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« Plutôt l’union que d’aller guerroyer les uns contre les autres » (François Perrin, président du Medef Nouvelle-Aquitaine)

Écosystème
mercredi 05 juillet 2023

François Perrin. Crédit : DR

François Perrin* vient d’être élu président du Medef Nouvelle-Aquitaine, pour une durée de trois ans. Siégeant au bureau du Medef Gironde, il l’emporte face à la candidature de Laurent Lopez, président du Medef Charente-Maritime. Pour Placéco, il évoque les enjeux d’un mandat qu’il aborde « avec humilité ».

Quelle feuille de route tracez-vous pour ce mandat ?
Plusieurs thèmes me paraissent importants. Tout d’abord celui du logement de nos salariés, c’est vraiment un point dur aujourd’hui. Il faut qu’ils puissent se loger vraiment et de façon abordable. Ça peut être très tendu sur Bordeaux Métropole et certaines villes de la Nouvelle-Aquitaine comme La Rochelle ou au Pays basque, où le problème prend des proportions très importantes. Les annonces récentes du gouvernement sur le sujet ne vont pas dans le sens d’une détente. Les prêts à taux zéro (PTZ) ont été supprimés des zones en tension, a priori il n’y aura plus de PTZ pour les pavillons individuels. Là-dessus il y a un vrai sujet, qui va de pair avec la réindustralisation. Quand le gouvernement dit qu’il veut réindustrialiser la France, il faut des gens qui travaillent dedans : il faut être capable de construire du logement abordable pour les salariés. Deuxième point : la mobilité des marchandises et des personnes. Aujourd’hui, on parle beaucoup des ZFE, il y a des petites voix qu’on entend sur de la « démobilité »… Loin de nous la volonté de remettre en cause l’objectif : il faut qu’on arrive à avoir des déplacements décarbonés. Mais il ne faut pas se mentir : il continuera à y avoir des camions sur les routes. Ils vont peut-être rouler à l’hydrogène, à l’électrique ou être moins polluants mais seront toujours là, pour livrer les matières premières, récupérer les marchandises… Les salariés continueront de prendre leur voiture ou les transports en commun pour aller travailler. On accompagnera les pouvoirs publics vers la décarbonation des transports, mais dans un calendrier qui est tenable, pas dans un contexte sans moyens de substitution, sans financements et investissements adaptés : un camion électrique coûte le double d’un diesel et les disponibilités sont inférieures aux besoins.
Plus globalement, nous voulons prendre notre place dans le débat économique, notamment sur le sujet emploi-formation qui est prioritaire. Nous avons ce paradoxe d’avoir encore trop de chômage et en face des chefs d’entreprise qui n’arrivent pas à recruter parce que les formations ne sont pas forcément adaptées à la demande.

Quelles sont les missions du Medef Nouvelle-Aquitaine, aux côtés du Medef national ?
Globalement un peu les mêmes mais à l’échelon régional… Le Medef n’est pas un tout uniforme mais un agrégat de fédérations, certaines très puissantes et argentées, d’autres qui le sont beaucoup moins. Au niveau départemental, il y a des modèles différents, avec des Medef très importants dans les métropoles. Certains ont la double casquette UIMM - Medef, qui sont des unions patronales. Chacun a sa personnalité, son organisation propre, parfois on est aligné mais chacun garde sa liberté d’action et de mouvement. Au Medef Nouvelle-Aquitaine, nous sommes la plus grande région de France, les territoires n’ont pas les mêmes activités, la même attractivité. Il faut rassembler, porter des sujets communs et aussi se saisir des sujets en lien avec ses propres problématiques qui peuvent être ici de logement et de mobilité ici, là d’attractivité…

Après plusieurs crises majeures qui ont secoué le tissu socio-économique - Gilets Jaunes, Covid-19, réforme des retraites - comment mène-t-on une action constructive à la tête du Medef Nouvelle-Aquitaine ?
On reste des entrepreneurs : il faut s’adapter contre vents et marées et tenir le cap. Avec les crises dont vous avez parlé, qui ont eu des effets très hétérogènes, les entreprises ont su faire preuve de résilience et en tirer des choses bénéfiques. Le Covid a ainsi permis d’accélérer de façon totalement inattendue la digitalisation, avec des organisations beaucoup plus agiles. Les magasins de centre-ville ont été beaucoup plus impactés par le mouvement des gilets jaunes qu’une société industrielle. Il faut mettre les gens autour de la table, discuter, trouver des plans d’action en commun et jouer collectif.

Est-ce que le siège du Medef régional a vocation à rester à Mérignac ou à se rapprocher de celui du Medef Gironde ?
Je n’ai qu’un avis : il ne retournera pas au Medef Gironde. Les attentes des entreprises néo-aquitaines sont d’une autre nature que ce genre de détail administratif. Les causes à défendre sont nombreuses, mettons notre énergie au bon endroit.

Par un hasard de calendrier, la CPME Nouvelle-Aquitaine s’est elle aussi dotée il y a peu d’un nouveau président, Didier Massy… Quelles opportunités y voyez-vous ?
J’ai eu l’occasion de faire sa connaissance à la soirée de la FFB Gironde, il n’était pas encore élu, moi non plus. J’espère qu’on aura l’occasion de travailler en bons termes au niveau régional comme au niveau départemental, nos organisations sont capables de travailler, de porter des sujets comme la ZFE ou le contournement, que vous soyez une grande ou une petite entreprise ou bien un artisan, vous êtes impacté. Il y a des sujets sur lesquels on sera alignés et où on doit être alignés, où le monde patronal doit porter notre avis d’une voix unique. Sur la zéro artificialisation nette, on est tous concernés, quelles que soient l’activité et la taille de l’entreprise. Après, parfois, on sera en compétition sur des élections, c’est le jeu de la représentativité. Même si c’est plus malin de faire des listes d’union que d’aller guerroyer les uns contre les autres.

* Cofondateur et associé d’Euklead, pour lequel il est en charge du business development et du management de projets, François Perrin siège également à la CCI Bordeaux Gironde, à la CCI Nouvelle-Aquitaine et au comité d’audit de Kedge Business School. A signaler qu’il a été l’un des actionnaires lors de la création du média Placéco, jusqu’à la prise de contrôle par le Groupe Sud Ouest pendant l’été 2022. Il reste l’un de nos sept ambassadeurs en Gironde.