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Au départ, raconte Jacques Pedehontaa, vice-président de l’Agence départementale du Tourisme des Pyrénées-Atlantiques, il y a un constat : « L’AdT64 doit être encore plus tournée vers l’aide aux professionnels du tourisme ». Deux orientations fortes sont définies : « l’innovation : l’économie touristique est un environnement extrêmement concurrentiel dans lequel les modes sont très vite passées », et « la commercialisation : l’innovation est présente partout, il faut qu’elle trouve son public ». C’est sur cette base que naît le Bivouac 64, « premier dispositif lié à l’innovation touristique dans le 64 ». Pour le définir, Max Brisson, président de l’AdT64, commence par expliquer ce qu’il n'est pas : « Ce n’est pas le cluster tourisme de la CCI, ce n’est pas Hélioparc et ce n’est pas non plus le Tourisme Lab », détaille-il, ce lundi, lors de la présentation des cinq premiers lauréats du programme. Les cinq startups basco-béarnaises ne rejoignent donc pas un accélérateur ou un incubateur, mais un programme d’accompagnement de ces entreprises, pas forcément spécialisées dans le tourisme, dans un nouveau marché qu’elles connaissent encore peu.Des lauréats aux profils variésDe fait, le produit proposé par certains des lauréats n’a pas, au départ, de vocation particulièrement touristique. Ainsi de l’entreprise basque HUPI, spécialisée dans les systèmes vidéo de gestion et de prédiction d’affluence en temps réel. Avec ses treize salariés, HUPI se spécialisait jusqu’à présent dans les sites industriels, avec des clients comme Safran, Suez ou Keolis. « Depuis trois ans, nous menons une expérience avec l’AdT et le Tourisme Lab pour faire de la gestion de flux touristiques sur les sites les plus fréquentés », explique son fondateur Romain Roquefère. La startup paloise Ancodea, pensionnaire d’Hélioparc et qui commercialise un logiciel de gestion des démarches qualité, n’a pas non plus d'enjeu touristique particulier. Mais, considère Max Brisson, « la qualité de l’offre est au cœur de l’enjeu du tourisme. Aujourd’hui, nos territoires sont en concurrence avec d’autres destinations, qui ont d’autres arguments à faire valoir en matière de prix ou de climat, par exemple ». Pour Joëlle Burgau, fondatrice d’Ancodea, intégrer le Bivouac 64 « nous permettra de développer notre activité et conquérir de nouveaux marchés en nous appuyant sur une expérience à l’échelle d’un territoire ».À lire également - Startup Challenge d'Hélioparc : l'énergie verte à l'honneur D’autres projets ont un tropisme touristique ou écologique plus évident. C’est le cas de JuWIN, startup basco-béarnaise développant du « mobilier urbain intelligent d’accès à l’eau potable ». « Les pompes à eau classiques, explique son fondateur Hervé Larroquette, consomment deux litres d’eau de façon indifférenciée à chaque pression sur le bouton ». La solution de JuWIN permet, assure-t-il, d’économiser 80% d’eau. Un économie au cœur du modèle économique de l’entreprise, puisque ses appareils sont loués aux clients, et que « tout ou partie de la location est pris en charge par l’économie d’eau effectuée ». H64, basée à Pau, développe quant à elle la plateforme Zerofound, qui permet aux touristes de contribuer pendant leurs déplacements à compenser leur impact carbone. Cette plateforme est d’ailleurs bien connue de l’AdT, qui la déploie au cœur de son projet Le Geste 64. « Nous espérons accélérer le développement de projets pilotes avec de grands comptes afin de tester notre solution dans des conditions réelles », détaille son PDG Jamil Benabdallah. Le startup basque Kollect Tech, enfin, met au point des toilettes intelligentes, équipées d’un séparateur de matière. « Aller aux toilettes, ça coûte de l’argent, explique Patrick Astruc. L’objectif, c’est que ça en rapport en valorisant la ressource. L’urine, par exemple, se vend 400 euros la tonne. Et les matières fécales sont utilisables en méthanisation ».L'enjeu de l'acceptabilité Au programme pour ces cinq entreprises, « Douze mois d’accompagnement personnalisé et collectif », « une immersion dans la culture touristique et ses tendances actuelles », avec l’encadrement d’un parrain entrepreneur et d’un référent technique au sein de l’AdT64. « Notre plus-value, c’est que l’on connaît au quotidien des professionnels du tourisme, explique Max Brisson. Notre rôle est d’être une interface entre eux et les entreprises que nous accompagnons », par exemple en aidant à la mise en place d’expérimentations sur le terrain. Le Bivouac 64 met aussi l’accent sur l’acceptabilité des innovations. « Si l’on n’y prend pas garde, il peut y avoir un rejet frontal de la part des populations, prévient Max Brisson. Comme ça a été le cas en Pays basque pendant la pandémie. » Pourtant, considère le président de l’AdT64, les enjeux du tourisme et ceux de la vie locale sont souvent alignés. « Prenez la question de la mobilité, illustre-t-il. Régler les problèmes de gestion des flux pour les touristes, c’est aussi les régler pour la population ». « Ici, on montre que le tourisme, c’est aussi de la RSE et de l’innovation, à l’opposé de l’image du surtourisme. Les professionnels du tourisme vivent dans leur époque, conclut Max Brisson. Ils font évoluer leur activité pour qu’elle soit soutenable. Nous voulons montrer que le tourisme est inscrit dans la société. »

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