Euralis dévoile des résultats financiers mitigés - Premium

Un chiffre d’affaires en retrait de 3%, à 1,57 milliard d’euros, mais une rentabilité en hausse avec un EBITDA progressant de six millions. La semaine dernière, Euralis dévoilait ses résultats financiers pour l’exercice comptable allant de septembre 2023 à septembre 2024. Des résultats contrastés, dessinant le portrait d’une coopérative en pleine période de transition. « Le renchérissement des frais financiers, en particulier du coût de l’argent, a dégradé notre performance économique, pose d’emblée Christophe Congues, président du groupe béarnais. Et l’augmentation de l’EBITDA n’est pas suffisante pour faire face à ce nouveau contexte. » Conséquence, un résultat net « fortement négatif », reconnaît le dirigeant, sans donner toutefois de chiffre précis. Euralis, reprend son président, a donc engagé des « réformes structurelles de réduction des coûts et d’augmentation de la performance », ainsi qu’un travail sur l’ajustement de ses stocks, actuellement trop importants. Début 2024, précise Philippe Saux, directeur général d’Euralis, le groupe coopératif a donc décidé un gel des embauches et supprimé une vingtaine de postes « au sein des fonctions support ». « Les plans les plus conséquents » concernent surtout la fermeture des sites de Caussade, Sarlat et Réclainville, « environ 80 postes à chaque fois ». D’autres fermetures de sites ne sont pas prévues « à ce stade », même si Euralis reste « toujours à la recherche d’améliorations de la performance, sous quelque forme que ce soit ».À lire également - Euralis : « Pouvoir continuer demain à produire sur nos territoires »Ainsi de Lidea, le pôle semences de la coopérative, dont le chiffre d’affaires est en hausse de 34 millions d’euros, et dont les ventes de maïs et de colza ont augmenté de 50% en France, mais qui voit ses plans de production ajustés à la baisse : « Des marchés export se sont fermés, en particulier en Russie et en Ukraine », précise Philippe Saux. Le groupe béarnais reste cependant bien présent en Russie, souligne-t-il, via son activité génétique. « Nous avons la volonté de continuer à y opérer, ajoute le directeur général, il faut trouver le bon partenariat dans ce qui reste un marché agricole énorme », et dans lequel Euralis possède 20% du marché de l’huile de tournesol. Les efforts R&D de Lidea seront également « recentrés sur les cultures stratégiques ». « Les signaux sont très positifs, mais il y a des nuages noirs à l’horizon », résume Philippe Saux. Le pôle traiteur a également « pris des mesures et des réformes », face à « un marché à la baisse, avec beaucoup d’inflation ». « Notre repositionnement tarifaire sur les gammes de produits essentiels nous a permis de reconquérir des parts de marché », rapporte Philippee Saux. Là aussi, « une gestion plus affinée des stocks et des BFR [ndlr, besoins en fonds de roulement] nous a permis d’être à flux plus tendu et d’améliorer notre performance ».Mutualiser plus pour optimiser plusLa réduction des coûts passera aussi, pour Euralis, par une politique de partenariats avec ses homologues sur le territoire. « Ce n’est pas seulement Lur Berri, souligne Christophe Congues. Nous avons aussi signé un contrat d’abattage avec Delpeyrat en Vendée, un accord de récolte croisée avec [la coopérative chaurienne] Arterris, et nous avons mutualisé un silo avec Vivadour pour optimiser la collecte. » « Tous les ans, on fait le constat qu’on perd de l’argent sur la collecte, explique le président d’Euralis. Il faut que les acteurs coopératifs se rapprochent, que l’on s’interroge sur ce que l’on peut faire ensemble pour optimiser ». C’est aussi une question d’émissions de carbone, ajoute Christophe Congues, « tous ces camions qui circulent, ça n’a aucun sens », déplore-t-il.C’est également dans cette logique de mutualisation que se situe le projet de rapprochement des filières foie gras d’Euralis et Maïsadour. « Ce projet a été stoppé [ndlr, fin 2023, après avoir été retoqué par l’Autorité de la concurrence], mais pas abandonné, affirme Philippe Saux. Nous cherchons une façon de le relancer, de façon identique ou sous une autre forme. Nous n’avons pas encore la solution, ce sont des travaux à mener en 2025. » « Le métier a besoin d’un leader, abonde Christophe Congues. Il faut en prendre acte, on ne produira jamais autant de canards qu’on en a produit par le passé. » D’un plus haut historique de 12 millions de canards abattus, la filière est en effet redescendue aujourd’hui à six millions, un plafond « durablement haut ».À lire également - Euralis : « De la pipette à la fourchette » La filière canard fait, d’ailleurs, partie des motifs de satisfaction soulevés par Euralis. « La vaccination, ça marche, et ça nous a permis de regagner des volumes et de repartir en conquête, se félicite Christophe Congues. Les Français sont revenus à la consommation de foie gras ». Les magasins Point Vert « résistent très bien », en particulier la Table des producteurs, ajoute le dirigeant. Le « virage des énergies renouvelables » pris par Euralis est également « une très grande satisfaction pour nous », se réjouit son président. En 2023, rapporte-t-il, sa filiale dédiée Eurasolis a branché 50 installations photovoltaïques. En 2024, ce nombre avait doublé, et il devrait le faire encore en 2025, pour s’établir à environ 200 installations. Continuer à décarboner« La décarbonation est la pierre angulaire de notre engagement RSE », appuie Philippe Saux. Euralis s’est lancée dans la démarche SBTi [Science-based target initiative, Objectifs fondés sur la science, ndlr], « pas facile à mettre en valeur, mais plus solide dans la durée », et travaille à la fois à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à l’amélioration de ses capacités de captation de CO2. L’entreprise devrait également bientôt annoncer l’installation de chaudières biomasse pour son site de Lescar, un projet déjà signalé en octobre dernier par Placéco Béarn.À lire également - Comment Euralis veut réduire son empreinte carbone de 30% en 2030Dans le cadre du projet Ceres, un « consortium public-institutionnel-privé » porté par Euralis pour développer des démonstrateurs agricoles, Euralis prévoit enfin, en 2025, le déploiement dans les Pyrénées-Atlantiques de six fermes expérimentales, auxquelles seront associées, à terme, 400 autres fermes. « Pour qu’un agriculteur modifie ses pratiques, constate Christophe Congues, il faut qu’un autre lui dise que ça marche. »Euralis5.000 employésChiffre d'affaires : 1,57 milliard d’eurosFondation : 1936Siège social : Lescar

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