Estia Entreprendre à la recherche de startups pour le projet du CNES « Tech the moon » - Premium

« Votre projet de startup a besoin d’espace ? ». C’est par cette accroche que le CNES a annoncé le développement de son incubateur « Tech the moon » dédié aux futures entreprises de l’économie lunaire. Ainsi, désormais, ce sont neuf incubateurs partenaires de toute la France qui vont accompagner le dispositif. Parmi eux, ESTIA Entreprendre a été retenu pour faire partie du programme, et part donc à la recherche de porteurs de projets lunaires autour de grandes thématiques sur ce que sont les infrastructures, les ressources et les supports de vie. Arnaud Catinot, startup manager à Estia Entreprendre, a accepté de répondre à Placéco Pays basque. En quoi consiste le programme Tech the Moon du CNES ?Arnaud Catinot : C'est un programme d'accélération qui est porté par le CNES et des incubateurs locaux sur tout le territoire français. Il y a déjà eu un premier jet d'entreprises. Il y a eu un peu moins d'une dizaine d’entreprises qui sont entrées dans ce programme. Pour les entreprises qui intègrent le dispositif, cela représente une subvention de 50.000 euros. Mais il peut y avoir des commandes directement du CNES pour réaliser des prototypes. Et puis il y a un réseau d'accompagnement de mentors. La partie locale assure l’accompagnement classique de startup et on peut s'appuyer sur un réseau d'experts du business qui sont eux, beaucoup plus spécialisés sur la thématique. Quelle est l’ambition ? L'ambition, c'est de créer les technologies qui seront utiles à la vie sur la Lune, particulièrement complexe. Les personnes qui vont y aller doivent être autonomes, en autarcie totale, pouvoir se nourrir, se soigner et se protéger des éléments. Donc ça veut dire être autonomes, en construction, en culture, et en communication. Si le CNES fait ça, c'est un peu avec en ligne de mire la cascade technologique qu'on a connue dans le passé. Plus on se fixe des objectifs élevés et complexes, plus il y a de chance qu'elle soit aussi utile pour la Terre en dégradant la technologie. Sur la Lune, il y a très peu de pesanteur, il y a beaucoup de radiations, des écarts de température beaucoup plus forts que sur la Terre. Donc ça veut dire pour les matériaux et pour les matériels, des choses qui doivent être très robustes. Et donc tout ça permet de pousser les curseurs loin. Parfois, on est obligé de changer de principe de conception, et ces principes, quand on les remet dans un contexte terrestre, peuvent permettre de débloquer des tas de problématiques. Mais l’ambition, c’est de se projeter dans un avenir proche où il sera possible de vivre sur la Lune. Tout n’existe pas. Le CNES a comme nouvelle mission de s’intéresser aussi aux innovations qui sont portées par les entreprises privées, ce qui n'était pas le cas avant. C’est un grand changement de culture pour eux. Concrètement, vous cherchez quelle typologie de porteur de projet ?Tous les incubateurs peuvent répondre à tous les sujets. Après, nous, on connaît un peu plus notre écosystème. On va peut-être solliciter certains spécialistes sur certains sujets, mais bon, pour l'instant, on ouvre la discussion. Dans un second temps, si on manque de demandes, on ira plus chasser. En ce qui concerne les projets, on n'est pas en train de parler de construire la prochaine fusée pour aller sur la Lune. Nous, on se situe plutôt dans toutes les petites technologies du quotidien qu'il va falloir utiliser dans ces contextes-là. Ça peut être comment on va monitorer en temps réel tous les paramètres de santé des personnes, comment on peut faire grandir une salade dans un environnement complètement fermé, comment on peut collecter de la poussière en apesanteur, comment manipuler de l'eau sans qu'elle gèle dans les tuyaux. Ce genre de choses. Quels profils d’entreprises, d’entrepreneurs exactement ? C'est plus les personnes qu'on va chercher que des entreprises existantes. Sauf si elles ont dans leur staff des gens qui ont une capacité de créer des filiales ou un spin-off. On a plein d’entreprises, de sous-traitants aéronautiques, des gens qui font des logiciels, qui traitent des données, même par exemple dans le domaine du sport, l'analyse d'images par exemple, il y a plein de choses qui pourraient être intéressantes à réutiliser. Sinon l'idéal, c'est plutôt des équipes avec des gens qui se connaissent, qui savent travailler ensemble et qui décident de relever un défi avec une répartition de compétences déjà maîtrisées. Donc on aura par exemple un business dev avec quelqu'un qui fait de la technique. Mais ce sont des projets qui ne seront peut-être pas commercialisables avant des années, comment attirer des chefs d’entreprise avec un modèle économique aussi incertain ? Il faudra réfléchir avec le porteur de projet et se demander ce qu’on peut faire de son sujet avant d’aller sur la Lune, sur quel marché, dans quel contexte, et quel type de besoin. On connaît déjà ce genre de problématiques par exemple pour les plateformes. Pour qu'elles fonctionnent, il faut qu'il y ait un certain nombre d'utilisateurs en place et c'est là où le modèle économique peut commencer à rémunérer l'entreprise. Mais souvent, ce n’est pas le cas et il faut du temps avant que les systèmes atteignent une taille critique d'utilisateurs. Alors on est poussé à identifier d’autres sources de chiffre d'affaires qui sont plus basées sur la capacité des porteurs de projet à utiliser les connaissances créées pour cette plateforme, que la plateforme en elle-même. Ça s'appelle l’hybridation. En fait, ça va de se demander ce qu’on peut vendre sans attendre : du conseil, de la formation, la réponse à des besoins ponctuels, etc. De quel ordre est l’accompagnement du CNES et d’ESTIA Entreprendre ?Le CNES va financer à hauteur de 50.000 euros la réalisation d'un prototype dans les douze mois. Ensuite, il y a aussi un accès aux experts du business. Eux ont identifié chez eux la personne la mieux placée pour essayer de répondre et de faire avancer le projet. Il y a aussi un réseau de mentors, des gens externes au CNES, mais qui sont très capés sur toutes les problématiques lunaires. Et nous de notre côté, nous assurons toute la partie accompagnement : l'hébergement, un startup manager comme moi qui est dédié, des formations et puis après la recherche de financement. Comme pour toute entreprise qu'on accompagne.

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