Semaine de l’industrie : « 3.600 offres d'emploi sur 12 mois, c'est considérable » selon le directeur de Pôle Emploi au Pays basque - Premium

La semaine de l’industrie revient dans le département. Du 9 novembre jusqu’au 9 décembre, ce sont finalement un mois d’événements qui vont se succéder dans les Pyrénées-Atlantiques. L’occasion pour la filière de raconter ses métiers et d’attirer de nouveaux talents. Car le secteur recrute. « Actuellement ce sont 500 postes ouverts en métallurgie sur tout le département » a souligné Evrard Willemaers, président de l’UIMM Adour Atlantique. Une situation à laquelle fait aussi face Pôle emploi qui est en première ligne. Cédric Gardette, directeur territorial de l’antenne Pays basque a répondu aux questions de Placéco. Quelle est la situation que vous constatez pour l’industrie côté Pôle emploi ? Cédric Gardette : On constate déjà une explosion du nombre de besoins en recrutement des entreprises du Pays basque dans le secteur industriel. C’est un secteur traditionnellement fort, mais en ce moment au niveau des équipes de Pôle emploi, on a plus 70% d'offres et près de 3.400 offres d'emploi sur douze mois glissants sur l'industrie, ce qui est considérable. Une augmentation des besoins en recrutement qui correspond à un carnet de commandes qui est plein, ou encore à des projets de développement qui sont très importants pour nos industriels ou bien qui correspond aussi à la dynamique puisque ce sont les emplois qui sont très majoritairement à près de 90% d'entre eux sur du CDI ou du CDD long. Et côté demande d'emploi, on a, malgré la tradition que je pointais, le nombre de demandeurs d'emploi qui ont une expérience, une compétence, une recherche dans le domaine industriel qui est le plus bas depuis dix ans. Selon les derniers chiffres, on était à 1.259 demandeurs d'emploi inscrits au niveau de Pôle emploi qui recherchent dans ces métiers, dans ce secteur. Donc ces deux chiffres illustrent bien les tensions très fortes qu'on peut rencontrer au niveau du Pays basque. Donc on est vraiment sur un territoire qui est extrêmement dynamique et qui reste attractif démographiquement. Mais pour autant, ça veut dire qu'il faut, face à ces tensions, face aux difficultés des chefs d'entreprises à recruter, trouver des solutions. Et on s'y emploie justement. Comment ? Quels leviers actionnez vous ? Je vois trois leviers majeurs. Le premier sur le recrutement, c'est qu'effectivement, compte tenu de la raréfaction des profils et des compétences, et le fait de pouvoir varier les modes de recrutement, aller sur des recrutements plus innovants, diversifier les modes de sourcing. Et donc, nous sommes aujourd'hui dans le cadre de la Semaine de l'industrie au Pays basque, dans l'entreprise Somocap pour illustration : pouvoir mobiliser la méthode de recrutement par simulation, pouvoir aller détecter les habiletés de candidats qui n'ont pas forcément une expérience initiale dans l'industrie, mais qui ont tous les prérequis et les aptitudes pour être recrutés. C'est réussir sur ces recrutements à aller effectivement pouvoir, dans le cadre d'immersion professionnelle, faire la rencontre, créer le cadre juridique pour que les personnes, les demandeurs, les candidats passent le seuil des portes des entreprises industrielles, cassent leurs anciennes représentations et voient la réalité des métiers de l'industrie et échangent avec les industriels. Et donc permettre effectivement, à travers ces immersions, d'être presque sur le prérecrutement. Donc, le recrutement est un levier majeur : l'attractivité. Je parlais des croyances limitantes ou du fait qu'on pense encore que les métiers industriels sont des métiers masculins, pénibles, dans des environnements sales ou bruyants. On est évidemment très loin de ces dimensions-là. Mais ces lieux communs ont un peu la vie dure. Donc, sur l'attractivité, il faut qu'on puisse effectivement communiquer tous ensemble tout au long de l'année, mais aussi dans le cadre de