SEPP Jeux, une histoire de famille et de diversification - Premium

Au cœur des Landes, à Seignosse, une vingtaine de petites mains s’activent en prévision de Noël. Celles de SEPP Jeux, entreprise familiale qui a vu le jour en 1979. « C’est mon grand-oncle qui a fondé la SEPP, Société d’étude et de production de panneaux, rembobine Xavier Sinan, actuel dirigeant de l’entreprise. Il fabriquait des supports photographiques et travaillait notamment avec Kodak, et d’autres laboratoires photographiques. » Une activité qui durera jusque dans les années 2000, et l’arrivée du numérique. À ce moment-là, SEPP bascule vers la fabrication d’éléments magnétiques pour des éditeurs de jeux, ou pour des sociétés qui souhaitent communiquer au travers de magnets. « Sauf qu’en parallèle, dès le début des années 1980, mon grand-oncle a travaillé avec la société Conté sur des tableaux effaçables. Ça n’existait pas à l’époque, et grâce au service R&D de Conté, ils ont codéveloppé les premiers exemplaires. » Xavier Sinan est arrivé à la tête de l’entreprise en 2014, et est donc la troisième génération à diriger l’entreprise. Qui continue de mener une activité divisée en deux grands segments : les tableaux effaçables et les jeux, pour un chiffre d’affaires d'1,2 million d’euros. « Dans les années 1990, Bic a racheté Conté, reprend notre interlocuteur. Aujourd’hui, 45% de notre chiffre d’affaires se fait avec Bic, car nous sommes devenus leur fournisseur de tableaux Velleda. »Une fabrication presque entièrement landaise Loin de se cantonner à cette verticale, SEPP Jeux réalise 15% de son activité via de la sous-traitance pour des sociétés éditrices de jeux. Des petites structures, car l’entreprise landaise ne compte que dix salariés. « On a du mal à se placer auprès de gros éditeurs comme Oxybul ou d'autres, car nous sommes positionnés sur de la petite série, entre 200 et 10.000 exemplaires, précise Xavier Sinan. Nous avons huit personnes en production, qui contre-collent différents matériaux, qui les découpent, les assemblent… Tout est fait en interne sauf l’impression. » Hors sous-traitance, SEPP Jeux produit chaque année 50.000 jeux, qu’elle commercialise en propre pour le grand public, via différentes marques. Un pan qui représente 20% de son activité. « iOTOBO est notre marque phare, on la développe depuis une vingtaine d’années. Le concept est assez simple, ce sont des magnets répartis en trois formes issues de la rosace. Les enfants peuvent les assembler sur des supports magnétiques. Nous avons l’exclusivité sur la fabrication de ce jeu depuis quasiment 25 ans », déroule le dirigeant. Et après tant d’années, SEPP Jeux vient de commercialiser une nouvelle gamme, qui se veut plus qualitative et moderne.Les équipes réalisent toutes les étapes de fabrication en interne, sauf l'impression. Crédits : SEPP JeuxPour distribuer ses boîtes, la société landaise travaille avec un réseau d’agents commerciaux multicartes. Magasins indépendants, réseau JouéClub, libraires ou espaces culturels : ce sont 200 points de vente qui proposent, en France, les produits de SEPP Jeux. Quant au web, si l’entreprise ne possède pas de boutique en ligne, elle travaille avec JeuJouethique, basée à Quimper. « Nous sommes très peu présents à l’export, cela représente environ 5% de notre activité. Nous travaillons avec un réseau de distribution exclusivement en Europe, et nous sommes tous les ans présents au salon mondial du jouet à Nuremberg, détaille Xavier Sinan. On aimerait pouvoir trouver un distributeur solide en Allemagne, c’est notre objectif n°1 à l’export. Mais c’est un peu compliqué, car les entreprises allemandes aiment travailler avec des produits allemands. »Des classes d'écoles aux rayons des magasins Les 20% restants de l’activité de SEPP Jeux émanent de clients scolaires. La société fournit des éléments magnétiques qui entrent dans la composition de jeux pour les élèves, et a longtemps travaillé avec une filiale du groupe Hachette, notamment. Parfois, ces jeux destinés aux écoles terminent dans les rayons des magasins grand public, s’ils sont éprouvés. « Souvent ce sont des auteurs de jeux qui viennent nous voir avec un projet. La plupart sont d'anciens enseignants. On voit si on est capable de mettre le jeu en production, on peut préparer un prototype aussi, qui est envoyé dans différentes écoles pour le tester et l’améliorer si besoin », explique notre interlocuteur. Qui précise qu’une fois cette étape franchie, SEPP Jeux propose le produit à des distributeurs scolaires lors du salon de Nuremberg, avant de lancer, ou non, sa production. « S’il est apprécié, on l’adapte au grand public. Mais c’est un processus assez long. » L’activité de l’entreprise a beau être diversifiée, cette dernière n’en ressent pas moins les effets de l’inflation, et de la baisse du pouvoir d’achat. Les magasins enregistrent une baisse de la fréquentation depuis plusieurs mois, et les écoles, avec la hausse de prix de certaines fournitures essentielles, voient leur budget réduit pour les jeux éducatifs. Alors, dans ce contexte, la période de Noël sera d’autant plus importante cette année. « On va voir comment vont se débrouiller les magasins, mais les jeux restent un achat plaisir », résume Xavier Sinan, qui précise que les fêtes de fin d'année représentent en moyenne 60% du chiffre d’affaires des magasins.Une croissance organique maîtrisée « On attend 2024 avec impatience, car on voit déjà des baisses de prix sur certains composants comme le papier ou le carton, reprend le dirigeant. On espère que cela influera d’abord sur le pouvoir d’achat des écoles, et que tout le monde jouera le jeu en diminuant un peu les prix de vente, pour que la consommation reparte. Mais dans un premier temps, il faut que les industriels reconstruisent leur marge, qui a été fortement dégradée ces deux dernières années. » Le dirigeant entend faire grandir sa société pas à pas, en s’appuyant sur ses clients actuels. Et pourquoi pas augmenter l’export, tout en renforçant le scolaire, et en décrochant de nouveaux points de vente. Pour cela, SEPP Jeux compte s’appuyer sur l’ACFJF, l’association des créateurs-fabricants de jouets français, dont elle est membre. « Cela nous permet de communiquer avec de grands noms du secteur. De se fédérer, pour augmenter la part de marché du jouet français, qui est déjà passé de 6 ou 7% en 2016, à 15% aujourd’hui », conclut Xavier Sinan.SEPP JeuxFondée en 1979Basée à Seignosse10 salariésCA 2022 : 1,2 M€

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