vous emmène toute la semaine à la découverte de structures qui sortent de l’ordinaire. Souvent sous forme de coopératives, ces entreprises au modèle économique peu banal ont le vent en poupe. Mais sont-elles viables sur le long terme ?

Enercoop Nouvelle-Aquitaine travaille avec 35 producteurs d'électricité renouvelable. Crédits : Lycia Walter

Le fournisseur d’électricité renouvelable Enercoop Nouvelle-Aquitaine veut, cette année accélérer le développement de deux segments d’activité. La production d’énergie en propre, en investissant son capital dans des projets ; et une activité de bureau d’étude pour le compte d’autres structures. Explications avec Mathilde Plaineau, chargée de la vie coopérative.

Depuis sa création il y a 17 ans à Paris, Enercoop, fournisseur d’énergie renouvelable, a su éprouver son modèle. Mieux, la coopérative l’a décliné en dix structures régionales indépendantes, « dans un souci de décentralisation de la gouvernance ». À l’échelle girondine, 3.400 compteurs sont alimentés par Enercoop dont ceux de plusieurs professionnels tels que l’écosystème Darwin, Elise Atlantiques, l’entreprise Adam, ou encore une trentaine de magasins Biocoop. « Notre coopérative régionale existe depuis 2014 et vient de dépasser le million d’euros au capital social, présente Mathilde Plaineau, chargée de la vie coopérative chez Enercoop Nouvelle-Aquitaine. Il est possible de souscrire à notre offre en tant que simple consommateur ; ou de devenir sociétaire en prenant au moins une part de 100 euros au capital. La mairie de Bègles, par exemple, est membre de notre conseil d’administration. » Un système qui implique les consommateurs, particuliers, professionnels comme collectivités, et qui crée de l’émulation. « Aujourd’hui en Nouvelle-Aquitaine, nous comptons 3.000 sociétaires. Au-delà de leur engagement financier, ils s’impliquent en allant voir leurs élus locaux, et leur parlent de projets photovoltaïques qu’ils peuvent potentiellement développer », explique Mathilde Plaineau.

Mais si Enercoop Nouvelle-Aquitaine est surtout connu pour son activité principale de fournisseur d’électricité, la société veut cette année monter en puissance sur deux autres volets : l’investissement dans des projets de production, et une compétence de bureau d’étude pour accompagner des structures.

Produire autant que la consommation des clients

Du côté de la production, Enercoop travaille avec 400 producteurs français d’électricité renouvelable, dont 35 en Nouvelle-Aquitaine. À la fois des collectivités, des PME ou des collectifs citoyens. L’un des projets emblématiques de la région est notamment le parc photovoltaïque de Naujac-sur-Mer, codétenu par Valorem et la société d’énergie mixte Gironde Énergie. Situé sur un ancien site d’enfouissement de déchet, il produit 5.570 MWh par an, vendus à Enercoop. « Soit l’équivalent de 2.000 foyers de quatre personnes hors chauffage et eau chaude », précise la coordinatrice. À l’échelle française, ce sont 335 MW qui ont permis de couvrir l'équivalent des besoins de 107.000 clients en 2021. « Il faut considérer le réseau électrique français comme un évier au-dessus duquel il y a plusieurs robinets, schématise notre interlocutrice. 85% de l’électricité française provient du nucléaire, et lorsque nous injectons notre production dans le réseau, national comme local, nous ne pouvons pas assurer à nos clients qu’ils vont consommer notre énergie renouvelable. Pour autant, nous savons que nous produisons autant que ce qu’ils consomment. L’idée est de dire : quelle énergie est-ce que je veux soutenir avec ma facture d’électricité ? »

Et pour accélérer, Enercoop Nouvelle-Aquitaine se lance, depuis 2020, dans le développement de projets de production d’énergie renouvelable. En investissant son propre capital, ou en co-investissant aux côtés d’acteurs locaux, pour produire de l’électricité en propre. La centrale photovoltaïque Candate Energie, située sur l’ancienne déchetterie de Saint-Paul-lès-Dax (Landes), en est un exemple. Enercoop y a investi à hauteur de 34% aux côtés de la mairie et du dispositif de cofinancement EnRciT. « Mais aussi, nous développons une activité de bureau d’étude pour accompagner techniquement les collectivités, les entreprises et les collectifs d’habitants, poursuit Mathilde Plaineau. Nous avons réalisé pour l’instant une douzaine de prestations auprès du Conseil Départemental de la Gironde, pour l’autonomie énergétique du futur tiers-lieux Naudris ; auprès de Médecins Sans Frontière ou auprès de Elise Atlantiques. » Si ces deux nouveaux segments d’activité représentent aujourd’hui 6% du chiffre d’affaires de la coopérative, qui s’élève à 350.000 euros en 2021, « nous avons pour ambition de faire progresser cette part à 20% en 2022 », souligne notre interlocutrice.

L'ambition d'être plus résilients

Mais depuis quelques mois, la crise du marché de l’énergie impacte la structure. Près de 90% des producteurs avec lesquels Enercoop travaille vendent leur électricité à des prix indexés au marché, ce qui oblige la coopérative à répercuter cette hausse sur les factures de ses clients. « La consommation de ces derniers a aussi largement augmenté, avec des températures hivernales en dessous des normales de saison », complète Mathilde Plaineau. Ces deux facteurs ont conduit la coopérative, en décembre dernier, à ne plus accepter de nouveaux clients particuliers. « Concrètement, accepter de nouveaux clients aurait une incidence importante sur notre situation financière et il est important que nous puissions préserver notre équilibre économique, justifie la jeune femme. Nous serions obligés de vendre notre offre soit à perte soit à un prix très élevé pour couvrir les consommations de nouveaux clients, ce qui est contraire aux pratiques de la coopérative. »

Ce contexte conforte aujourd’hui la structure dans sa volonté d’être moins dépendante du marché de l’énergie, et de gagner en résilience. Enercoop veut accélérer le développement de contrats d’achat à long terme, sur 30 ans, qui permettent de définir un prix d’achat en fonction des besoins, et de sécuriser le prix de vente aux clients. « Cela représente 10% de nos contrats actuellement, c’est le schéma idéal pour nous et c’est sur cela que nous nous focalisons désormais », conclut Mathilde Plaineau. 

Enercoop Nouvelle-Aquitaine
Basée à Bordeaux
10 salariés
CA 2021 : 350.000 euros

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