cette Semaine de l'industrie qui est au Pays basque de multiplier les événements et les immersions pour pouvoir donner une image réelle de l'industrie d’aujourd’hui. Et enfin le dernier levier, c’est la formation. Justement cette semaine / mois de l’industrie, ça a un vrai impact, les dernières années ça a permis de recruter du monde ? Ça n’amène pas un afflux de candidats non. Mais la Semaine de l’industrie existe depuis longtemps et a trouvé toute sa place. Donc ça ne peut pas être le seul moment où on parle des métiers industriels. Mais les équipes de Pôle emploi, les équipes de l'ensemble des partenaires au quotidien essaient de témoigner de la réalité des métiers, des compétences recherchées, des industries qui sont présentes sur le territoire. Mais cette semaine ou ce mois de l'industrie permet un miroir grossissant, une caisse de résonance pour que des personnes vraiment qui ne se sont pas intéressées à ces opportunités puissent le faire. Pour autant, est-ce que les aspirations des jeunes n’ont pas changé et les ont éloignées de l’industrie ? Tous les métiers sont en tension aujourd'hui au niveau du Pays basque et donc il y a une vraie interrogation et de vraies opportunités dans tous les secteurs. Mais ça renforce plutôt l'intérêt de pouvoir communiquer sur tel ou tel secteur pour donner la réalité des métiers et, en termes d'attractivité, voir comment séduire ces compétences et comment préparer les compétences de demain. Malgré le contexte que vous décrivez, si on regarde un peu dans les chiffres, rien que sur l'année dernière, 211 immersions professionnelles dans le secteur de l'industrie, 135 détections de potentiel, des personnes qui ne travaillaient pas non plus dans ces secteurs et pour lesquels on a recherché des potentiels. Et enfin, près de 460 candidats évalués dans le cadre de la méthode de recrutement par simulation et 100 embauches. Peu de personnes peuvent ignorer qu'on a un secteur industriel qui est très dynamique sur le Pays basque, pourtant il y a encore des candidats qui ont besoin de passer le seuil de la porte et d’autres qui ont besoin de mettre en évidence leurs aptitudes pour qu'on puisse les orienter vers ce secteur-là. Mais beaucoup d'autres secteurs sont évidemment attirants.Vous parliez aussi de formation, l’offre est suffisante ? Alors on fait feu de tout bois, on travaille avec les différents partenaires en amont. Par ailleurs, la réforme des lycées professionnels va accentuer le travail de partenariat entre l'Éducation nationale et Pôle emploi de ce point de vue là. Dès le collège, le lycée, comment déjà informer sur les métiers, sur les compétences, sur les carrières qu'on peut faire. Ça, c'est un premier élément sur la formation initiale et après sur la formation continue, évidemment, le travail avec le Conseil régional qui a la compétence au niveau de la formation, et les équipes de Pôle emploi. En tant que conseiller en évolution professionnelle, tout comme nos collègues des Missions locales de Cap emploi, on oriente vers ces modes de formation pour les demandeurs d'emploi au long cours pour vraiment pouvoir former aux compétences d'aujourd'hui et de demain. Mais c'est aussi sur les moyens propres de Pôle emploi, notamment sur des actions qu'on dit d'adaptation, sur des formations plus courtes où des candidats ont un certain nombre de prérequis qui intéressent les chefs d'entreprise dans l'industrie. Mais il peut manquer tel ou tel module et ils ont la capacité parfois même de former de tutorer en interne. Et on mobilise sur le Pays basque 170 actions d'adaptation, que ce soit de préparation opérationnelle à l'emploi, que ce soit des actions de formation préalables au recrutement dans le secteur industriel pour permettre de combler ces petits écarts de compétences et de pouvoir permettre le retour à l'emploi de ces candidats et évidemment, le fait de satisfaire les besoins en recrutement des entreprises du secteur.

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